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Réponse PPLD aux NPA et PG...

Publie le dimanche 12 juillet 2009 par Open-Publishing
4 commentaires

Lettre ouverte en réponse à la déclaration commune NPA/PG du 30 Juin
5 juillet 2009

Nous souhaitons par cette lettre, réagir de façon positive à votre initiative. Notre réaction se situant en continuité des rencontres que nous avons précédemment eues, ensemble, avant les élections européennes.

En réponse aux urgences mondiales, sociales, écologiques et humaines, nous avons besoin d’étudier, d’offrir et de nous emparer d’un projet politique en rupture radicale avec le modèle économique et politique dominant.

Faute d’un tel projet et d’un débat de fond au moins entamé, l’unité tant désirée par la base des militants et des électeurs de « l’autre gauche » ne produirait au mieux qu’un cartel électoral, lourd de futures déceptions.

Le système capitaliste dominant et mondialisé, profondément inégalitaire, fondé sur le concept de « développement et de progrès technologique », se révèle destructeur de nos écosystèmes et des liens humains qui fondent le vivre-ensemble solidaire. En son sein, les réponses apportées par la sociale-démocratie, gestionnaire docile du libéralisme nous conduisent aux mêmes impasses.

Seule une réflexion critique et radicale du modèle productiviste permettra de remettre en cause les notions de croissance et de développement et leurs corollaires : misère, perte des biens et des liens fondamentaux, aliénations, perte de souveraineté, concurrence entre les peuples et les individus.

A cette fin , il est nécessaire qu’un pôle de radicalité anticapitaliste, écologique et social, s’affirme de façon autonome non seulement pour proposer une alternative politique, mais aussi pour s’engager dans des actions, luttes sociales et expérimentations concrètes (”Urgence climatique, Justice sociale”, crise financière, revenu universel).

Y compris dans le domaine institutionnel, nous devons rompre avec le bipartisme et le système majoritaire qui empêchent toute émergence d’initiatives en rupture avec l’idéologie dominante.

C’est pour cela que nous nous permettons tout d’abord de pointer les insuffisances de votre texte commun.

Face à l’offensive mondiale de dérégulation et de précarisation des individus et des groupes sociaux, il nous semble que les revendications « d’augmentation des salaires, de garantie de l’emploi et d’âge de départ à la retraite » sont inadaptées et restent dans une logique “d’accompagnement” du système. Pour aller, au contraire, vers l’émancipation sociale, il faut garantir non pas l’emploi mais le revenu, et cela tout au long de la vie, par un revenu d’autonomie inconditionnel, accompagné d’un revenu maximal autorisé et de la gratuité du bon usage des services et des biens fondamentaux. De même, il faut obtenir une diminution drastique de l’emploi contraint pour libérer l’activité créatrice et partager le travail par la maîtrise des usages par les usagers.

Le combat écologique (notamment antinucléaire) ne se réduit pas à la lutte contre l’EPR ; il faut nécessairement remettre en cause notre modèle de civilisation, c’est-à-dire à la fois nos modes de productions et les produits que nous consommons, pour espérer retrouver un équilibre viable de nos écosystèmes planétaires et le maintien de la diversité des cultures des groupes humains.

Proposer un projet alternatif de rupture écologique et sociale ne consiste pas uniquement à additionner des formations d’origine et de culture politique différentes : il faut être en capacité d’élaborer des propositions radicales, désirables et surtout pertinentes face aux urgences planétaires…

Nous trouvons donc insuffisant que votre seule critique vis-à-vis d’Europe Ecologie porte sur leur volonté de dépasser le clivage gauche/droite, dépassement qui nous semble pertinent quant il s’agit de rompre avec l’hypothèse sociale-démocrate et envisager de véritables ruptures avec le capitalisme et le productivisme. Mais nous craignons qu’il s’agisse plutôt de profonde incompréhension des paradigmes de l’écologie politique.

Nous trouvons aussi dommage que vous ne critiquiez pas plus radicalement les bilans des gestions néolibérales des majorités « gauche plurielle » dans les régions et le rôle d’alliés dociles que jouent les élus verts mais aussi les élus du parti communiste. Comment ne pas critiquer ceux qui, à des postes de vice-présidence, mettent en application dans les régions les politiques libérales européennes par la transcription des directives de la PAC, de la politique des transports, de la mise en concurrence, des délocalisations ?

