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Changer plus pour gagner plus…

Publie le jeudi 11 juin 2009 par Open-Publishing

Les élections européennes ont donc rendu leur verdict, riche d’enseignements :

Tout d’abord une très forte abstention. Sur ce point, il serait intéressant d’étudier la sociologie et les motivations (ou l’absence de motivation) des abstentionnistes. Quoi qu’il en soit, cette très forte abstention conforte l’enjeu primordial de l’éducation populaire et politique du plus grand nombre. Il acte aussi l’impuissance absolue des appareils politiques à utiliser les médias pour démontrer l’importance de la chose politique. C’est donc au niveau local que les choses peuvent (et doivent) se jouer. Il ne faut rien attendre d’un miracle médiatique et cesser de se lamenter sur l’absence de nos idées dans les principaux médias généralistes. Nous devons nous emparer des enjeux de la société, de notre société, afin de porter nos propositions alternatives au niveau local. Cette « propagande » doit s’opérer de deux manières : propagande des idées à travers des réunions publiques, des distributions de tracts… et propagande par le fait en mettant en œuvre, concrètement, nos idées. Cela peut exister à travers l’action des associations et des collectivités locales.

Deuxième enseignement, l’UMP reste en tête, le PS termine sa lente agonie et la valse des partis zapping se poursuit.
-Après le Modem, c’est au tour d’Europe écologie de créer la « surprise » du scrutin. On peut toutefois penser que cette aventure risque de ne pas devoir se confirmer tant cette formation, même si elle est porteuse d’enjeux essentiels et que personne ne saurait plus nier, ne parait pas « armée » pour remporter des élections locales : déficit de structure, contradictions idéologiques des principaux leaders…
-Le PS, parti politique qui n’a plus rien de « socialiste » depuis bien longtemps, la moitié de ses électeurs ne le jugeant pas suffisamment de gauche, poursuit sa lente agonie.
-L’UMP serait donc le grand vainqueur de ses élections, surfant sur la disparité des partis de « gauche » (au fait ça commence où la gauche ?) et sur l’inculture politique d’un grand nombre de citoyens. Ce parti doit être combattu sur le terrain des idées, à la fois en proposant une analyse des thèses libérales de l’UMP et de leurs conséquences concrètes et en étant capables d’être à l’initiative de propositions communistes (ici au sens large du terme) réalistes.

C’est pourquoi je vous propose aujourd’hui de nous intéresser à la question, centrale chez l’UMP, des salaires. Tout le monde a encore à l’esprit les promesses de campagne du candidat Sarkozy : « travailler plus pour gagner plus ». Cette promesse reposait sur la possibilité « offerte » aux salariés d’effectuer des heures supplémentaires défiscalisées afin d’augmenter le salaire inscrit sur leur feuille de paie.

Cette théorie est bien entendu une absolue escroquerie intellectuelle, je développerai ici deux points particuliers pour l’attester :
-tout d’abord, les salariés étant subordonnés à leur employeur, ils ne peuvent pas « choisir » librement d’effectuer des heures supplémentaires. Cette mesure, loin d’être un avantage offert aux salariés, est en fait une possibilité pour les patrons de mettre en concurrence leurs salariés, les plus enclins à effectuer des heures supplémentaires prenant à leurs yeux un avantage sur le reste des salariés.
-Ensuite parce que cette mesure va avoir pour conséquence de réduire les rentrées fiscales, parce que les heures sup’ sont défiscalisées et parce qu’il devient moins couteux de faire des heures sup’ que d’embaucher de nouveaux personnels.

Or, il faut bien garder à l’esprit que notre salaire « global » est composé à la fois du salaire « direct », celui qui se trouve en bas de notre feuille de paie, et d’un salaire « indirect », c’est-à-dire l’ensemble des prestations sociales auxquelles nous avons droit (sécurité sociale, retraite, éducation gratuite…).

Il faut aussi garder à l’esprit que ce salaire « indirect », ces prestations sociales sont fortement liées aux rentrées fiscales. Qui dit baisse des rentrées, dit baisse des prestations et donc baisse du salaire « indirect » !!

A quoi assistons-nous ces dernières années : à une baisse continue de ce salaire indirect, déremboursement des médicaments, franchises médicales, allongement des cotisations retraites et baisse de cette même retraite…la liste est longue !

Le constat s’impose donc de lui-même et il est important de le diffuser : notre salaire global est en chute libre ! On nous propose de travailler plus pour gagner moins !

Ce que nous devons proposer c’est : changer plus pour gagner plus ! Changer radicalement la logique capitaliste par exemple en rétablissant les cotisations sur les heures supplémentaires, en supprimant les allégements de charge pour les entreprises, en conditionnant l’attribution de subventions publiques à la possibilité pour les salariés de peser dans les choix stratégiques des entreprises…Bien d’autres propositions existent que je n’évoquerai pas ici.

Les solutions existent, nous devons en débattre localement, pour ensuite les diffuser et les faire vivre. Nous devons, chacun d’entre nous, nous emparer du débat politique. Participer à la vie de structures politiques locales (je ne ferai pas ici de prosélytisme pour un parti en particulier, même si ma démarche s’inscrit dans la logique du Front de Gauche), sans nécessairement y adhérer mais en permettant d’y faire entendre sa voix, ses convictions ses propositions, de les partager et de les confronter peut nous permettre de nous enrichir politiquement et de partager autour de nous cette richesse.

J’ai la conviction que participer activement à la vie politique locale, permettre la diffusion (et l’application) de propositions alternatives est la seule solution qui permettra aux citoyens de voter et d’agir en conscience.

N’hésitez pas à réagir pour partager vos idées, vos divergences et enrichir cette réflexion

Cédric Forcadel, Romilly sur Andelle
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