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Après les élections européennes, parlons franchement

Publie le jeudi 11 juin 2009 par Open-Publishing
13 commentaires

Daniel Mino – CAP à gauche 74 Chablais - 10 juin 2009

Nous ne gagnerons rien à ne pas dire franchement ce qui doit être dit ; en particulier la responsabilité écrasante des appareils politiques dans la situation catastrophique actuelle de la gauche, en échec depuis 10 ans. Elle nous conduira sûrement, si rien ne bouge, à de futures victoires d’une droite de plus en plus cynique et radicale, pourtant largement minoritaire et contestée, mais qui s’appuie sur un projet cohérent et une unité sans faille, pour l’instant

Voici donc quelques réflexions à chaud après le scrutin, en tenant compte que, sous réserve de démenti, l’abstention concerne majoritairement les couches sociales les plus frappées par la crise, qui ont voté Non au TCE et les déçus du manque d’unité à gauche du PS. Les résultats ne sont donc pas à prendre comme une image juste d’un rapport de force politique si les conditions d’un rassemblement au-delà des partis pouvaient exister dans la gauche radicale.

Le PS paye son alignement sur le libéralisme européen, son approbation par défaut du Traité de Lisbonne et sa politique présidentielle erratique. Un parti dont la moitié de ses membres se prononce pour une diva capricieuse et l’autre moitié pour une euro libérale convaincue, et dont les têtes de liste ont été désignées par un subtil dosage d’appareil sans aucun lien avec l’efficacité politique, ne peut plus prétendre à diriger la Gauche avec sa condescendance habituelle. C’est une des seules bonnes nouvelles de ce scrutin.

Europe-Ecologie recueille les fruits de l’unité des écologistes, au-delà des divisions antérieures. Ce succès est celui d’un engagement apparemment apolitique, ne remettant pas en cause les fondamentaux de l’Union européenne. En fait, c’est aussi une conception fédéraliste, antinationale, qui ignore les questions sociales les plus cruciales et répond aux inquiétudes environnementales des couches sociales peu touchées par la crise. Pour la droite, il s’agit d’un garde-fou contre les excès d’un capitalisme débridé, qui ne peut que gêner la remise en cause radicale du système. Ceci explique la complaisance dont DCB et ses amis ont fait l’objet de la part des médias.

Le Front de Gauche obtient un succès tout relatif eu égard au score qu’aurait pu espérer le PCF seul. En refusant la dynamique qu’auraient pu apporter les collectifs unitaires s’il s’était engagé franchement dans un front durable et ouvert, il se prive d’un résultat sans doute bien meilleur. Il lui a manqué aussi un réel engagement écologique, au-delà des discours convenus. Si ces conditions avaient été remplies, le Front de Gauche pouvait peut-être, en offrant une perspective unitaire et radicale mobilisatrice à gauche, devenir la quatrième force politique en France

Le NPA reçoit logiquement la sanction de son choix antiunitaire, qui a sans doute démobilisé un électorat jeune et peu motivé par les enjeux européens. La révolution anticapitaliste issue d’une hypothétique Grève Générale attendra, les principales victimes du système capitaliste attendront aussi une issue politique de gauche stérilisée par le sectarisme de ces pseudo-révolutionnaires.

Dans ce contexte, la Fédération peut-elle constituer une planche de salut dans cette gauche à la dérive ? Sa non participation à la campagne, si elle ne lui a pas permis une meilleure visibilité, la tient à l’écart des responsabilités du désastre. Cependant, cette attitude ne peut pas être reconduite sans obérer la crédibilité politique d’un tel rassemblement

Comme il ne peut être question de créer un nouveau parti qui accroitrait encore la confusion, il nous faut redoubler d’efforts pour rendre, sinon impossible, au moins difficilement justifiable le maintien de la situation actuelle par les partis se prononçant pour une alternative au système et pour une réelle transformation écologique et sociale.

Il nous faut pour cela apparaître comme une force cohérente, unie, dynamique, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui :

Une force cohérente :
- dans son but, la recherche de l’unité des forces politiques, associatives et sociales la plus large possible, sans se laisser paralyser par le refus dogmatique de certains
- dans ses propositions, qui visent à mettre en convergence les différentes propositions émanant des partis, des associations, des syndicats… avant de penser à élaborer un programme de plus
- dans ses objectifs, la construction d’une société nouvelle, dans laquelle l’économie sera maitrisée et contrôlée par des organismes les plus décentralisés possible afin de permettre l’intervention citoyenne la plus démocratique et la plus efficace, une société dans laquelle l’éducation et la culture seront considérées comme une priorité, le respect des droits humains comme une obligation.

Cette société ne peut se concevoir dans le cadre constitutionnel actuel, mais elle suppose de réunir une majorité de citoyen-nes, c’est-à-dire une alliance politique dans laquelle nos propositions seront majoritaires. La déconfiture actuelle du PS en ouvre peut-être la perspective.

