Accueil > L’île de la Réunion se résume t-elle à Johnny Halliday et la grippe A/H1N1 ?

L’île de la Réunion se résume t-elle à Johnny Halliday et la grippe A/H1N1 ?

Publie le lundi 21 septembre 2009 par Open-Publishing
4 commentaires

C’est Zinfo974 qui nous l’apprend : "Une rumeur qui circule avec de plus en plus d’insistance laisse entendre que le Président de la République a prévu un déplacement dans l’île début novembre. Aucune confirmation officielle pour le moment mais, à moins qu’un évènement imprévu ne change son emploi du temps, il apparait de plus en plus évident qu’un déplacement présidentiel est programmé à cette date"

Un lecteur apporte ce commentaire : "Moins froussard que Johnny le ptit Nicolas... " Un autre se permet ce trait d’humour : "passe-partout et mimi mathy seront ils du voyage pour la haie d’honneur devant les cameras ? " et un autre pose ce que nous qualifions de bonnes questions :

"1) N’y aura t il que des soutiens ou encartés ump pour l’accueillir ?

2) Devra t on sélectionner des personnes de petite taille pour ne pas lui faire de l’ombre..(quoi que de l’ombre, en novembre, c’est parfois salutaire pour éviter les marques du soleil ... des fois qu’un malaise vagal ....)

3) faudra t il dépenser ce qui avait été nécessaire (d’ailleurs...qui a payé la note à l’époque ??) lors de sa dernière visite, pour aménager à ses besoins la chambre de la préfecture où il dormira ... ?"

Et pourtant, lorsqu’on évoque l’île de la Réunion ces derniers temps, dans les media, de la métropole, il ne semble exister que deux sujets : L’annulation du concert de Johnny Halliday et la grippe A/H1N1.

Il faut dire que l’un va avec l’autre. En effet, on pouvait lire dans la presse people que : "Le 20 septembre prochain, Johnny Hallyday devait donner un concert à Saint-Denis-de-la-Réunion. Ses fans ne le verront finalement pas sur scène, puisqu’il a dû annuler son show en raison de la pandémie de grippe A/H1N1 qui touche l’île. "Au regard des informations et des recommandations formulées par les pouvoirs publics français et les autorités sanitaires internationales, la production a dû se résoudre à faire le choix de ne pas exposer l’ensemble de l’équipe artistique et technique aux risques liés à la grippe A/H1N1", a annoncé dans un communiqué le producteur du chanteur, Jean-Claude Camus ... / ... " - Source News de Stars

Même si une dizaine de milliers de fans sont en colère, il est toutefois assez incroyable de réduire l’actualité et la vie de ce département français à ces deux seuls faits ! En effet, au delà des images "cartes postales" on en vient à se demander s’il ne faut pas que les habitants utilisent les méthodes de ceux de la Guadeloupe pour qu’on veuille bien nous informer correctement.

Car, il s’en passe des choses localement :

 États généraux de l’Outre-mer
 Les prix : 55% plus cher à La Réunion qu’en métropole
 Politique de l’éducation nationale
 Conflits sociaux

Et dans les media de la métropole : Johnny Halliday et la grippe A/H1N1

Nous avons décidé de demander à Geoffroy Géraud et à Manuel Marchal, journalistes à "Témoignages" - Quotidien fondé en 1944 par Raymond Vergès - de nous donner leur sentiment et d’apporter des réponses quant au quasi blocus de l’information en provenance de l’île de la Réunion.

Slovar les Nouvelles : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Manuel : "La défense des sans-défense" : c’est le but que s’était assigné le fondateur du journal, le Dr Raymond Vergès, qui fut l’initiateur, avec le syndicaliste de Lépervenche, du communisme réunionnais. Témoignages a longtemps été l’organe central du Parti communiste réunionnais (PCR), qui a mené la lutte populaire dans la quasi-clandestinité au cours des années 1960 et 1970. Notre journal était une brèche ouverte dans le mur d’information caporalisée d’alors. Aujourd’hui, les choses ont changé dans la forme, mais fondamentalement, l’uniformité demeure.
 
Geoffroy : La pensée unique domine les média, qui se concentrent sur les faits insignifiants, les variétés que vous évoquiez et les faits divers, qui selon la formule de Bourdieu, font diversion des problèmes véritables. De nombreux journaux sont morts ; il ne reste plus que trois quotidiens, dont "Témoignages".

Nous demeurons intimement liés au PCR, à son projet de développement de notre société. Nous essayons d’informer au mieux les Réunionnais des bouleversements imminents que la crise, la mondialisation et le réchauffement climatique vont apporter à leur quotidien déjà difficile : nous tentons de porter la voix du peuple réunionnais.

Slovar les Nouvelles : Geoffroy, Manuel à votre avis pourquoi les media de la métropole sont quasi muets sur la Réunion ?

