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Crise Cardiaque : ce que serait nos vies sans infirmières publiques

Publie le vendredi 19 juin 2009 par Open-Publishing
3 commentaires

Une crise cardiaque.

Lisez cela comme une défense du service publique de santé.

C’est pas parce qu’on est sans coeur qu’on n’est pas sensible aux problèmes des gens, c’est simplement qu’on ne savait pas ce qu’était ce petit pincement.

Ce petit pincement mon cul.

Le monde s’écroule, c’est votre monde, c’est votre fin.
Pour les pompiers, c’est une intervention.

C’est trop con, pour une fois que j’avais pas trop bu.
Pin, pon, pin, pon.

Le pompier me demande ma date de naissance.
Mon lieu de naissance.
Et quel jour c’est aujourd’hui.
Il parait que je battais à 200 par minutes, je suis pas sûr d’avoir battu un record avant.

Le coeur s’arrête un jour, parole de pompier, parole d’infirmière.

Je me rappelle pas exactement de tout.
Pour une partie de l’humanité, pour une patrouille de pompier banale, c’est une crise.
Pour moi c’est la fin, pin, pon.

Non je ne m’appelle pas louis charles antoine de la petite grange, et je suis pas né en 1765.
Les lumières blanches violettes et pourpres ont disparues.

Voilà maintenant je suis dans un lit avec des fils blancs, rouges, bleus, jaunes, etc, scotchés sur ma peau.
Et la télé en haut de moi fait "Bip Bip Bip" en affichant des graphiques semi sinoisidaux.

ooahhhh !!!

Je suis comme dans la chambre en face, avec la petite vieille qui appuie sur son bouton pour appeler l’infirmière toutes les 10 minutes.
Mais je suis plus fort qu’elle, j’ai un "Pistolet", le truc qui sert à pisser quand on sort pas du lit, le truc que même les gonzesses elles n’ont pas.
Je suis en train de faire une "proche expérience de la mort".

Anormales les gouttes de sueurs sur mon front, anormales les données de "bmp" (battements par minute) de mon coeur, et sans doute anormale la composition chimique de mon sang (en terme de g/L).

Une infirmière brune, alors que ma sueur a inondé les courts draps reglementaires, vient tout prêt de moi et me demande à peu prêt combien de verres par jour.

Elle est jolie et douce, mais sa question est sans objet.

Mais pourquoi pas en bouteilles, en citernes et pourquoi c’est seulement les infirmières qui sont un peu gentilles dans les hopitaux ?

Ah je suis imprécis, et je déteste les médecins experts.

J’explique pourquoi ici, c’est ma contribution personnelle à la défense des services publiques de santé :

18h30 : je n’ai pas faim. Une femme (de service) vient m’apporter un plateau repas, composé :
De blettes salées (cela existe !!), d’un petit pot de faisselle assez bon, d’une tranche de jambon et de pomme vapeur.
Les gens déjà presque morts n’ont déjà pas faim, alors pourquoi donner cela à manger ???
En boisson, inutile de dire que niveau bière, NADA.
Le service, OK, rien à dire.

18h37 : Je termine la tranche de jambon et le petit pot de faisselle.

18h59 : Bon Ok, je mange aussi les blettes salées.

19h00 : Prise de tension par une infirmière. je demande pourquoi la poche reliée à mon bras ne fais plus plic-plic et elle me répond que c’est fermé la nuit mais que l’aiguille reste dans la veine pour ne pas qu’elle ne se ferme.
J’ai l’impression que c’est pas une nouvelle pour bien dormir la nuit, mais je lui dis aussi bonne nuit.

19h01-19h43 : les papiers peints des hopitaux des services publics, sont d’une originalité contestable.

19h44 : arrivée d’une vieille dame en urgence. Elle a mal car elle est tombée.

20H38 : Les infimières s’occupent toujours de la vieille dame qui a mal et qui crie très fort. En tant que spécialiste, je lui aurait donné un truc très fort pour lui fermer sa putain de gueule, mais je suis pas infirmière.

