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Apocalypse : deux remarques

Publie le mercredi 16 septembre 2009 par Open-Publishing
4 commentaires

de Bernard Gensane

Deux passages ont retenu mon attention durant le deuxième volet (15/09/09) du documentaire “ Apocalypse ”. C’est très subjectif, mais on ne se refait pas.

On nous montre, pendant quelques secondes l’actrice Magda Schneider « présentée au Führer à Berchtesgaden. » Aux pieds d’Hitler, quelques têtes blondes jouent gaiement. Parmi elles : Romy Schneider, âgée de trois ans.

Ce bref épisode ne correspond pas à la réalité. Magda Schneider, la brave et plon-plon mère de Sissi impératrice, était une amie de Martin Bormann, très proche conseiller d’Hitler, camarade de Rudolf Höß, le futur commandant d’Auschwitz. C’est Bormann qui fit construire le Nid d’aigle où les grands dignitaires du régime se retrouvaient en famille. Il fallait être très proche de ces cercles pour être reçu dans ce site sublime. Le chalet de Magda était situé à une vingtaine de kilomètres de Berchtesgaden. Romy fréquentera d’ailleurs l’école primaire de cette petite ville à la fin de la guerre.

C’était cela aussi, le nazisme : l’image chaleureuse d’une actrice des familles et l’amitié de l’homme de confiance d’Hitler. Magda a-t-elle jamais su si Bormann s’était suicidé en 1945 ou s’il était parvenu à se réfugier en Amérique latine ?

Est-ce à cause de ce lourd passé que Romy a, consciemment ou inconsciemment, donné à ses deux enfants les prénoms de David et Sarah ?

Autre bref moment sans aucun rapport avec le précédent : on nous parle d’un brillant général allemand comptant parmi ses hauts faits d’armes la prise de plusieurs villes françaises, dont Arras. Loin de moi l’idée de dénigrer les qualités de cet officier, mais l’armée allemande a pris Arras encore plus facilement que les révolutionnaires français la Bastille.

Cela m’a été raconté maintes et maintes fois par mon père et mon grand père qui vivaient à l’époque dans le chef-lieu du Pas-de-Calais.

La veille de l’entrée des Allemands dans Arras, un (pas deux) avion a survolé la ville. Très lentement et très bas. Mon père m’a toujours dis qu’il aurait pu reconnaître le pilote dans la rue, et que s’il avait disposé d’un fusil ce jour-là il aurait pu facilement toucher l’aéronef. Au bout d’une dizaine de minutes, on entendit deux petites explosions dans le lointain. Le pilote allemand s’était délesté de deux bombes, sans causer de vrais dégâts, avant de repartir d’où il était venu.

Le lendemain, une imposante colonne allemande se présenta à l’entrée d’Arras – ville de garnison, patrie de “ L’ami Bidasse ”, ne l’oublions pas. Il n’y eut aucune résistance militaire face à cette invasion. Ou plutôt, si. Un (pas deux) soldat anglais, armé d’une mitrailleuse, se plaça dans l’enfilade du boulevard par lequel les Allemands progressaient et il tira. Il parvint à arrêter l’avance des Allemands pendant une demi-heure avant d’être abattu.

Tout cela pour dire que la “ désorganisation ” de l’armée française (supérieure en nombre et en armement à la Reichswehr à ce moment précis des hostilités) n’était pas le fait du hasard. Au plus haut niveau de l’État-major et de certaines sphères politiques, l’ordre fut bel et bien de ne pas se battre. En tout cas , le moins possible. Mieux valait Hitler que le Front populaire.