Manuel : Il y a une longue histoire de méconnaissance de l’Hexagone – je n’emploie pas pour ma part le terme de « Métropole » envers La Réunion. Il faudrait faire une histoire sociale et culturelle de la représentation qu’ont des Réunionnais les Français d’Europe … Peut-être comprendrions-nous comment se sont imposées les images qui perdurent de notre pays. Force est de constater que certains thèmes prédominent dans ce que l’on donne à voir de nous : sorcellerie, ruralité…

Geoffroy : Je me souviens d’un téléfilm, -j’en ai oublié le nom- tourné à La Réunion, qui ressassait tous ces clichés. Ce sens commun est aussi partagé par les médias : pour eux, ici, il ne se passe rien que d’exotique : sectes religieuses, épidémies…Il faut dire, à la décharge de ces derniers, que ce schème est semble-t-il partagé au plus haut niveau : le Conseil d’Etat vient d’annuler une élection cantonale à La Réunion, en considérant que les électeurs avaient été influencés par une rumeur de sorcellerie. C’est une véritable insulte à la population.

Slovar les Nouvelles : On parle peu ou pas de la situation économique et sociale de l’île, quel est-elle ?

Geoffroy : Sur le plan économique, le système actuel arrive à son degré dernier d’ essoufflement. Il y a 52% de la population au-dessous du seuil de pauvreté, plus de 100.000 illetrés, un chômage qui atteint 30% Nous avons connu un retour inattendu de la violence institutionnelle et de la répression. Nous avons subi trois années durant un Préfet tel que nous ne pensions plus possible qu’il en existât de semblables. On a vu des mouvements de camionneurs aux slogans ouvertement fascisants assiéger le Conseil régional – institution élue- avec l’assentiment tacite du représentant de l’Etat. Il y avait alors ici comme un parfum de Chili.

Le même Préfet n’a pas témoigné la même compréhension envers les grands mouvements sociaux qui ont suivi ceux des Antilles : les lacrymogènes ont volé bas, et les coups de matraque tombaient dru. Il y a quelques jours, le même Préfet a « dégagé » sans ménagement une occupation des axes routiers, se comparant sur les ondes d’une radio locales à un « général en campagne ».

Manuel : On croit rêver. Dans le même temps, certains élus communistes font l’objet, à l’approche des élections, d’un véritable harcèlement judiciaire. Là encore, il y a un retour à un niveau de tension qui n’avait pas été atteint depuis bien longtemps. Il faut dire que le vote communiste a progressé ces dernières années : de grandes communes ont été conquises ; la Région est dirigée par Paul Vergès, fondateur du PCR ; le PCR est le plus grand parti de l’île, en terme d’effectifs militants et de résultats électoraux, comme vient encore de le démontrer le scrutin européen. Le PCR est promoteur et initiateur des grands projets de développement dont parlait Manuel, et menace ainsi ceux qui ont intérêt à ce que demeure le sous-développement…et les privilèges qui y sont liés, vestiges de la colonisation.

Slovar les Nouvelles : Les récents évènements aux Antilles ont montré que les populations n’étaient pas hostiles à une forme d’autonomie. Qu’en est-il pour La Réunion ?

Manuel : l’Autonomie a été le mot d’ordre du PCR et la lutte de « Témoignages » entre 1958 et 1981. Mais ce débat a été perverti par la propagande « départementaliste », qui claironnait que de manière occulte, le but du PCR était l’indépendance. Aujourd’hui, ces mots n’ont plus grand sens : il nous faut ouvrir le débat sur la responsabilité réunionnaise, et développer nos compétences, afin de valoriser au maximum nos atouts, dans le cadre de la République décentralisée et de l’Union européenne. Ces choses font d’ailleurs l’objet d’un consensus de plus en plus large, comme le montre l’adoption par le Conseil Général et la région, à l’unanimité, d’un document commun au terme des etats-généraux.

Slovar les Nouvelles : Que souhaitez-vous ajouter ?

Geoffroy : l’un des grands combats que nous menons est d’ordre mémoriel et culturel. Notre société est connue pour être l’une des plus métissée au monde. Néanmoins, des discriminations subsistent envers les descendants d’esclaves. Pour briser le cycle de reproduction séculaire de la violence sociale issue de l’esclavage, mais aussi de l’engagisme et de l’exploitation coloniale, un grand projet a été conçu : il s’agit de la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise (MCUR), qui en plus d’une forme muséale, constitue un dispositif mémoriel unique en son genre.

Ce projet a été parrainé, entre autres, par des personnalités d’horizons aussi différents que Jacques Derrida, Aimé Césaire, ou Raymond Barre. Il a été entériné au plus haut niveau ; pourtant, la perspective de sa réalisation a déclenché une véritable réaction, au caractère ultraviolent. Tout ce qui reste de colonialisme, de racisme, de misogynie dans notre société, toutes ces choses refoulées par le processus de décolonisation sont brutalement redevenues visibles et dicibles.

