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Cohn-Bendit : "Je suis pour le capitalisme et l’économie de marché"

Publie le mardi 9 juin 2009 par Open-Publishing
7 commentaires

Daniel Cohn-Bendit est-il de gauche ?

de Pierre Eyben

Communicant exceptionnel, figure historique de mai 68, Daniel Cohn-Bendit jouit d’une aura certaine au sein de la gauche. Est-il pour autant encore un homme de gauche ? A le lire, on peut en douter.

Aujourd’hui, Daniel Cohn-Bendit donne le la du groupe des verts au niveau européen. Le 7 juin, il conduira en France une liste environnementaliste, sur laquelle figure notamment José Bové, ex-dirigeant de la confédération paysanne, ex-opposant au Traité de Lisbonne, ex-candidat de la gauche de gauche à la présidence française et qui le 27 mars dernier déclarait encore qu’écologie et capitalisme étaient incompatibles.

José Bové n’a manifestement pas lu ce qu’a écrit Daniel Cohn-Bendit et notamment dans un livre intitulé "Une envie de politique" qu’il publia en 1998 aux éditions La Découverte. On peut y lire : "Je suis pour le capitalisme et l’économie de marché".

Soit, il serait possible selon certains (dont je ne suis pas) d’être de gauche ET partisan du capitalisme : le capitalisme pour produire des richesses et la gauche pour les répartir justement. Seulement, on lit encore dans le même livre « Si Renault peut produire moins cher en Espagne, ce n’est pas scandaleux que Renault choisisse de créer des emplois plutôt en Espagne » [1], ainsi que « Il faut admettre que les machines travaillent sept jours sur sept, donc admettre le travail du week-end » ou encore « J’ai toujours été hostile aux horaires obligatoires d’ouverture des magasins ». Là, cela ressemble franchement à un discours de droite, non ?

Et en matière d’enseignement, où en est l’ancien leader étudiant ? Il écrit dans le même opus qu’il n’est pas opposé à l’appel aux fonds privés pour les établissements scolaires afin de créer de « véritables joint-ventures avec les entreprises » et ajoute que « naturellement, l’industrie participerait aussi à la définition des contenus de l’enseignement, contrairement à ce que nous disions en 1968 ». Ici encore, cela ne « tire pas vraiment à gauche »

Concernant un autre cheval de bataille de la gauche, les services publics, outil de solidarité central pour une politique de gauche, que dit Cohn-Bendit ? Dans son livre, il écrit : « Je suis très ferme sur le déficit public. Par principe, tout écologiste conséquent doit être pour une limitation des dépenses publiques. » et dans Libération, le 6 janvier 1999 il déclare « Des services comme le téléphone, la poste, l’électricité n’ont pas de raison de rester dans les mains de l’État. (…) Il n’y a pas de raison qu’il existe un service public de télévision. ».

Certains voudraient aujourd’hui faire croire que l’écologie peut s’exonérer du clivage gauche-droite, qu’elle serait « au-dessus ». L’expression est jolie mais elle cache mal une conversion croissante aux thèses néolibéralales. A lire Daniel Cohn-Bendit, on se dit que « au-dessus » veut dire pour certains écologistes « avec ceux d’en haut ». Dès lors, je le dis sans fard, si ECOLO est au-dessus, moi, je suis « en-dessous », de gauche et en-dessous.

Notes [1] En septembre 2000 à Jouy-en-Josas, invité de l’Université d’été du MEDEF (les patrons français), tout un symbole, il déclarait "Votre question le capitalisme est-il moral ?, ne m’intéresse pas. Arrêtez ! Laissez ça aux curés ! Le souci des capitalistes, c’est de gagner et ils ont raison." »

http://pierre.eyben.be/article380.html

Messages

  • En fait il a rallier une partie de la droite un peu cenriste, mais surtout ceux de gôche tendance bobos, pour caricaturer, catogan, veste de velour en dehors des heures de boulot. Ceux qui se disent à gauche non pas par besoin puisqu’ils sont issus pour la plupart des classes moyennes, mais par une sorte d’intellectualisme de bon aloi, une façon de faire peuple pour se donner bonne conscience afin de s’évader du plan de carrière préréglé. C’est pas là qu’il faut aller chercher les anti-capitalistes ni les décroisseurs. Ils sont un peu à l’image des socialos qui ont rejoint Sarkozy, donc le discours populiste de Bendit à séduit ces inconsistants qui sont prets à n’importe quoi pourvu que ce soit à la mode, légérement contestataires, pas trop pour ne pas foutre le système en l’air qui en réalité leur sied bien.

    • Tout à fait d’accord. Cohn-Bendit n’est qu’un pitre mais c’est aussi un idéologue qui masque ses accointances avec les pouvoirs politiques et financiers par un faux discours de rebelle. Il suffit d’aller chercher quelques unes de ses déclarations antérieures pour comprendre à quel point le peuple et la planète n’ont rien à attendre de lui. Mais ceci dit tant qu’il est adoube par Libé ou le Monde et même par le Figaro et qu’il recueille l’essentiel de ses suffrages chez le bobo parisien ou le socialiste tendance "économie de marché" cela ne me gène pas.

  • Cohn-Bendit, c’est le Bernard Tapie du PS ! un charlatan qui va éclairer d’un jour
    nouveau la véritable contradiction des Verts = leur ligne de gauche n’avait pour but
    que d’essayer d’avoir des ministrables ! mais en France, la 5ème République et
    son système électoral ne permet pas la proportionnelle, alors peut être que le
    curseur va changer et qu’il va tourner plutôt maintenant vers la droite ! on a vu en
    Allemagne comment l’opportunisme avait pour conséquences d’approuver des
    orientations anti-sociales ; avec le tartuff Cohn-Bendit, tout est possible !!!!

  • Daniel Cohn-Bendit peut être attaqué sur quelque chose d’extrêmement grave : son soutien indeffectible au guerres menées par l’impérialisme américain.

    Chaque fois que les USA bombardent un pays, on a vu Cohn-Bendit gesticuler et hurler à la télé qu’il fallait le bombarder encore plus et encore plus longtemps. Il nous a fait le coup pour la Yougoslavie, et pour les guerres du Golfe.

    Et quand les bombardements s’arrêtent, il est là, à la télé, toujours gesticulant, toujours hurlant qu’il faut continuer à bombarder ! Et il crie après les personnes ou les pays qui refusent de participer !

    • Et à l’impérialisme Allemand.

      Les Verts allemands sont pour les troupes en Afghanistan, pour l’envoi de la marine allemande au large de la somalie etc.

      Encore un peu et ils nous expliqueront qu’il vaut mieux reprendre la prusse orientale aux polonais pour garantir la protection des zones écologiqiement sensibles...

      Ou peut-être qu’il faut envahir l’Iran pour empêcher la prolifération nucléaire. (OK j’exagére là)

      Mais les journaleux ne posent jamais des questions de politique étrangère aux écolos, ils devraient c’est très intéréssant.