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Clotilde Reiss, Salah Hamouri : deux poids deux mesures

Publie le mercredi 8 juillet 2009 par Open-Publishing
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Clotilde Reiss, Salah Hamouri : deux poids deux mesures
Par Jean-Claude Lefort
07/08/2009

Clotilde Reiss [1], âgée de 23 ans, a été arrêtée en Iran le 1er juillet au motif d’espionnage. De toute évidence, il s’agit d’une grossière manœuvre et d’une provocation des autorités de ce pays dont il est peu de dire qu’elles ne sont guère crédibles en matière de droits de l’homme.

Aussitôt, et à juste titre, le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, puis le Président Nicolas Sarkozy, sont montés au créneau et ont exigé sa libération immédiate.

Quelques jours avant, le 26 juin exactement, à l’occasion du troisième « anniversaire » de la détention du caporal Gilad Shalit [2], prisonnier de guerre, le même Bernard Kouchner publiait une déclaration officielle toute aussi nette :

« Nous ne cesserons de le répéter : la libération immédiate et inconditionnelle de Gilad est une priorité pour la France. »

Libérations immédiates et sans conditions de Clothilde Reiss et de Gilad Shalit, telles sont les exigences de la France.

Circulez, il n’y a rien à voir !

Et pendant ce temps-là, un jeune franco-palestinien, qui ne portait pas l’uniforme d’une armée d’occupation, est, tout comme Clothilde Reiss, l’objet d’un emprisonnement totalement illégal. Il s’agit de Salah Hamouri, qui a été jugé par un tribunal militaire israélien d’occupation installé en Cisjordanie, un tribunal illégitime en son principe, sur la base d’un dossier vide bien que préparé par les services spéciaux israéliens.

Salah Hamouri, lui, est laissé dans l’ombre. Pour lui, ainsi que le demande son Comité national de soutien [3], pas la moindre exigence de libération formulée par les autorités françaises. Pour lui : silence ! Pour lui : sentence ! Pour lui : prison ! Pour lui : rien !

Et pourquoi ? Tout « simplement » parce que l’Elysée, tout comme le Quai d’Orsay, estiment qu’Israël est un Etat de droit et donc que, s’il est en prison, c’est qu’il devait et doit l’être.

Circulez, il n’y a rien à voir ! On doit fermer les yeux sur l’attitude de cet Etat quand il occupe, et il occupe et colonise, des territoires qui ne lui appartiennent pas. On n’est pas dans le territoire israélien, là. On est dans une partie de la Palestine historique occupée depuis des années et des années par l’Etat d’Israël qui, de ce fait, est condamné régulièrement par les instances internationales.

« Salah Hamouri doit rester en prison car même s’il n’a rien fait, il aurait pu le faire et de toute façon il est Palestinien ! »

Salah Hamouri n’a pas tué quelqu’un ni dans ces Territoires ni à Tel-Aviv, par exemple, pas plus qu’à Jérusalem-Est occupée. Il n’a rien volé. Rien fait d’autre que de passer, de nuit en voiture, devant le domicile d’un rabbin extrémiste notoire. C’est tout. Et pour cela il a écopé de sept ans de prison par un tribunal militaire d’occupation. Il a aujourd’hui 24 ans.

Cela fait quatre ans qu’il est en prison. Quatre ans sans que la France ne lève le petit doigt pour lui. Il est né du mauvais côté du mur - c’est le cas de le dire - et il présente un défaut majeur : il est français mais aussi palestinien. Et tout Palestinien, s’il n’est pas terroriste, est considéré comme potentiellement terroriste. De même ne dit-on pas que si tous les Arabes ne sont pas des terroristes, tous les terroristes sont des Arabes ?

C’est ainsi que le fait d’être passé devant le domicile dudit rabbin a conduit les militaires à considérer qu’il avait l’intention de le tuer. Il ne l’a pas fait -ce rabbin est bien en vie et son parti Shas participe au gouvernement d’extrême droite de Netanyahu- mais il aurait pu le faire. C’est gros, non ? Eh bien la France ne demande pourtant pas sa libération.

J’ai accompagné sa mère, Denise Hamouri, à l’Elysée, où un conseiller du Président - pas le Président qui était occupé - l’a reçue. Même son de cloche.

Mais un véritable « os » se présente devant eux : outre la mobilisation qui entraîne des milliers de citoyens et d’élus, il se trouve que la loi, israélienne cette fois, stipule qu’aux deux tiers de sa peine exécutée, tout prisonnier politique palestinien peut « bénéficier » d’une remise de peine (une libération anticipée).

Peu en bénéficient en vérité car « terroriste tu es, terroriste tu resteras ».

Pour Salah Hamouri l’audience est fixée le 28 juillet. Il peut recouvrer la liberté au terme de la loi israélienne cette fois. Pour cela, il faut bien sûr une forte exigence de la France.

La France va-t-elle continuer à dire : « Libération pour Clothilde ! », « Libération pour Gilad ! » Et dire aussi dans le même temps :

« Salah Hamouri doit rester en prison car même s’il n’a rien fait, il aurait pu le faire et de toute façon il est Palestinien ! »

Le « deux poids, deux mesures » n’est pas la justice. C’est la haine érigée en loi. C’est la loi du Talion qui est le contraire du droit.

Et puis, au-delà de Salah, c’est aussi la cohésion nationale qu’on met à mal. Car c’est toujours du même côté que ça tombe. Tandis qu’« il pleut toujours où c’est mouillé ! ».

Un Franco-Palestinien en prison : Salah Hamouri existe-t-il ? [4]
Affaire Salah Hamouri : la réponse de l’ambassade d’Israël [5]
Paris exige la libération de la Française détenue en Iran, sur LeFigaro.fr [6]
Le site du Comité ntional de soutien à Salah Hamouri [7]
Le blog de soutien à Guilad Shalit [8]


URL source : http://www.rue89.com/2009/07/08/clotilde-reiss-salah-hamouri-deux-poids-deux-mesures

Messages

  • La justice Française ne vaut pas mieux que la justice Iranienne dans certaine affaire.
    Pourtant les autorités Française se permettent d’exiger la libération de Clotilde REISS aux autorités Iranienne.
    Les gouvernements Français ont la fâcheuse manie d’imposer sa vision de la justice à certain pays, un vestige de la colonisation dépassé.
    Tout cette histoire ne doit pas nous faire oublier notre compatriote Julien COUPAT qui dort dans une prison bien Française avec la bienveillance de ce même gouvernement sans que personne ne s’émeu à part ses proches.
    Clotilde et Julien se battent tous les deux pour être libéré, à la différence que sous la pression ou pas Julien a toujours clamé son innocence.
    La France n’est pas capable de respecter les doits de l’accusé chez lui mais veut imposer les doits des accusés Français à l’étranger.
    L’Iran est un pays souverain tout comme la France, de ce fait on doit respecter sa justice et trouver une autre solution diplomatique pour libérer Clotilde si elle le mérite.
    En conséquence si Clotilde a bien pris des photos et ce trouvais proche des manifestations selon ses dires.
    En conséquence si aucun élément ne prouve que Julien se trouvait sur les lieux du sabotage.
    En conséquence si le gouvernement estime que Clotilde doit être libéré alors Julien doit être libre en France aussi.
    3reglescitoyen.over-blog.com