La critique du projet va du racisme et du révisionnisme décomplexé à une forme plus poujadiste « on ne va pas dépenser nos impôts pour cela etc »… derrière laquelle il n’est pas difficile de déceler la peur, voire la haine de l’homme noir, et plus généralement, envers les classes populaires réunionnaises.

Si les lecteurs souhaitent vous joindre comment peuvent-ils le faire ?

Manuel : Ils peuvent lire le journal mis en ligne gratuitement à l’adresse www.temoignages.re, et faire connaître les articles au maximum de monde… C’est ce que nous souhaitons : " aller, comme l’écrit Paul Vergès, d’une île au monde"

Merci Geoffroy, merci Manuel.

Slovar les Nouvelles

http://slovar.blogspot.com

Crédit photo

Témoignage - Nout Zournal OnZeWéb

Messages

  • Il se passe en effet beaucoup de choses à La Réunion, souvent dures et terribles dans ce pays où 52% de la population vit sous le seuil de pauvreté (critères européens), dont 10% avec moins de 400 euros. Mais ne comptez pas sur Témoignages pour être l’organisateur des résistances : les deux gugusses que vous interviewez sont beaucoup trop infatués de leur propre importance, beaucoup trop occupés à se regarder le nombril pour être utiles à ces combats. L’un utilise l’imparfait du subjonctif et cite Bourdieu – sans doute pour faire “intellectuel”… (après la purge qui les a tous chassés en novembre 2008 sans raison valable). L’autre ment comme un arracheur de dents sur l’histoire du journal qu’il ne connaît évidemment pas. Il n’a lui-même jamais été communiste et ne sait même pas comment s’écrit le nom de Lépervanche. Il est entré au journal en rampant comme une loque et a pris du galon en épousant le clientélisme ambiant… Joli pedigree !

    Pauvre Témoignages ! Ce journal fut respectable autrefois… bien au-delà de la triste et pâle évocation qu’en donnent ces clowns tristes. Laurent Vergès, malheureusement mort trop jeune (33 ans, en 1988), avait formé pour lui un grand projet, qu’aucun des dirigeants venus à sa suite n’a eu le courage (ou la compétence et la volonté) de faire vivre. Résultat… les temps ont changé et parce qu’ils ne se sont pas battus, ces dirigeants ne se sont pas donné non plus les moyens de rester dans le cœur de leurs lecteurs. Le leitmotiv de ces paresseux incompétents était : il n’y a pas d’argent (comme si l’argent devait être un problème dans un parti communiste !) Mais pour licencier ceux qui voulaient faire vivre le projet de Laurent Vergès, ils ont trouvé d’un coup plusieurs dizaines de miliers d’euros !

    Témoignages est en train de mourir asphyxié (moins de 2000 lecteurs, pour 780.000 habitants… et environ 5.000 adhérents au PCR. Les lecteurs sur Internet, qui se montaient jusqu’à 9000/jour jusqu’en novembre 2008, ont drastiquement chuté après le putsch inutile et stupide qui a décimé l’équipe du journal). Autrement dit : les communistes réunionnais ne lisent plus “leur” journal. Pourquoi ? Parce que ce n’est plus le leur, justement. Il est confisqué par un quarteron de plumitifs aux ordres, qui n’ont aucun lien avec les sections et avec la base militante.
    Et aux ordres de qui sont-ils ? D’une poignée de dirigeants beaucoup plus préoccupés de “gérer” ce que sera leur sort personnel dans l’après-Vergès que d’accompagner et surtout d’orienter les luttes des Réunionnais. Nos deux pieds nickelés l’avouent avec candeur : d’un parti de luttes contre l’arbitraire et les atteintes multiples aux libertés, le PCR est devenu le chien de garde d’un pouvoir local, qu’il cherche à conserver au prix de toutes les compromissions possibles et imaginables. Bien sûr, Paul Vergès à la Région, c’est ce qui pouvait arriver de mieux à La Réunion et il a fallu beaucoup se bagarrer dans les années 80 et 90 pour le porter à cette responsabilité. (Où étaient nos deux gugusses à ce moment-là ?) Mais ce n’est pas le rôle d’un parti communiste que de coller à la politique des institutions territoriales.

