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Le fameux "débat" entre Barnier et le Hyaric effectivement dans l’Humanité de Samedi....

Publie le lundi 11 mai 2009 par Open-Publishing
2 commentaires

LE DEBAT REPRODUIT DANS L’HUMA - DOUBLEMENT LA HONTE.

(Ils ont enlevé le petit "chapeau" laudateur sur Barnier dans la version web mais pas grave, je l’ai en version papier donc je la publierai en temps utile...) - je souligné ce qui me laissait ahuri.

L’Humanité ouvres ses colonnes sous prétext de "face à face" à l’UMP de Barnier ET RAOULT et salit doublement jaurès et l’humanité et tous les communistes morts dans le monde en luttant contre les ancêtres de BArnier et raoult.

Le tout pour y rapporter des cochonneries (comme la "participante" qui impute les 60 euros/ mois des arméniens au soviétique...)


La honte et la réprobation soit sur le Hyaric et Bufet et mélanchon et toute leur bande qui vend et tue le PCF.


L’Humanité des débats.

Europe

Quels choix politiques pour l’Europe ?

Face-à-face Patrick Le Hyaric - Michel Barnier

Patrick Le Hyaric, directeur de l’Humanité, tête de liste du Front de gauche en Île-de-France aux élections européennes, et Michel Barnier, ministre de l’agriculture, tête de liste UMP en Île-de-France aux élections européennes.

Michel Barnier et Patrick Le Hyaric débattent, interrogés par Philippe Martinat, du Parisien, et Patrick Apel-Muller, de l’Humanité.

Patrick Le Hyaric.

Les déclarations et les discours (de Nicolas Sarkozy, sur la régulation et le rôle des pouvoirs publics, sur les changements en Europe - NDLR) sont une chose, les actes sont souvent autre chose. Les bonnes intentions décrites là se heurtent en permanence aux décisions que prennent les institutions européennes, la Commission comme le Conseil. Elles se heurtent et se heurteront à une autre phrase de son discours selon laquelle il fallait adopter très rapidement le traité de Lisbonne. Or, il y a une antinomie entre le retour des États nationaux et ce fameux traité de Lisbonne, que M. Barnier connaît très bien puisqu’il était à la fois le représentant de la Commission européenne pour construire le projet de traité constitutionnel, qu’il fut ensuite, après le « non » au référendum, dans la commission chargée de refaire le projet, qui est devenu le traité de Lisbonne. Il a les mêmes ingrédients, les mêmes phrases que le traité constitutionnel et il s’oppose fondamentalement, frontalement, à ce que dit le président.

Michel Barnier.

Je n’arrive pas à comprendre pourquoi on fait une telle montagne du traité de Lisbonne. Contrairement à ce qui a été dit, on n’est pas revenus dessus, on a fait autre chose que le traité constitutionnel, qui a été rejeté par le peuple français. Avant l’élection présidentielle, le président de la République a dit qu’il n’organiserait pas de référendum, qu’il proposerait une partie du texte, la moins controversée, la moins idéologique, c’est-à-dire le moteur du fonctionnement de l’institution, comment lpourrait mieux fonctionner démocratiquement avec plus de contacts entre l’échelon européen et l’échelon national, comment on peut décider de travailler à 27. Ce n’est que ça, le traité de Lisbonne. Le traité de Lisbonne, c’est de la mécanique, ce n’est pas un projet, c’est un outil au service du projet. Je ne suis pas d’accord avec ce que vous avez dit sur le retour des États nationaux. Ils ne sont pas partis. On n’est pas en train de faire un super-État fédéral, mais depuis cinquante ans, bien ou mal, quelque chose qui n’a jamais été fait dans le monde, une communauté-mutualisation d’États nations.

Patrick Le Hyaric.

