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Front de Gauche : une invitation qui pose problème

Publie le lundi 30 mars 2009 par Open-Publishing

Front de Gauche : une invitation qui pose problème

Lors de la réunion publique du 1er avril, le Front de Gauche, composé du Parti de Gauche, de la Gauche Unitaire et du PCF, ont invité à une table ronde Martin Ziguélé ancien premier ministre de la République de Centrafrique (RCA) et président du Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain pour discuter sur le thème « Face à la crise du capitalisme quelle Europe pour quel monde ? ».

Il est nécessaire de rappeler que Martin Ziguélé était premier ministre d’avril 2001 à mars 2003 période où Ange Félix Patassé était président de la République. Pour lutter contre une tentative de coup d’Etat, celui-ci fit appel notamment aux milices de Jean-Pierre Bemba dont les atrocités sont telles, que la Cour Pénale Internationale (CPI) a été amené à délivrer un mandat d’arrêt à l’encontre de Bemba pour cinq chefs d’accusations de crimes de guerre, et trois chefs d’accusation de crimes contre l’humanité.

Plusieurs organisations de défense des droits de l’homme comme Amnesty International et la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH) ont souligné les massacres, les exécutions extra judicaires, dont la plupart se sont faites sur des bases ethniques lorsque Marin Ziguélé était au pouvoir, comme l’indique le rapport d’Amnesty International :

« Le présent rapport traite de la situation des droits humains en République Centrafricaine depuis la tentative de coup d’État du 28 mai 2001. Au cours de cette période, une centaine de civils non armés ont été victimes d’exécutions extrajudiciaires imputables aux forces de sécurité centrafricaines. »

« Tout au long de l’année, une succession d’arrestations arbitraires et de détentions illégales ont eu lieu, la plupart des détenus étant accusés sur la base de leurs origines ethniques de participation au coup d’État. »

Dans ses recommandations, la FIDH estime qu’il existe suffisamment de preuves pour attester des crimes de guerre et que : « La responsabilité pénale internationale individuelle d’Ange-Félix Patassé, Président de la République Centrafricaine, est établie, conformément à la définition de l’article 8 et en application des articles 25, 27 et 28 du Statut de la CPI, du fait de sa position de supérieur hiérarchique pour les crimes de guerre commis par les banyamulengues de Jean-Pierre Bemba ainsi que par Abdoulaye Miskine et ses hommes ».

A cela, il est important de souligner que le régime de Patassé fut un exemple de corruption puisque la plupart des richesses naturelles que compte le pays, la forêt et le diamant, sont exploités en partie par des sociétés appartenant à Ange Félix Patassé. C’est le cas des sociétés La Colombe Forêts où Patassé s’est octroyé 400 000 hectares et La Colombe Mine qui exploite le diamant.

Dans le même temps il se fait l’éloge des privatisations en RCA : « Selon M. Ziguélé, les espoirs ne manquent pourtant pas. Le programme de privatisations des dix principales sociétés publiques de RCA, notamment pétrolière et de télécommunication, "avance très bien" et devrait être bouclé "d’ici décembre 2002", a-t-il assuré. »

Nous pensons que les animateurs des luttes africaines contre les effets dévastateurs de l’impérialisme, relayés par les gouvernements locaux, auraient plus leur place que Martin Ziguélé dans un meeting dont le tract d’invitation du Front de Gauche estime : « Plus que jamais, les peuples, des pays du Sud et du Nord, ont besoin d’une autre Europe agissant en faveur d’un autre monde. »

Paul Martial

29/03/2009