• Une force unie :
 Les forces adhérentes à la Fédération doivent s’engager à respecter quelques principes sans lesquels notre activité ne peut être prise au sérieux. Si chacun doit avoir la possibilité de développer ses propres analyses, la recherche de leur mise en commun et de l’élaboration de propositions communes doit impérativement primer sur l’expression publique de chaque composante de la Fédération. Cela nécessite que les formes de concertation, de prises de décisions et d’expression publique soit clairement définies dans cet objectif. Les divergences d’appréciations et les désaccords sur tel ou tel sujet sont normaux et inévitables ; mais si on les considère comme prévalent sur ce qui nous unis, nos débats seront rapidement agressifs et stériles et nous n’aurons aucune chance d’être crédibles et entendus

• Une force dynamique :
Nous tiendrons cette dynamique de l’initiative reconnue aux collectifs de base, qui rassembleront des citoyen-nes ne se sentant pas embrigadés dans des décisions politiques d’état-major. Cela n’est pas contradictoire avec l’efficacité d’une expression publique nationale par des porte-parole mandatés par les réunions nationales, dont l’échéance trimestrielle doit être possible. En cas de dérive, le mandat peut être retiré dans ce délai.
Il est nécessaire partout où c’est possible de se doter de porte-parole régionaux compte-tenu des prochaines échéances.

C’est à mon avis à ces conditions, parfaitement réalisables si nous avons une réelle volonté unitaire, que nous pourrons contribuer à reconstruire avec les autres forces qui partagent cette volonté, un front de la gauche de transformation sociale et écologique, aucune de ces forces ne pouvant bien entendu prétendre à l’hégémonie sur ce rassemblement

Dans les 60% d’abstentionnistes de dimanche, il en est j’en suis sûr beaucoup qui n’attendaient que ce rassemblement pour s’exprimer. A nous de ne pas les décevoir une nouvelle fois !

Messages

  • par le sectarisme de ces pseudo-révolutionnaires.

    J’ai arrêté de lire à partir de ça.

    (k)G.B.

  • élections européennes 2009
    60 % d’abstentions, pratiquement pour tous les pays membres de l’Union européenne.
    La droite triomphe ! Au nom de qui ? Certainement pas au nom de la majorité silencieuse !
    C’est précisément la droite qui est responsable de la majorité silencieuse. La désinformation dont la droite est responsable, est la cause même de ce surnombre d’abstentionnistes.
    La seule formation qui a bien fait son travail , en fin de compte, est Europe Écologie...
    Le score de la droite aurait pu être plus important, si elle avait eu le courage , pendant la campagne aux élections européennes, de dénoncer l’urgence d’une promotion pour la protection de l’environnement, de la mise en place d’énergies durables, d’ une agriculture biologique, d’une subvention urgente à la petite paysannerie et de la sortie de l’agriculture industrielle !!!!!!!!!
    La gauche a été trop timide à ce sujet et a été sanctionnée par la minorité votante.
    Et Bayrou a été aux antipodes avec sa petite querelle ambitieuse . On le lui a fait comprendre. l’a-t-il compris ????

    Voyons, ce que demain, les porteurs de voix de la minorité votante aux élections européennes seront capables de redresser ou de faire changer de cap, pour une politique européenne commune bénéfique. Car ce qu’elle nous a montré d’incapacité, d’incohérent et d’inconstructible, ces dernières années, a été de nature à décourager les citoyens européens, et a faire douter le reste du monde des capacités de L’Union européenne.

  • Pas "crédible" le Daniel...

    Quelle mauvaise foi... derrière un discours faussement "unitaire" une avalanche d’insultes a tous les monde que ne partage pas "INTÉGRALEMENT" ces propres idée...

    Daniel Mino, retraité EDF, ex président d’Attac Chablais...

    Signataire de l’appel national :

    José Bové peut et doit être le candidat de l’alternative à gauche !

    Très "cohérent" avec ces "propre idée" il perde pas le temps a "change" et rapidement "bascule" avec Clementine Autain...

    Il peux certainement nous donne des leçons de "cohérence" et "d’unité"... pfffff

    RF

    PS : Raz le bol de ces anticommunistes...

    (si je parle des "communistes" je ne parle pas "uniquement" des membres du PCF mais des tous les communistes en generale ....)

  • Un taux d’abstention passant de 16 à 60 entre les présidentielles et les européennes

    Ce qui en chiffres se traduit par 36 724 000 de votants contre 18 000 000 !
    Auquel il faut rajouter les bulletins blancs qui passent de 536 000 à 781 000 !
    2 fois moins de personnes qui se déplacent, mais paradoxe augmentation des bulletins blancs (+45%).
    Au-delà du mode de scrutin et de son objet, l’abstention, en pleine période de crise du capitalisme, montre que l’élection Européenne n’a pas été perçue (à juste titre) comme un débouché politique. Ce sentiment a été conforté par l’attitude des directions syndicales, plus soucieuse de calmer le mouvement social en l’épuisant et le démoralisant par des manifs à répétition en refusant de centraliser les luttes, préférant devenir les « partenaires sociaux » (partenaire, le mot est bien choisi), qui en permanence donnent leurs avis à Nicolas Sarkosy pour refonder le capitalisme.