Je crois qu’il faudrait un autre traité. La version que vous présentez, c’est la belle version, la version soft. Les fondamentaux du traité de Lisbonne, c’est la concurrence libre et prétendument non faussée. Vous dites « il faut une Europe qui protège, une Europe rempart », d’accord. Mais vous ne pouvez pas le faire tant qu’on codifiera le principe de marché ouvert où la concurrence est libre. Même du point de vue du pouvoir politique, tant que la Banque centrale européenne aura les pouvoirs dont elle dispose, vous ne pourrez pas faire l’Europe dont vous parlez. Elle ne reçoit d’ordre de personne, fait la politique monétaire comme elle le veut et elle le fait essentiellement non pas pour l’emploi et les salaires, mais pour attirer les capitaux vers elle dans la compétition mondiale sur les marchés financiers. Le hiatus est là. Et la question des services reste floue. Dans la directive Bolkestein, elle est revenue. On y a enlevé une partie, c’est-à-dire les services sociaux d’intérêt généraux, mais on nous dit désormais qu’ils tombent sous le coup du droit communautaire. Sinon, la directive existe, et elle est quasiment intégralement dans les articles 56, 60 et 61 du traité.

Michel Barnier.

Dès l’instant où le peuple français a rejeté le traité constitutionnel, on a gardé tout ce qui existait, grâce à vous ou à cause de vous. On est revenus en arrière. On a gardé tous les traités depuis 1957, avec les insuffisances, les déséquilibres. Les avancées qui étaient dans la constitution sur le plan social ont été annulées.

Patrick Le Hyaric.

L’un des problèmes essentiels de la crise mondiale réside dans le développement de la spéculation financière et boursière à tout-va. Codifier dans le traité de Lisbonne la liberté totale de circulation des capitaux ne peut qu’empirer la crise. Dans un document du 28 avril, une recommandation du conseil de l’UE au gouvernement français demande des efforts supplémentaires nécessaires pour améliorer l’assainissement budgétaire à moyen terme, de renforcer la concurrence dans les secteurs de l’énergie et du fret ferroviaire, ainsi que dans les professions réglementées pour moderniser encore le marché du travail. Dans un autre alinéa, il revient sur la modernisation du marché du travail et dit qu’il faut poursuivre l’amélioration du cadre général de la concurrence dans le secteur des services et le contrôle des progrès réalisés dans le celui du commerce de détail. Ces problèmes doivent être réglés, tout en respectant scrupuleusement l’objectif d’encadrement des coûts annoncés par le gouvernement, à savoir une croissance zéro en volume des dépenses publiques. Ça ne prépare pas l’après-crise. Plus vous continuez à réduire les dépenses sociales et publiques, plus vous mettez les gens en difficulté et, au total, c’est de l’inefficacité économique. Cette recommandation, vous êtes en train de l’appliquer à la lettre avec les conséquences que nous connaissons aujourd’hui et qui ne nous permettront pas de sortir des difficultés.

Michel Barnier.

Nous avons pris la décision en conscience et en toute responsabilité d’augmenter temporairement de manière assez forte les déficits publics pour faire face à la crise…

Patrick Le Hyaric.

Vous avez augmenté le déficit public, mais pour donner de l’argent aux banquiers, ça ne sert pas à octroyer un crédit à bas taux d’intérêt aux particuliers et aux entreprises…

Michel Barnier.

Si le système bancaire explose, les premières victimes, ce sont les épargnants. Et on fait payer aux banques ce qu’on leur donne, ce qui va rapporter 1 milliard et demi d’euros. Nous augmentons temporairement les déficits, malgré les recommandations, ce qui prouve qu’on est assez libres. Mais ce n’est pas une bonne chose d’augmenter durablement les déficits, comme vous semblez le recommander.

Patrick Le Hyaric.

Vous augmentez les déficits, certes, mais vous diminuez les dépenses sociales.

Michel Barnier.

Nous avons un désaccord de fond. La France est le pays qui dépense le plus pour son État en Europe, où il y a le plus de prélèvements. Nous voulons que l’État fasse moins de choses, mais qu’il les fasse mieux. Tous nos voisins ont fait la même chose, dirigés souvent par des gouvernements de gauche. La crise ne vient pas de Bruxelles, ni de Paris. Elle est née du désordre total de la finance internationale, de cette loi du profit maximal qu’on a encouragé dans le monde entier, notamment aux États-Unis mais pas seulement, le profit contre le travail. Il n’est pas vrai que le traité nous empêche d’agir. Le président de la République a fait bouger les lignes au G20.

