Accueil > Ouvrons la fenêtre, camarades !

Ouvrons la fenêtre, camarades !

Publie le jeudi 12 mars 2009 par Open-Publishing
1 commentaire

Editorial du Sarkophage en kiosque depuis le 14 mars 2009

 Le Non majoritaire lors du référendum sur le Traité Constitutionnel Européen en 2005 risque d’être pas ou peu représenté au Parlement européen au lendemain des élections de juin 2009. Serait-ce que le peuple français aurait brutalement succombé aux délices de l’Europe capitaliste, productiviste et transnationale ? Allons Donc. Cette victoire programmée de la droite et de la « fausse gauche » est en fait une domination sans hégémonie. Elle est fondée non pas tant sur la puissance de leurs appareils idéologiques que sur le choix délibéré des appareils partisans des gauches radicales de refuser toute convergence tout en mimant des gestes unitaires.

Cette gauche ne serait-elle capable de gagner que lorsqu’elle n’a pas le choix, que lorsqu’il lui faut répondre simplement par oui ou par non comme lors d’un référendum ?

Cette gauche du Non est partagée entre une gauche qui entend faire pression sur le parti socialiste pour le rappeler à son rôle de gérant loyal de l’Etat social et une gauche qui se refuse désormais à voter « utile » pour ne pas sombrer dans le piège infernal du « moindre mal ».

Aux premiers, nous rétorquerons que cette stratégie fait peu de cas de ce qu’est la « fausse gauche », c’est elle qui a conçu en 1985 la grande dérégulation des marchés financiers et bancaire, c’est elle qui a privatisé beaucoup plus que les gouvernements Balladur et Juppé réunis, c’est elle qui a banalisé l’introduction de la publicité dans les écoles, c’est elle qui a bradé le pouvoir d’émettre et de contrôler la monnaie et soutenu le TCE, c’est elle qui a été incapable de proposer son propre mariage de la justice sociale et de l’écologie et qui s’est ralliée au « capitalisme vert » propulsé par le sarkozyste Grenelle de l’environnement. Faut-il que l’espérance née des succès de cette gauche sociale et écologiste meurt pour s’allier et soutenir la « fausse gauche » sous prétexte de sauver quelques Bastilles municipales ? Faut-il s’allier avec la fausse gauche sitôt en être parti sous prétexte que nous n’aurions pas d’adversaire à gauche ?

Aux seconds, nous répliquerons qu’il ne suffit pas d’avoir raison, seuls contre tous ; que la conquête du pouvoir suppose de proposer des alternatives concrètes et immédiates, que la gauche n’a pas pour fonction de camper dans cette seule fonction tribunicienne, que personne ne peut prétendre prendre sa revanche et remplacer feu le parti communiste d’antan.

Le succès est encore possible mais il faut y mettre le prix.
En dissociant tout d’abord les élections nationales des autres : refusons donc de voter pour les candidats socialistes lors des élections nationales afin d’acculer le PS à choisir entre le retour à gauche et sa mutation complète en nouveaux démocrates tout en acceptant de gagner, à notre combat, des élus locaux, car on ne pourra faire vraiment du « neuf qu’avec du vieux ». En faisant que cette nouvelle gauche antiproductiviste en gestation assume pleinement son caractère de gauche – l’accord est plus facile sur ce point – mais aussi son caractère anti-productiviste. Les élections européennes peuvent être l’occasion d’expérimenter un nouveau langage politique, celui du ralentissement généralisé, celui de la gratuité, celui de la relocalisation, celui du revenu minimum inconditionnel couplé à un revenu maximal autorisé, etc.

Le choix contraire ne peut être que celui de la défaite.
Celui du renoncement social, national et écologiste.

Le sarkozysme risque fort alors d’être le grand vainqueur de cette crise du capitalisme en imposant toujours plus une société inégalitaire, en organisant toujours plus une société policière, en légitimant toujours plus une société du mépris, en avançant à marche forcée vers le « capitalisme vert » au prix d’une adaptation de la planète aux besoins du productivisme. Le peuple de gauche n’en peut plus de se faire voler ses victoires par ceux qui le représentent, par des partis qui refusent de s’entendre lorsque l’élection ne leur impose pas ce choix. Il reste à chacun de nous à prendre parti, à bousculer nos appareils, à en finir avec le narcissisme des petites différences. Jusqu’à quand devrons-nous accepter ce hiatus entre le succès des Appels unitaires et le refus délibéré des appareils de prendre au sérieux cette exigence populaire ? Cette division prive le peuple souverain de la possibilité même de s’exprimer.

Faudra-t-il donc en juin refuser de voter face à la construction d’une Europe au mépris des peuples et face aux choix délibéré des appareils de gauche de travailler à une convergence ?

Oui ou non, y a-t-il urgence sociale ? Oui ou non, y a-t-il urgence politique ? Oui ou non, reste-t-il au maximum quelques décennies pour sauver la planète et l’humanité ?

Messages

  • C’est bien gentil, mais cela ne défini pas exactement la position de Paul Ariés. S’il semble favorable à un rassemblement son analyse sur les raisons qui s’opposeraient à celui-ci sont très bien définies et engageraient à ce qu’il ne se fasse pas. Dautre part, sur un revirement total de socialistes ayant gouté à la social démocratie me parait prématuré, même avec le temps d’ailleurs il ne m’apparit pas évident que beaucoup fassent le grand saut dans une révolution véritablement anti-capitaliste.

    Pour le reste je reste un ardent défenseur de la décroissance qui est une des conditions avec la disparition du capitalisme au bien être des peuples.

    Aussi des actions peuvent être menées au jour le jour sur le terrain, je pense à la relocalisation à laquel il est facile d’en expliquer les tenants et aboutissants au quotidien par un dialogue dans son entourage, au niveau de sa commune, de son quartier, ce qui est d’ailleurs l’un des buts de ce principe.