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A Amiens, mairie de gauche, on commence à privatiser la culture...

Publie le samedi 30 mai 2009 par Open-Publishing
2 commentaires

Cette délibération a fait l’objet d’un débat en commission.

1° remarque et non des moindres : à quoi sert-il de nous faire voter cette délibération puisque l’exposition a été inaugurée mardi dernier ? Les impératifs administratifs priment sur ceux de la démocratie. Sans doute considère-t-on cette question comme sans importance ? A priori, elle ferait consensus...

Or, je pense que la question du mécénat est de plus en plus importante. La culture, comme le reste, est assimilée de plus en plus à une marchandise. Ce qui compte, ce n’est pas de comprendre l’oeuvre et de l’admirer mais qu’elle attire du monde. En Italie, on n’a pas hésité à nommer un ancien gérant de Mac Donald à la direction d’un musée. Son travail se limite à gérer des flux de touristes et à les accroître. La conservatrice du musée nous a dit en commission que nous irions de plus en plus dans cette direction : les fonds privés remplaceront de plus en plus les fonds publics.

La question n’est pas de rejeter le mécénat en tant que tel mais de poser la question : quel mécénat voulons-nous ?

Selon la définition donnée par le journal officiel, le mécénat est un soutien matériel apporté, sans contrepartie directe de la part du bénéficiaire, à une œuvre ou à une personne pour l’exercice d’activités présentant un intérêt général.(Arrêté du 06/01/1989 - date de la publication : 22/09/2000 - éd. commission de l’économie et des finances)

Or, ici, il ne s’agit pas mécénat mais de partenariat. Ce qui n’est pas du tout la même chose. Le mécénat relève plutôt du don désintéressé. La convention que l’on nous soumet c’est un partenariat tout à fait déséquilibré.

1) Le musée met son savoir-faire au service de la Caisse d’épargne. C’est lui qui a tout installé dans les locaux de la banque.

2) Le musée s’engage à valoriser l’image de la Caisse d’Epargne. Nous nous retrouvons plutôt dans le cadre d’une valorisation publicitaire. La Caisse d’Epargne, qui fait partie de Natixis, a eu de grosses pertes financières l’an dernier. Elle a besoin de redorer son blason. Elle a donc créé une fondation pour rendre les oeuvres plus accessibles. C’est une sorte d’alibi pour faire la promotion de son image. c’est un moyen habile de faire de la publicité...

3) En plus, c’est une publicité qui ne coûte pas cher. Qui paie l’assurance des oeuvres ? Le musée ! Qui est responsable si une oeuvre est abîmée ? Le musée. Ce n’est donc pas réellement 20 000 euros que la Caisse d’Epargne nous donne mais bien moins que cela.

Un vrai mécénat, c’est l’inverse. La caisse d’Epargne devrait donner une aide sans intervenir dans les décisions du musée. C’est tout de même le musée qui a l’autorité scientifique, ses décisions ne doivent pas dépendre d’un partenaire privé. La semaine dernière, nous avons voté un texte s’opposant à la mainmise des entreprises sur l’université et là nous faisons exactement l’inverse. Nous donnons prise à la caisse d’Epargne sur le musée.

Le vrai mécénat a toujours été pratiqué par les pouvoirs publics : Mécène, ministre de l’empereur Auguste, François I°, etc... en l’occurrence, ici, le vrai mécène c’est nous. C’est donc à nous d’assumer pleinement cette mission.

L’acte de création artistique est un geste gratuit, presque sacré. Il permet à l’Homme de se hisser au-dessus de lui-même. En faisant de l’art un simple prétexte à publicité, nous le rabaissons. Je suis pas sûr que nous rendons ainsi un véritable hommage au caricaturiste Gédéon Baril.

En conclusion nous nous opposons à ce partenariat déséquilibré entre le musée et la Caisse d’Epargne.

CONTRE : 2, M.-H LOEW et C. MAISSE (conseillers municipaux communistes, délégués à Amiens-Métropole)
ADOPTE

Pour en savoir plus, voir le blog de Cédric Maisse

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