Patrick Le Hyaric.

Mais expliquez-moi comment un commissaire européen a proposé aujourd’hui même de réactiver les hedge funds sur le territoire européen à partir des paradis fiscaux…

Michel Barnier.

Il n’y a qu’un seul domaine où la Commission décide, c’est la régulation de la concurrence. Le commissaire ne fait que proposer et il est revenu en arrière.

Patrick Le Hyaric.

Vous êtes d’accord avec moi pour enlever l’article 63 du traité de Lisbonne qui prévoit la liberté totale des mouvements de capitaux…

Michel Barnier.

Je suis d’accord pour qu’on contrôle les mouvements de capitaux, pour qu’on remette de la règle, de la morale, de l’éthique dans le capitalisme mondial, qui a été dévoyé. Je suis plutôt favorable à un capitalisme d’épargnants et d’industriels. Nous avons un point de désaccord, vous prononcez le mot de « concurrence » comme si c’était un gros mot. Vous êtes contre la concurrence ?

Patrick Le Hyaric.

Je suis pour une concurrence dans un cadre équilibré. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas, dans le monde et en Europe même, les niveaux sociaux, de rémunération, sont déséquilibrés.

Michel Barnier.

L’Union européenne n’est pas parfaite, c’est quand même le meilleur outil qu’on ait trouvé pour maîtriser la mondialisation. Je suis pour une concurrence loyale, elle ne l’est pas aujourd’hui.

Quatre « témoins » interpellent les deux candidats. D’abord deux jeunes militants, l’un de l’UMP, Vincent Mugerin, l’autre, Vincent Vadillo, communiste. Puis ce sera le tour de deux élus du département, Eric Raoult (député UMP), puis de Sabrina Bousekkine (adjointe PCF au maire du Blanc-Mesnil).

Vincent Mugerin.

Vous appelez à un vote sanction contre Nicolas Sarkozy, mais avez-vous des propositions ? Vous avancez l’idée d’une monnaie mondiale. Pourquoi ?

Patrick Le Hyaric.

Je suis un candidat anti-droite et anti-sarkozy. Mais ma préoccupation principale, c’est de créer les conditions pour changer l’Europe, sortir du chômage, de la précarité. La Confédération européenne des syndicats annonce, en comptant les 20 millions de chômeurs, les temps partiels contraints, les CDD, les faux travailleurs indépendants, près de 108 millions de travailleurs précaires en Europe, contre 62 millions il y a cinq ans. Ma priorité est donc la question de l’emploi qu’il faut jumeler avec celle des salaires. Il faut faire cesser ce transfert de la valeur ajoutée du travail des salariés vers le capital. En quelques années, il a été transféré en France 175 milliards d’euros. Au plan européen, les profits réalisés par les grandes entreprises représentent 2 224 milliards d’euros. Par conséquent, de l’argent il y en a. Les moyens existent de répondre à la demande du mouvement syndical qui s’exprime depuis des mois. Ce serait un moyen pour sortir de la crise. Je propose un salaire minimum dans chaque pays européen calculé sur la base de 60 % du salaire médian. Il est indispensable, face aux plans de licenciements, de donner des droits suspensifs aux comités d’entreprises, aux comités de groupes pour les entreprises européennes. Il est possible d’aller plus loin en instaurant, au plan de l, un système de sécurisation des parcours professionnels. Il faut développer les services publics, et créer, là où c’est utile, des services publics européens. Il faut arrêter les privatisations, comme celles, par exemple, de la Poste, ou du secteur de l’énergie. Autres objectifs : créer tous les emplois possibles dans le cadre du développement économique et industriel durable, donner à la jeunesse les moyens de son autonomie financière pour répondre à ses besoins et s’insérer dans la vie professionnelle.

Enfin, question essentielle, il faut transformer le rôle de la Banque centrale européenne (BCE). Elle devrait, en lien avec l’ensemble des banques centrales nationales, non pas favoriser les marchés financiers au détriment de l’emploi comme aujourd’hui, mais aider, par des crédits à bas taux, voire à taux nul, les entreprises qui en ont besoin, pour sauvegarder l’emploi. Quant à la monnaie commune mondiale, c’est une proposition de la Chine, de la Russie et de certains pays d’Amérique latine au G20. Cela vise, non à détruire les monnaies nationales ou l’euro, mais à créer un système qui permette de réguler, avec le FMI, les échanges internationaux en n’étant plus, comme c’est le cas aujourd’hui, sous l’hégémonie du dollar.