Enfin, il ne suffit pas dans l’avenir de garder sa liberté de vote dans les conseils régionaux, si l’on ne garantit pas à nos électeurs leur juste et intégrale représentation proportionnelle et que l’on donne un chèque en blanc à des majorités sociales-libérales sans possibilité de contrôle sur leurs actions et sans moyen d’exercer un contre-pouvoir par les mouvements sociaux.

Néanmoins, votre déclaration commune ouvre enfin la possibilité du débat et nous souhaitons voir émerger un tel pôle de radicalité.

Nous sommes donc partie prenante pour participer aux premières réunions communes élargies et nous vous proposons même d’en organiser une à l’occasion d’un événement symbolique où nous serons tous présents : la Semaine de Résistance, du 1er au 9 août, à Notre Dame des Landes (44).

Nous intervenons tous ensemble à un débat sur ce thème le 7 Août ; nous vous proposons donc de nous retrouver à une réunion de travail le 8 au matin, sur place ou à Nantes.

Cette proposition est symbolique de notre engagement dans des luttes concrètes contres les méfaits du productivisme, l’absurdité du développement du transport aérien, alors que s’accentuent la crise climatique et la nécessité de sauvegarder les terres cultivables…

Dans l’espoir d’une réponse positive, recevez notre fraternel salut.

Pour l’Association des Objecteurs de Croissance (AdOC-France)

* Rémy Cardinale – remycardinale@laposte.net - 06 11 91 88 18
* Michel Lepesant - altergauche26@free.fr - 09 77 31 08 64
* Vincent Liegey – vliegey@gmail.com - 06 07 36 94 51
* Christian Sunt – ecolib@free.fr - 06 71 97 43 65

Messages

  • La prochaine bulle spéculative sera écolo

    Posté par 2goldfish le 06.07.09 à 10:51 | tags : economie, ecologie

    Dans un article pour Rolling Stone, le journaliste Matt Taibbi présente des arguments convaincants contre la banque d’investissement Goldman-Sachs qu’il accuse d’être à l’origine de toutes les bulles économiques de ces dernières années, de celle de l’internet à celle des subprimes en passant par l’explosion des prix du pétrole. Le tout grâce à un réseau d’ancien dirigeants haut placé, de la Maison Blanche au Trésor américain.

    Et ne placez pas trop d’espoirs en Obama pour changer ça, ils étaient déjà là sous Clinton, sont restés sous Bush et ont abondamment financé la campagne du petit dernier.

    Taibbi a même vu l’avenir : Goldman Sachs fait pression pour obtenir la création d’un marché des crédits-carbones aux USA comme nous en avons un en Europe depuis 2005......

    http://societe.fluctuat.net/blog/38729-la-prochaine-bulle-speculative-sera-ecolo.html

     

  • "Nous trouvons donc insuffisant que votre seule critique vis-à-vis d’Europe Ecologie porte sur leur volonté de dépasser le clivage gauche/droite, dépassement qui nous semble pertinent quant il s’agit de rompre avec l’hypothèse sociale-démocrate et envisager de véritables ruptures avec le capitalisme et le productivisme."

    Ah bon ? Donc la rupture avec le capitalisme et le productivisme n’est ni de droite ni de gauche...! Elle se situe ailleurs, alors, comme Rocard ?

    S’il y a un clivage gauche/droite c’est historiquement (Révolution Française) parce qu’il y a des pauvres et des riches, un peuple laborieux et une élite nantie. Les représentants des premiers siégeant à la gauche du perchoir de l’Assemblée, ceux des seconds à droite.

    Mais si les rôles sont interchangaebles, comme veut nous le faire croire Cohn-Bendit qui est pour le travail du dimanche et la privatisation de l’Université (entre autres), allons-y gaiement et feignons de croire que cette hypothèse-là ne ressemble pas à s’y méprendre à l’hypothèse sociale-démocrate...

    • Juste une question.

      N’en est-on pas arrivé, avec le temps, à une gauche qui n’est plus aujourd’hui qu’incantatoire ? Incantatoire dans un milieu de plus en plus confiné entre médias dominants et militants chevronés.

      Les social-démocraties "raisonnables" ont fait la preuve que bien souvent nos sociétés capitalistes étaient mieux "gérées" (c’est à dire mieux étouffées) par la gauche que par la droite.

