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C’est au second tour social qu’on ne s’abstiendra pas !

Publie le lundi 8 juin 2009 par Open-Publishing

Convergences révolutionnaires - Fraction L’étincelle

Edito des bulletins d’entreprise

Après une campagne à peu près invisible, le scrutin européen de dimanche a connu, sans surprise, une abstention record. Seuls 40 % des électeurs sont allés voter. Le parti de la pêche à la ligne sort – comme d’habitude – premier vainqueur des Européennes 2009. Après plusieurs décennies, le Parlement européen reste un « machin » qui ne parvient pas à convaincre grand monde de son intérêt, et encore moins dans les classes populaires.

Parmi ceux qui se sont déplacés quand même, la droite représentée par l’UMP a recueilli le meilleur score, avec 27,8 %. Loin devant le Parti socialiste, qui ne recueille que 16,4 %. Le parti de Sarkozy n’a pas manqué de se vanter de voir sa politique confortée. Avec 60 % d’abstentions, ses 28 % ne représentent pourtant qu’un électeur sur neuf… Mais il est certain que l’énorme discrédit du PS et de la gauche de gouvernement permet à l’équipe au pouvoir d’apparaître seule en tête.

L’« événement » auquel se raccrochent nombre de commentateurs est que la guéguerre entre les listes « Europe écologie » de Cohn-Bendit et celles du Modem de Bayrou s’est soldée par une nette victoire des premiers (16,2 %) sur les seconds (8,5 %). Mais il faut vraiment vouloir trouver un peu de couleur dans la grisaille électorale pour voir un sens à ce petit duel entre deux ego… centristes.

L’extrême gauche a elle rassemblé 6,1 %, avec 4,9 % pour le NPA de Besancenot et 1,2 % pour Lutte ouvrière. Rien de tonitruant, mais pas si mal pour des élections qui lui sont traditionnellement défavorables : lors du dernier scrutin, en 2004, LO et la LCR (pas encore NPA), qui s’étaient présentées ensemble, avaient obtenu 2,5 % des voix. Le courant d’extrême gauche fait donc plus que se maintenir.

Mais c’est sur un tout autre terrain qu’il pourra convaincre, en proposant aux travailleurs des perspectives, urgentes dans la situation actuelle. Car loin des jeux politiciens dont les dernières élections donnent une image tellement futile, nous sommes des millions à voir plus que jamais nos conditions de vie, d’emploi, et de salaire toujours plus menacées par la crise.

Le monde du travail est loin d’être resté passif face à la tempête du capitalisme. Depuis le début de l’année, les grèves se sont multipliées. Certains patrons ont dû passer quelques nuits dans leurs bureaux. L’Éducation, secondaire et universitaire, a connu des mouvements d’une ampleur exceptionnelle. Encore récemment les producteurs de lait ont démontré que les agriculteurs les plus modestes étaient bien décidés à ne pas se laisser écraser par les grands de l’agro-alimentaire. La loi du profit est rendue encore plus insupportable par la crise. Les luttes existent, elles sont nombreuses. Ce qui leur manque, c’est de s’unifier, de converger, parce qu’il n’y a qu’à cette condition qu’elles pourront dissuader les patrons, les trusts et le gouvernement de nous faire payer la faillite de leur système.

La convergence des luttes ne viendra pas d’en haut. Les centrales syndicales ont été capables d’organiser deux journées d’action auxquelles le monde du travail a répondu massivement, les 29 janvier et 19 mars. A chaque fois, elles n’ont proposé aucune suite, sinon de nouvelles dates ridiculement lointaines, histoire de désamorcer toute combativité. La vérité est que dans une situation aussi grave, la seule chose que les directions syndicales sentent à leur portée, c’est de lâcher un peu de vapeur à intervalle régulier, pour préserver finalement la paix sociale.

Il nous faut donc des objectifs clairs, des objectifs susceptibles d’unifier nos luttes partielles. Embauches massives dans les services publics en prenant sur l’argent des plans de relance ; augmentation générale des salaires et 1500 € minimum pour tous, interdiction des licenciements. Voici ce que nous devrions reprendre tous ensemble, et nul besoin d’élection pour ça !

Avant de se réjouir, l’UMP ferait donc mieux de se rappeler les récents mouvements : ils ont donné une image autrement plus juste de la colère sociale, et espérons-le, autrement annonciatrices, que le pâle scrutin européen.