Vincent Vadillo.

Dans son discours de Nîmes, Nicolas Sarkozy a parlé d’une Europe qui lutterait pour l’emploi. Il a parlé de changement mais est-ce possible avec le dogme de la concurrence libre et non faussé qui figure dans le traité de Lisbonne ?

Michel Barnier.

Tout ce que M. Le Hyaric propose au niveau européen, comment le mettrez-vous en oeuvre si on ne peut pas travailler ensemble, à 27 pays ? C’est ça le traité de Lisbonne. L’Union européenne ce n’est pas un syndicat international, c’est une communauté de nations. Il n’y a pas un peuple européen mais vingt-sept nations qui ont chacune une identité. Donc, on a besoin d’un traité, d’une banque indépendante qui surveille. Même si je pense qu’il faut un meilleur dialogue entre la BCE et les gouvernements pour des politiques communes.

Nous ne sortirons pas de cette crise comme nous y sommes entrés. Au moins, soyons d’accord pour dire que cette crise est mondiale et globale. Il faut bâtir un nouveau modèle économique et social, qui soit un modèle économique durable pour créer ces nouveaux emplois de demain. Je ne suis pas un conservateur. C’est un acquis que d’avoir construit ce projet européen, que le PCF a combattu depuis le début, et d’avoir tenu les deux premières promesses des pères fondateurs de l’Europe, la paix et la stabilité. Pour moi, l’Europe ce n’est pas seulement un supermarché. La politique agricole commune, c’est 10 milliards d’euros par an pour accompagner les agriculteurs ; ce sont les fonds structurels, soit, 309 milliards d’euros pour faire reculer les fractures territoriales. On ne peut pas s’en sortir tout seul.

Éric Raoult.

L’Europe, c’est la libération, c’est aussi la solidarité… Quand on est directeur de l’Humanité, dans la lignée de Jean Jaurès, on ne peut rester insensible à ce qui s’est passé à l’Est, et à la solidarité. Le Parti communiste pourrait-il dire que, sur cette question, l’Europe est progressiste ?

Patrick Le Hyaric.

Nous ne sommes pas anti-européens. Nous sommes pour un autre projet européen. Nous pensons qu’il faut orienter la politique vers le social et la solidarité. Je ne déjuge pas Jaurès. Au Parlement, vous le savez, le groupe communiste ne s’est pas opposé à l’élargissement aux pays de l’Est et ne s’oppose au fait qu’il faille les aider via les fonds structurels. Face à la crise, nous sommes décidés à les aider, mais pas dans la mise en concurrence. Dans le capitalisme sauvage que nous connaissons, des entreprises comme Renault délocalisent dans des pays à bas salaires pour surexploiter la main-d’oeuvre locale.

Michel Barnier.

Quand Renault construit une usine en République tchèque pour que les Tchèques achètent des voitures, votre idée serait-elle qu’on construise ces voitures et qu’on ne crée pas d’emplois la-bas ?

Patrick Le Hyaric.

S’il s’agit de produire des véhicules pour permettre au marché national de s’approvisionner en automobiles adaptées, je suis tout à fait d’accord, et quel que soit l’endroit dans le monde. Pour Renault et PSA, le gouvernement a mis sur la table 7 milliards d’euros, après que ces deux groupes eurent décidé leurs plans de réduction d’emplois. Pour la première fois, en 2008, le déficit de la balance des paiements dans le secteur automobile s’est élevé à 4 milliards d’euros. Pour le fonds de reconversion, que vous avez créé, vous n’avez donné que 3,8 millions pour les salariés de cette branche. Si une entreprise produit à l’étranger pour réintroduire des véhicules sur le marché français, elle ne fait qu’aggraver les déficits.

Michel Barnier.

