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Willy Ronis est mort

Publie le samedi 12 septembre 2009 par Open-Publishing
5 commentaires

de DF

Je trouve que personne n’a photographié la classe ouvrière et le peuple aussi bien que lui.

Qui saura photographier le proletariat d’aujourd’hui comme lui ?

Il faisait aussi de très belles photos de nus ce qui n’est pas incompatible !

Décès de Willy Ronis, photographe de Paris

Le photographe Willy Ronis, qui a immortalisé en noir et blanc la vie quotidienne des Parisiens, s’est éteint samedi. Les amoureux qui admirent la capitale depuis le sommet de la Colonne de Juillet ou encore le gamin qui court, souriant, avec sa baguette sous le bras font partie de ses célèbres clichés pris sur le vif.

Agé de 99 ans, il était sous dialyse depuis quelque temps. Il est décédé tôt samedi matin dans un hôpital parisien, a-t-on appris auprès de Stéphane Ledoux, président d’Eyedea Presse, la société dont dépend désormais Rapho, agence à laquelle Willy Ronis a toujours été fidèle.

Né le 14 août 1910 dans le IXe arrondissement parisien, Willy Ronis a fait partie après la Seconde Guerre mondiale de ce qu’on a appelé l’école humaniste française, au côté de Robert Doisneau et d’Edouard Boubat.

Il s’est mis à la photographie dans les années 1930 pour aider son père qui avait un studio de portraits près de la place de la République. Après la mort de ce dernier, il réalise son premier reportage, sur le 14 juillet 1936, celui du Front populaire. Son portrait d’une fillette coiffée d’un bonnet phrygien, le poing brandi, est publié dans "L’Humanité". En 1938, il suit la grève aux usines Javel-Citroën pour le magazine "Regards".

Pendant l’Occupation, Willy Ronis gagne clandestinement la zone libre. Ses parents juifs étaient arrivés en France après avoir fui les pogroms -sa mère était d’origine lituanienne et son père d’origine ukrainienne- et il ne voulait pas porter l’étoile jaune. Il vit de petits boulots. Il est un temps l’assistant d’une peintre sur bijoux, Marie-Anne Lansiaux, qu’il épouse à la Libération.

Il découvre alors Belleville et Ménilmontant. "C’était un peu un quartier de rêve", a-t-il raconté lors d’un entretien accordé en 2005 à l’Associated Press. "C’était plus villageois que parisien."

C’est dans les années 1950 qu’il prend certains de ses clichés les plus célèbres, avec une affection particulière pour le Paris populaire. "J’ai toujours beaucoup respecté les gens que je photographiais", soulignait-il. "C’est pour ça que mes sujets ne m’ont jamais accusé de leur avoir volé leur image, de leur voler leur âme", disait-il en riant.

Les années 1960 sont plus difficiles car la presse passe d’une photographie d’illustration à une photographie du scoop et du choc. "Et moi, la photo choc, ça ne m’intéressait pas, ce n’était pas mon tempérament".

Willy Ronis est également célèbre pour ses autoportraits. L’un d’eux, "Nirvana", a été pris durant un saut en parachute, à 85 ans. Pour ses nus féminins aussi. Sa dernière photo est d’ailleurs un nu, réalisé en 2001.

Pour choisir le meilleur angle, il a toujours refusé de travailler avec un pied, ce qui nécessite une grande stabilité. Estimant ne plus avoir cet équilibre, il a rangé ses appareils en 2001. "Mais vous savez, j’ai fait des photos pendant 72-73 ans", disait-il, "alors je peux m’arrêter sans gros chagrin".

Il s’était rendu en juillet en chaise roulante à l’hommage que lui rendaient les 40es Rencontres d’Arles, festival dont la clôture est prévue ce dimanche.

"Willy Ronis savait, avec grâce, exprimer l’âme d’un lieu ou restituer l’éclat d’un visage", a souligné le maire de Paris Bertrand Delanoë, dont la municipalité avait organisé en 2006 une vaste rétrospective de l’oeuvre du photographe. "Avec lui s’éteint un regard acéré, tendre et profond sur la ville et sur la vie."

Frédéric Mitterrand a salué la mémoire de "l’un des plus grands maîtres de la photographie". Ce "gamin de Paris idéal" a su fixer "la poésie de notre quotidien", a noté le ministre de la Culture. "Il a posé un regard tendre, tout un siècle durant, sur des existences dont il savait saisir et immortaliser la grâce fugitive."

Le Premier ministre François Fillon a rendu "hommage au dévouement de Willy Ronis en faveur des jeunes photographes et à sa générosité, qui l’a conduit à léguer son oeuvre à l’Etat dès 1983".

Enfin, l’Elysée a rappelé que "Willy Ronis a immortalisé pour nous et pour les générations à venir une France populaire et poétique".

http://tempsreel.nouvelobs.com/depe...

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