      L’équivoque est donc de mise et les propositions du PCF pour ancrer la gauche à gauche, il y a peu, ont entretenu encore davantage cet équivoque propre aux politiciens professionnels, politiciens bien éloignés du terrain de plus en plus large des abstentionnistes abandonné à lui-même.

      Alors, vraie gauche, gauche de la gauche, tout ceci semble d’abord ordonné, souvent à notre insu, pour que l’idée de gauche perdure malgré l’état de délabrement des organisations politiques qui l’ont incarné.

      Ne peut-on voir aussi dans cet attachement à 1789 l’indice d’un attachement profond aux institutions bourgeoises qui ont, de conserve avec le capital et la religion, engendré dans leurs matrices des organisations pour le mieux "progressistes"et "défensives".

      Je ne sais pas ce que DCB a en tête, et sans doute lui non plus, avec cet affaire de dépassement de la droite et de la gauche.

      En revanche, que des blocs non référés à cette alternative sommaire aient étés dans le passé consistants (résistance au nazisme) et que d’autres chantiers comme ceux de l’écologie ou de la crise climatique puissent trouver dans ces nouveaux blocs de quoi laisser sur place de nombreuses organisations politiques qui se proposent d’ancrer la gauche à l’extrème gauche....,voilà malheureusement ce qui est probable.
      Il est des domaines ou la réalité va plus vite que les stratégies politiques (peut-être trop préoccupées d’alliances et d’élections)et on le regrette.

      Jean-Frédéric

  • J’ai lu avec attention votre compte rendu.
    Je réagis pour vous en remercier et pour vous dire que je me retrouve largement dans vos diverses remarques et analyses.
    J’avais commencé un peu dans cet esprit il y a quelques jours un petit texte en réaction à deux articles, l’un de D. Bensaïd et l’autre de S. Joshua.