Je suis favorable aux localisations, aux investissements d’entreprises françaises souvent en partenariat avec des capitaux de ces pays pour créer des emplois et couvrir des marchés. Je m’opposerai, autant que je le pourrai, aux délocalisations. Vous ne pouvez pas contester que le gouvernement de Nicolas Sarkozy et de François Fillon a fait, pour sauvegarder l’industrie automobile, un effort considérable.

Patrick Le Hyaric.

Les 7 milliards ont été accordés sans contreparties…

Michel Barnier.

On ne verse pas 7 milliards pour faire plaisir aux patrons…

Patrick Le Hyaric.

C’est ce qui se passe. Il n’y a eu aucune contrepartie ni pour l’emploi ni pour la sous-traitance. Ce qui nous plonge dans le drame que nous vivons aujourd’hui.

Michel Barnier.

Le plan automobile s’est accompagné de beaucoup de contraintes d’obligations. Exemple : le retour dans la région parisienne d’une usine installée en Slovénie. Vous nous accusez de donner de l’argent aux banquiers, alors que nous voulons sauver le système bancaire qui fait vivre tous les ménages et toutes les entreprises françaises. Nous donnons de l’argent pour l’automobile, y compris par le biais de la prime à la casse pour sauvegarder l’industrie et l’emploi chez nous.

Sabrina Bousekkine.

Dans de nombreuses régions d’Europe, l’emploi est sinistré, la précarisation devient massive. C’est particulièrement vrai en Seine-Saint-Denis. Pourtant nous avons à nos portes deux gisements d’emplois : l’aéroport de Roissy et celui du Bourget. Partout en Europe, le développement économique d’un territoire doit profiter à ses habitants. Avec l’ensemble de l’équipe municipale de Blanc-Mesnil, nous sommes porteurs d’un projet de lycée des métiers de l’aérien. Nous attendons toujours l’État et l’Europe. Ne faudrait-il pas une directive européenne instaurant une impérative responsabilité sociale des entreprises ? Oui à l’Europe, mais où en est-on des conditions sociales de vie de nos concitoyens Vous avez parlé des progrès de l’Espagne, mais que dîtes-vous de la Grèce et des conflits sociaux en France ?

Michel Barnier.

L’UE ne supprime pas les conflits sociaux et les situations anormales, mais, pour la Grèce comme pour l’Espagne et comme pour nous, être ensemble a constitué un progrès. J’ai géré, comme commissaire européen, les fonds structurels, ce sont des dizaines de milliards par an que nous apportons aux pays les plus en retard comme la Grèce. Les régions et départements d’outre-mer, qui ont un taux de chômage de plus de 20 à 25 %, reçoivent beaucoup d’argent de l’Union européenne.

Je ne suis pas un ultra-libéral. Je me bats depuis toujours sur une ligne plutôt progressiste, libérale et sociale. Dans le programme de l’UMP, je vais proposer le doublement des fonds européens d’ajustement à la mondialisation, je vais me battre pour une politique urbaine 65 % des Européens vivent dans des villes, pour un développement des transports collectifs.

Sur l’emploi des jeunes, jusqu’à une période récente les gouvernements nationaux ont refusé toute politique européenne de l’emploi, y compris lorsqu’il y avait des ministres communistes au gouvernement français. Pour les mêmes raisons, il n’y a pas de politique européenne de la santé, de l’éducation, de l’emploi. On a des normes sociales, des minima. Je ne souhaite que l’on fasse une synthèse vers le bas. C’est pourquoi je ne suis pas décidé à accepter une harmonisation des systèmes de protection sociale, car comme nous sommes dans le système le plus protecteur, on risquerait de reculer.

Deux intervenants interpellent les candidats, depuis la salle.

Un participant.

M. le Ministre, est-ce normal en Europe que des gens vivent avec 500 euros de revenus ? Je suis pour une Europe de la paix et de la justice. Je ne veux pas de la guerre ni de la guerre économique, il n’est pas normal que ce soit toujours les mêmes qui paient. Il y a de l’injustice, je ne suis pas égalitariste, chacun tire ses ressources en fonction de ses qualités et de ses capacités, mais à un moment on doit stopper l’accumulation là-haut pour redonner en bas.

Michel Barnier.