21h23 : La vielle dame continue a faire "arh, arh, arh", et les pas des infirmières "clip clap". Après le 15 juin, il fait toujours jour, ce qui fait qu’on voit bien la qualité du papier peint.

22H00 : Visite d’une infirmière . Non elle ne peut pas me retirer tous ces putains de fils, et oui mon pistolet de pisse a déjà été vidé par une autre, et oui, très bonne nuit.

22H13 : Eclat de voix : la vielle dame est tombée de son lit. Moi j’aimerai avoir sous la main un somnifère ultra puissant.

23H49 : Pour la 3 fois, le service de nuit a été remettre la vielle dame dans son lit. Je me demande depuis quand en France date la pénurie de sangles pour vieilles enervées.

00H00 : Visite de nuit d’une infirmière. Oh non tous mes putains de fils sont encore là.

01H28 : La nuit, sous certains angles, le papier peint a presque des aspects d’un de ne sait quoi de presque beau.

01H49 : J’ai compris pourquoi on meurt dans les hopitaux. Si j’avais un crayon ...

02H00 : Visite de nuit d’une infirmière. Non je ne dors pas lui réponds-je.

02H00 - 06H00 : Est-ce que je suis sûr que ces putains de fils, plantés dans mes bras, ne vont pas amorcer un processus inverses et commencer à POMPER mon sang dans les poches de plastiques, en eclaboussant le papier peint. Je crois que je suis en train de commencer à me lasser.

06H30 : quelques éclats de voix, il semble que c’est la fin du service de nuit.

06H30-08H00 : Plus jamais je ne dirai que c’est bon de rester au lit. plus jamais. plus jamais. plus jamais.

08H15 : Petit déjeuner : café au lait dans un grand bol avec un petit pain au lait et un bon morceau de pain avec une portion de beurre et de confiture de fraise. C’est faux de dire que les malades risquent de mourir de faim, on dirait au contraire que les plateaux sont là pour leur reprocher de ne pas avoir faim.

Il y a 3 castes distinctes dans les services hospitaliers :
- Les Maitres, les Docteurs, présents de 09H45 du matin jusqu’à 17H30 de la nuit.
- Les Infirmières, par équipes, qui sont les seules à être toujours présentes.
- Le personnel de nettoyage et de service, qui nettoient nos merdes dans le silence, comme des souris furtives.

08H39 : Bon ok je termine mon bol de café au lait.

08H44 : Je dis à l’infirmière que je veux m’en aller, que je veux quitter, que mon souhait est d’être ailleurs, que mon aspiration est de voir l’extérieur, que mon idéal profond est de ne plus voir le papier peint. Elle me sourit et me promet que les médecins seront là vers 09H00.

09H00 : Je constate avec tristesse l’absence des médecins. Ils sont ceux qui font sortir les malades.

09H15 : Comme une vieille dame, j’appuie sur le bouton pour appeler, et l’infirmière vient me dire que les médecins vont arriver.

09H19 : J’ai un rêve, j’ai une grosse seringue rouillée et le médecin me regarde avec stupéfaction et moi j’ai un petit sourire sadique, et puis ...

09H35 : Les medecins arrivent pour voir mon cas. Il m’expliquent la gravité, ils ne sont pas des infirmières. Létal que cela peut être, c’est à dire non vivant, si je déconne et ne respecte pas quelques indications.
Allez vous faire foutre, ne puis-je pas m’empêcher de penser, vous êtes pas des infirmières. Donnez moi ce papier de sortie, cette ordonnance, et libérez moi de ce papier peint.

09H58 : Le médecin doit poursuivre avec ses étudiants sa visite juste avant. Je ricane intérieurement. Tout mon être ricane intérieurement.

10H45 : Je suis dehors, je ne suis pas mort. j’ai compris la raison pour laquelle il faut un service publique de santé, c’est parce que de 21H00 à 06H00, rien de bien rentable est possible, et par contre c’est encore obligatoire de nettoyer la merde.

Je suis vivant, je ne jure pas d’arrêter de boire, mais si un jour j’offre des fleurs, c’est à une infirmière ou une de ces dames qui lavent le carrelage ou servent le mauvais café au lait, pas à un de ces connnards de medecins spécialistes.

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