    Esquiver le Capital ?
    Contre Marx, ce sera peut-être le refus et le mépris de ce système qui trancheront.
    Daniel Bensaïd avance en effet que :
    « Poser la question de savoir s’il y a une vie au-delà du capitalisme et à quoi ressemblerait un modèle alternatif de société, c’est (…) risquer de s’engager sur la pente de spéculations utopiques, abstraction faite des incertitudes de la lutte des classes et des rapports de forces politiques. Soucieux de trouver les alternatives les plus concrètes possibles à la logique du marché, Thomas Coutrot propose « l’affirmation par la société civile de contre-pouvoirs faisant pression sur l’Etat et le Capital, et la construction directe de forces économiques alternatives, autrement dit le contrôle citoyen sur l’économie solidaire. »
    Qu’en est-il aujourd’hui de notre relation à ces contre-pouvoirs, à ces zones de résistance ?
    Peut-on considérer que des initiatives non-capitalistes sont possibles quand bien même la totalité de l’édifice capitaliste et de ses ramifications institutionnelles et étatiques ne serait pas détruits ?
    Non seulement un « autre monde est possible » mais il est, « depuis toujours déjà », engagé dans des pratiques politiques et économiques exemplaires. Ainsi, et dans des contextes sociaux et politiques divers, les luttes d’émancipation ont démontré des importantes capacités d’invention en matière d’organisation populaire par exemple .
    Commune de Paris, comités, conseils, coopératives en Russie, Communes autogérées de la république en Espagne, Yougoslavie, Algérie, Pouvoirs populaires et cordons industriels au Chili, et initiatives plus actuelles en Amérique latine et en Afrique…
    Ces initiatives citoyennes et/ou d’autogestion ne sont-elles pas des preuves que d’autres rapports de production, d’autres formes de démocratie sont possibles sans que la totalité de l’édifice capitaliste soit anéanti.
    D’autre part, ces initiatives concrètes exemplifient et soutiennent à la fois souvent le discours révolutionnaire qui peut y adosser avec prudence ses propositions de changement généralisé (risque de standardisation et d’homogénéisation là où la diversité est essentielle si elle veut rester vivante…)
    Sans ces pratiques en référence des discours, ces derniers ne seraient-ils pas que des incantations assez dérisoires.
    Comme le fait remarquer F. Chesnais par ailleurs, « le mouvement de prise de conscience et de tentative d’organisation, dont Porto Alegre, Gênes et Florence ont été un temps l’expression, contribuent à pousser beaucoup de salarié(e)s et de jeunes à se tourner vers un parti qui proclame haut et fort son anticapitalisme ».
    A ceci près ... peut-on ajouter... que ces proclamations ne sauraient faire l’économie d’une référence explicite aux « formations de résistance » concrètes de notre temps, aux réalisations révolutionnaires et aux alternatives actuelles fort diverses au système sans se couper de son temps.
    Il convient désormais probablement de ne pas passer sous silence non plus des formes plus inédites d’économie sociale ou solidaire (S.E.L., AMAP, échanges de savoir, logiciels libres, etc..)
    Ce mouvement, qui invente de nouvelles voies politiques, économiques et de production (S.E.L. , AMAP, objection de croissance) pourrait bien apparaître encore davantage prochainement pour les jeunes en particuliers, comme une façon de ne plus légitimer un système qui, dès a présent , s’annonce comme de moins en moins fiable (exclusion, précarité, conditions du salariat dégradées, temps de travail, retraites compromises). En parallèle du Capital, il existe en effet de plus en plus d’initiatives locales, de réseaux alternatifs, de façons d’esquiver le Capital et de s’en détourner. Les expériences sur la cote ouest des USA et relatées par le Monde diplomatique vont aussi dans ce sens.
    Comme après 1968 mais à une autre échelle, on peut faire l’hypothèse d’un accroissement des décisions individuelles ou collectives à venir pour quitter ce système dont l’horreur, malgré ses procédés sophistiqués, devient de plus en plus manifeste.
    Il y aura sans doute aussi chez nombre de militants politiques la volonté de ne pas se rendre dépendant de la fin du système.
    Il s’agira alors sans doute simplement de « vivre au mieux » dans des espaces parallèles moins exposés aux contradictions et aux contraintes des sociétés capitalistes. Cette démarche s’accompagnera le plus souvent d’un renoncement à la lutte politique dans ses formes traditionnelles si celle-ci ne prend pas la mesure de ses propres impasses.
    Ces pratiques, en effet, n’ interrogent pas la propriété, en tout cas pas comme étant une question préalable.
    Même si ce fantasme est sans doute ici ou là présent, elles ne sont pas non plus à la recherche d’un « encerclement » progressif du pouvoir capitaliste dans la tradition des socialismes utopiques. Il ne s’agit plus aujourd’hui d’encercler, mais de laisser dépérir un pouvoir capitaliste probablement moribond mais qui nous a aussi habitué à quelques résurrections.
    Contre Marx en effet, ce sera peut-être le refus et le mépris de ce système qui trancheront.
    Le refus de persister dans un monde sans horizon crédible de transformation et qui assimile dans ses institutions jusques aux forces qui prétendent le détruire mais dont les décisions reposent sur la recherche de consensus entre « gens raisonnables ».
    Dès lors, la réflexion sur la question des formes politiques ne doit-elle pas pouvoir se faire de façon ouverte. En effet, la question d’une alternative entre la voie réformiste ou la voie révolutionnaire, (tout comme au reste la question des alliances politiques) est sans doute par essence spéculative dès qu’elle tourne le dos aux expérimentations concrètes ou aux initiatives locales complexes, et souvent paradoxales.
    Il faudrait démontrer sur la base de ces tentatives que les deux hypothèses (celle de la voie réformiste et celle de la voie révolutionnaire comme prise du pouvoir) ne sont pas compatibles et que le principe d’un processus de changement révolutionnaire combinant les deux voies n’est pas pertinent. Le nouveau paradigme est déjà sans doute à lire en filigrane dans les esquisses du mouvement social et décroissant.
    Marx écrit que c’est « une erreur de faire tant de cas de ce qu’on nomme partage ». Il rappelle en particulier qu’à « toute époque la répartition des objets n’est que la conséquence de la manière dont sont distribuées les conditions de la production elle-même ». Restant dans le paradigme marxiste classique, François Chesnais a raison quand il dit que « l’enjeu pour les salarié(e)s et la jeunesse n’est pas le « partage des richesses », mais la maîtrise sur les moyens qui servent à les produire et sur les décisions portant sur quoi doit être produit, pour qui et comment ».
    Ce a quoi il conviendrait aujourd’hui d’ajouter pour sortir de la seule question de la production, les conditions de la mise en circulation et de la distribution des biens et des forces productives à l’échelle mondiale.
    Au-delà de la maîtrise de la production, c’est également « le mode vie » capitaliste lui-même qui est contesté et qui est sans doute de plus en plus perçu dans son horreur intrinsèque.
    Jean-Frédéric