Je n’ai aucun problème avec ce que vous dites, car c’est le combat que je mène. Je n’ai aucun problème pour dire qu’il faut limiter les hauts revenus, qu’il faut combattre les paradis fiscaux, qui sont le paradis des tricheurs. C’est ce qu’a commencé à faire Nicolas Sarkozy. C’est le premier président de la République qui se bat avec cette détermination contre les paradis fiscaux, et il a commencé à faire bouger les lignes. Le projet européen est un projet de progrès, qui réduit la misère. J’ai géré les fonds structurels européens en faveur des douze régions les plus pauvres de l’Europe, et je peux vous dire combien nous avons vu remonter le niveau de vie dans ces pays, notamment au sud, et comment nous allons faire de même à l’est de l’Europe. Évidemment, tout ne sera pas formidable d’un seul coup, ça n’empêchera pas les situations de misère qu’il faudra compenser par des systèmes d’accompagnement social, mais je n’ai aucun problème pour dire qu’il faut plus de justice sociale.

Patrick Le Hyaric.

Sur la question de la paix, je rappelle que la guerre économique pousse à une concurrence acharnée qui peut, si on n’y prend pas garde, se muer en une guerre véritable, et qu’il ne faut pas sous-estimer ce danger. J’estime à ce propos que vous n’étiez pas obligés de recevoir Avigdor Lieberman (le ministre israélien extrémiste - NDLR), qui se dit prêt à déclencher la guerre avec l’Iran. Sans partager forcément ses vues, un dirigeant comme Hosni Moubarak dialogue avec le gouvernement israélien, mais refuse de recevoir cet individu parce qu’il est porteur de danger. Quant à Gaza, il est vrai que l’Union européenne aide à financer la reconstruction des équipements en Palestine. Mais était-on obligé de recevoir Tzipi Livni l’avant-veille du déclenchement de la guerre contre Gaza ? Devait-on décider le rehaussement des accords commerciaux entre l’Europe et Israël ? Pourquoi n’a-t-on pas posé comme condition au gouvernement israélien le renoncement à l’agression contre les Palestiniens ? Enfin, concernant la partie défense du traité de Lisbonne, je veux dire mon inquiétude sur la réintégration de la France dans le commandement militaire de l’OTAN, dans le fil de l’article 42 du traité, qui dit à propos de la défense commune européenne : « Les engagements et la coopération dans ce domaine demeurent conformes aux engagements souscrits au sein de l’OTAN qui reste, pour les États qui en sont membres, le fondement de la défense collective et l’instance de sa mise en oeuvre. » Autrement dit, on pourra désormais être entraîné dans des interventions militaires sans le vouloir. Je ne sais pas comment on peut prétendre construire une défense commune européenne indépendante avec un tel texte.

Michel Barnier.

La réintégration de la France dans le commandement de l’OTAN met fin à une sorte d’hypocrisie. Nous étions le quatrième principal contributeur de l’OTAN et nous étions partout sauf à l’endroit où se prennent les décisions. Vous ne pouvez pas dire qu’on pourrait être entraîné contre notre gré : il y a des pays au sein de l’OTAN qui ne sont pas engagés en Afghanistan. Nous gardons notre libre arbitre. Je me suis battu pour ce texte, car je pense que l’Europe ne doit pas seulement être un supermarché, mais une communauté dotée d’une politique de défense, solidaire dans le cadre de ses alliances, mais autonome. Un mot sur Gaza et Avigdor Lieberman : naturellement, nous ne partageons pas l’approche du gouvernement israélien actuel. Bernard Kouchner a dit qu’il fallait reprendre le processus de paix et que nous souhaitons qu’Israël se prononce clairement en faveur de deux États. On n’en est pas là, mais si on ne discute avec les gens, on ne peut pas les convaincre. Nous avons donc invité ce ministre à Paris pour lui dire clairement ce qu’on pensait.

Une participante.

M. Le Hyaric, dans votre programme du Front de gauche, les mots qui reviennent sont : « reprenons l’offensive », « il faut se faire entendre », « riposte », « lutte de notre peuple », « construire des points de résistance… » Vous dénoncez une Europe archaïque, mais toutes ces expressions ne le sont-elles pas ? Par ailleurs, vous vous insurgez contre les bas salaires, mais, en Arménie, une journaliste, après six ans d’études, gagne 50 euros par mois. N’est-ce pas la conséquence d’un système soviétique sur lequel vous calquez votre programme communiste ?