    60% d’abstention met à mal le concept séduisant et fumeux de « la révolution par les urnes »…Les urnes sont vides, la révolution attendra la prochaine élection…et entre temps on fait quoi ?

    Alors oui, bien sûr il faut se rassembler ( platitude 100 fois ressassée), mais sur quelle base ? et surtout pour un objectif dépassant le calendrier électoral dont chacun sait qu’il ne correspond pas au rythme du mouvement social. La base d’accord est claire : cesser de faire croire qu’il n’y a pas d’autre choix que le capitalisme plus au moins « humain ».

  • Oui ça fait bien rigoler les analyses qui désertent le terrain de la lutte des classes...

    Avec un point commun quand même le basting anti-NPA, avec reprise intégrale des mensonges des dirigeants du FdG sur ceux qui refusent l’unité, etc...

    Au moment où des factions dirigeantes du PCF annoncent le retour de la logique d’alliance avec la bourgeoisie, subordonnée à la bourgeoisie ,

    au moment où le retour de la lutte de classe côté classe exploitée rréfait à nouveau devant de scène il n’y a rien de plus urgent que d’ouvrir le feu contre les révolutionnaires, of course...

    La logique là est totalement institutionnelle et politicienne . Elle est de plus taillée sur l’ignorance que beaucoup plus d’ouvriers auraient voté NPA que FdG, beaucoup plus dans le privé et beaucoup plus jeune.

    La réalité est cruelle...

    Ce qui compte au fond c’est l’attitude par rapport aux combats réels de la classe exploitée , l’aide qu’on leur apporte ou pas, les solutions qu’on pousse en avant pour que la classe qui représente 90% des actifs progresse dans les pouvoirs dont elle se saisit, ou pas (le front de gauche c’est le vide sidéral), l’aide à la reconstruction de la classe exploitée, la construction d’organisations unitaires, massives, déterminées qui ne se soumettent pas à une poignée d’électoralistes et un appareil, qui préparent la conte-offensive sur le terrain réel contre la classe capitaliste.

    Les ponts doivent se faire là dessus, les batailles là dessus, les politiques unitaires là dessus, pas sur le crétinisme qui consiste à vouloir faire croire qu’il suffit d’élire les "bons".

    La résistance au capitalisme et à l’état se fait au travers de milliers de syndicalistes, militants politiques , etc. Il y a là des militants de tous les courants ou sans courants. Il y a quelques organisations avec leurs avancées et leurs erreurs, comme le NPA et LO, ainsi que d’autres plus petits.

    Par contre il y a des directions de partis, comme des directions de syndicats qui sont contre, résolument contre.

    Comme les troupeaux qui ne comprennent pas à quoi peut servir une grève générale. Mais comprennent très bien de quel côté aller : Avec le PS, soumis au PS.

    Les militants de gauche doivent cesser d’être des bisounours qui foncent sans cesse vers des alliances sans irruption de la classe exploitée (par ce qu’ils ne comprennent pas à quoi ça sert, ce ne sont plus des communistes, sauf dans les trucs fumeux).

    Notre ami ne dit rien ne propose rien, la lutte des classes a disparu,pas de proposition pour celle-ci, juste qu’une bonne alliance d’un mégaméga front de gauche.

    La clé de la compréhension des Européennes se trouve dans le reflux à l’approche du 1er mai des possibilités de porter plus haut la 1ere vague de résistance au capitalisme (si tu rates ce virage, tu vas t’imaginer que la cuisine politique est seule responsable des scores et de l’abstention).

    Ce reflux c’est construit sur l’attitude de casse et de démoralisation structurée, par les équipes dirigeantes de la CGT, de FO et de la CFDT (pardonnez je simplifie, il y en a eu d’autres).

    Ces équipes dirigeantes ont reçu l’appoint précieux du FdG dont elles partagent quelques militants éminents .

    Il y aura d’autres vagues de résistance et d’autres tentatives à nouveau de pousser vers l’enkistage institutionnel.

    Une ligne de faille profonde sépare ceux qui vont vers l’ordre bourgeois, bataillent pour que tout s’y plie, pour le socialisme par en haut qui finit toujours en gestion bourgeoise ordinaire :

    et ceux qui mettent les batailles réelles des travailleurs, leurs progrès en terme d’organisation unitaire, décidée , massive et démocratique, petits pas réels vers le socialisme, au centre de leur stratégie.

    La lutte des classes, la vraie , a recommencé de faire entendre sa fureur, et appelle la gauche au travail, pas pour aller pieuter dans le lit de la bourgeoisie avec le PS et DCB mais pour aider, proposer des lignes de résistance et d’organisation, aider les mouvements à populariser leurs luttes, travailler à les coordonner et les étendre, vers un mouvement massif et généralisé de résistance qui portera un nom : une grève générale avec occupations généralisées...

    Avis à ceux qui ne comprennent pas à quoi peut servir une grève générale.

    Mais bon, pardon de parler de luttes de classe, de communisme, ....