Messages

  • être du pas de calais, ça nous fait donc un point commun !

    ma grand mère vivait à hénin qui s’appelait liétard à l’époque

    un autre point commun : les critiques à émettre sur Apocalypses.

    c’est très juste ce que tu dis

    moi aussi ça m’a frappée

    et pas que ça

    je n’ai pas aimé la phrase

    "les alliés doivent affronter les fourmis rouges, les moustiques, les sangsues et les japonais".

    et je n’ai pas aimé non plus qu’on présente chaque soldat allemand (de la wehrmacht) comme un parfait salopard qui prenait des films et des photos de ses massacres pour les "montrer à sa famille" en permission..ça a du arriver mais je ne dirais pas que c’était la majorité des soldats allemands

    romain gary (qui savait de quoi il causait quand même, sur le sujet, à double titre) a magnifiquement parlé de cette guerre dans son sublime "éducation européenne"

    si on continue à faire passer cette guerre pour le fait de fous sanguinaires et inhumains du début à la fin on ne pourra jamais lui rendre la couleur qui était la sienne au fond

    c à d

    une guerre des peuples de malheureux prolos qui se sont entregorgés pour des intérêts exclusivement stratégiques, économiques et industriels et la défaite de la social démocratie européenne bien avant 39 !!!!

    il y a eu bien des allemands soldats ou pas pour qui cette guerre était un cauchemar

    bien des français soldats ou pas qui ont pris plaisir à tuer et à déporter

    et vice versa

    la résistance allemande on n’en parle jamais mais elle a existé aussi

    et il se trouve que oui elle était majoritairement "de gauche" ET chrétienne là bas aussi

    orchestre rouge la rose blanche etc

    elle était aussi DANS l’armée allemande.

    pour eux la résistance avait commencé avant la guerre

    parce que le sale petit moustachu ils se le sont cognés dès 33...

    revoir les ouvrages d’annie lacroix riz notamment sur le sujet et "le choix de la défaite".

    LL

  • C’est vrai que y a parfois un petit côté cocorico dans Apocalypse, du style "les français n’ont pas démérité", etc.

    J’avais jamais envisagé une défaite organisée, comme dit l’auteur de l’article, parce qu’il "vaut mieux Hitler que le front populaire". C’est vrai que quand on se penche sur le cas de l’Esapagne quelques années avant, c’est clairement le choix de Churchill (mais aussi de Léon Blum alors ?) de laisser crever la république, et de laisser la réaction l’emporter plutôt que de voir une révolution trimpher au sud de l’Europe. Donc c’est possible, si ce n’est probable. Vos témoignages sont intéressants.

    Une chose est certaine, quand on voit ce docu avec des yeux qui filtrent rouge, ce qui est frappant c’est cette destruction insensée des forces productives, hommes et capitaux, ce choix d’orienter toute la machine de production vers des engins de mort. Tous ces hommes qui partent bousiller une petite ile du pacifique qui n’a rien demandé, qui passent 6 ans entre la boue, les machines infernales... Sur que le titre du docu est bien choisi.

    Je sais pas s’il y a des travaux là dessus, mais je me disais que le vieux Trotsky avait prévu la guerre en disant que "les forces productives ont cessé de croitre". La première phase du systême fordiste était entrée en décadence. Je sais pas si on peut faire le lien entre cette décadence et le fait que la "solution finale" ait poussé le mode de production fordiste jusqu’à l’horreur absolue, lorsque l’humain est à la fois main d’oeuvre esclave, matière première, carburant. Si quelqu’un a des conseils de lectures là dessus merci d’avance.

    • Les Allemands en ont pas marre d’être les "vedettes" de toutes ces soirées TV sur la seconde guerre mondiale ? Sans vouloir faire de négationnisme, trop c’est trop, surtout si ça n’apporte pas la dimension critique évoquée par exemple dans le film "le pantalon rouge"

  • le front populaire n’était plus au pouvoir à la Déclaration de la guerre en 1939.
    Nos généraux à l’exception de quelques uns vu "leurs niveaux "s’il avait voulu
    perdre la guerre eussent été fichus de la gagner ....
    Ce pauvre Gal Gamelin pensait que les Polonais tiendrait juqu’en 1942...
    Généralissime s’il vous plait !