Patrick Le Hyaric.

Ce qui importe est de dégager les cohérences politiques des projets, même si elles sont opposées. La société que nous proposons, c’est exactement le contraire de rémunérations à 50 euros par mois. Et il n’y a malheureusement pas besoin d’aller jusqu’en Arménie pour trouver des gens sous-payés ou qui dorment dans la rue. Mais ce qui est vrai, c’est que la libéralisation sauvage appliquée à ces pays aggrave encore leur situation économique et sociale. Avec Michel Barnier, nous ne sommes pas d’accord, sauf sur la nécessité de construire une Europe. Mais pour nous, cela doit se faire à partir d’un autre traité, un traité progressiste européen. Depuis quelque temps, le gouvernement essaie d’infléchir son discours sous l’effet de la contestation et de la mobilisation, mais pour que cela change vraiment, il faudra appuyer fortement à gauche le 7 juin.

Michel Barnier.

Il est insupportable que 60 % des Français n’aillent pas voter aux élections européennes. Un député européen est aussi important qu’un député national. 60 % de nos lois sont élaborées au Parlement européen. Ce sont des lois qui concernent les conditions de travail, la qualité sanitaire, les discriminations, etc. Donc il faut aller voter. Durant la présidence française de l’UE, le président de la République a fait bouger les lignes, il a montré qu’on pouvait être acteur dans la crise entre la Géorgie et la Russie, dans la crise financière en proposant la tenue du G20, en convainquant les partenaires européens de prendre des dispositions pour la régulation financière. Ce que nous souhaitons avec notre liste, c’est lui donner les moyens de préserver l’Europe dans ce qu’elle a de positif, mais aussi de la changer.

Compte rendu réalisé par Sébastien Crépel, Jacques Moran, Jean-Paul Piérot, Max Staat

http://www.humanite.fr/2009-05-09_L...

Messages

  • Depuis quelque temps, le gouvernement essaie d’infléchir son discours sous l’effet de la contestation et de la mobilisation, mais pour que cela change vraiment, il faudra appuyer fortement à gauche le 7 juin.

    C’est une opinion que je respecte mais que je ne partage pas. Cette phrase me semble avoir le mérite d’être claire pour définir une des grosses différences d’approche entre Front de gauche et NPA.

    Pour exprimer la façon dont je vois les choses, je tournerais la phrase autrement :

    Même en appuyant fortement à gauche le 7 juin (soyons optimistes !), cela ne changera quasiment rien au quotidien. Pour que ça change vraiment, il faudra que la mobilisation et la contestation franchissent un pas quantitatif et qualitatif important.

    Bref, 2 priorités, 2 objectifs sont face à face : développer la mobilisation, ou miser sur le 7 juin. (je parle bien de priorité, car le Front de gauche participe aux mobilisations, et le NPA participe à la campagne)

    Chico

    • cela ne changera quasiment rien au quotidien. Pour que ça change vraiment, il faudra que la mobilisation et la contestation franchissent un pas quantitatif et qualitatif important.

      Pour que ça change au quotidien, encore faudrait-il changer les chefs d’état, pour que l’Europe change de couleur.

      Maintenant, les deux tendances à gauche réunis ensemble, ça aurait une autre gueule ! Le non au TCE, les manifs depuis janvier, les blocages dans les facs, les piquets de grève dans les entreprises devraient trouver un prolongement le 7, essentiellement pour dire que la mobilisation est toujours là, qu’elle se poursuivra aux régionales, etc.

      Un LKP qui a la capacité de remobiliser tous les travailleurs, assos, syndiqués, etc, redonne du sens à la classe prolétaire, au rôle qu’elle peut jouer dans la conduite des affaires. Il n’y a plus qu’à écrire cette nouvelle page de notre histoire avec des théoriciens, des intellectuels, en s’appuyant sur le terreau prolétarien qui est très riche parce que directement concerné.