    La responsabilité d’un journal de luttes n’est pas de se faire l’organe du pouvoir. C’est de rester un éveilleur de consciences, à l’appui de ce pouvoir s’il est progressiste (comme c’est le cas), mais différent et autonome. Avec une vie propre, tournée vers ses lecteurs auxquels il doit apporter des éléments d’analyse et de compréhension de la société. “Témoignages” (formule flan) ne fait rien de tout cela. Il est sclérosé dans une approche à œillères, étouffe tout débat interne, multiplie les tournures emphatiques, ampoulées et pompeuses, les slogans creux, pour mieux dissimuler l’impuissance d’un parti dont la “masse critique” a fondu comme neige au soleil. L’histoire que vous raconte (bien mal) l’un de ces deux plumitifs, a pratiquement 50 ans d’âge. Et ils se gargarisent d’un passé auquel ils n’ont contribué en rien, plutôt que de regarder les luttes présentes et à venir. Tout ceci est terriblement dérisoire…

    La vraie vie réunionnaise est ailleurs… Venez la découvrir par vous-mêmes, vous serez étonnés ! Vous ne trouverez Témoignages nulle part mais vous verrez un pays vivant, tous les jours… alors que le PCR n’entre en transes qu’en période électorale !

    • Vous écrivez : "les deux gugusses que vous interviewez sont beaucoup trop infatués de leur propre importance, beaucoup trop occupés à se regarder le nombril pour être utiles à ces combats"

      Je vous ferai remarquer que Slovar les Nouvelles donne la parole à ceux qui souhaitent s’exprimer. Vous n’êtes pas d’accord avec eux, c’est une chose, mais c’est leur droit d’exprimer leur point de vue sans se faire insulter de la sorte.

      Avant cette interview, combien d’interventions ou de sujets avec vous pu lire ou regarder dans les media traditionnels ?

    • Je vous ferai remarquer que Slovar les Nouvelles donne la parole à ceux qui souhaitent s’exprimer.

      A bon ????

      Pour l’instant M. Slovar la "parole" ICI c’est notre site (Bellaciao...) que la donne, tu ne va pas encore "recommence" comme dans le passe d’essaie de t’approprie de notre site pour l’utilise a tes fin politique ???

      Le camarade de la Reunion "LA VOIX DES SANS VOIX" si je ne me trompe pas que écrit du "Territoire de la Côte Ouest (TCO) communauté d’agglomération française, située dans le département français d’outre-mer de la Réunion. Son siège se trouve au Port", ne insulte personne mais explique une vérité que de gens comme toi proche du PS ne peux pas entendre aussi obsédé a démolir et a promouvoir tous ce que peux faire disparaitre le communisme en France et dans les territoires d’Outre Mer...

      "Témoignages" a pris comme d’autre quotidien, ex ou post-communiste, un "virage" a droite, pour mieux explique... avec des méthodes de la plus authentique tradition stalinien a "épure" de leur direction tous le membre du PCR que refuse la social-démocratisation de son propre parti...

      Comme en France métropolitain notre PC avec un de ses dernier édito nous explique que on ne doit plus imagine et lutte pour un "autre société" mais on doit pense "de lutte" pour un autre "capitalisme"... le mot est lâché "l’alter-capitalisme" deviens officiellement le nouveau mot d’ordre du PC française, le PC Réunionnaise a déjà fait ca propre "révolution social-démocratique"...

      RF

  • Cher camarade Ferrario,

    L’éthique militante minimale me commande de ne pas répondre directement aux dénonciations et injures anonymes des flics, indics, balances et jaunes portant casque colonial, envers des militants qui apparaissent, eux, à visages découvert– technique dont tu m’accorderas qu’elle est proprement fasciste.

    C’est donc à toi que s’adresse ce message, que je te demande de considérer autant comme un droit de réponse que comme une invitation au débat entre communistes.

    Ce dernier point appelle une question de méthode : comment peux-tu énoncer lapidairement, que le PCR a fait sa « révolution social-démocratique », sans produire une analyse de classe au niveau réunionnais, des rapports de force dans l’aire complexe qui est la notre, de l’histoire de notre peuple, sans questionner la stratégie du PCR ?

    Le débat au sein du camp communiste à des règles : j’accepterai de confronter mon point de vue au tien dans la tradition du mouvement communiste…s’il y a échanges d’arguments et confrontation dialectique.

    S’agissant de la « voix des sans voix » :

    Pour commencer que ce type d’attaque n’est pas nouvelle pour moi : à mes débuts dans ce journal, j’avais proposé à nos lecteurs un tableau article revenant sur le combat des peuples dits « premiers » au Pérou

    http://www.temoignages.re/massacre-a-la-courbe-du-diable,37352.html

    www.temoignages.re/massacre-a-la-courbe-du-diable,37352.html

    J’avais alors reçu -sur ma messagerie privée- toutes sortes d’injures de même ton & de même esprit …et tout aussi anonymes : nos imprécateurs y vont d’autant plus hardiment qu’ils savent fort bien que je n’irai pas leur en demander raison devant la justice de classe.

    Les injures d’alors n’étaient pas motivées par l’hostilité aux tribus péruviennes- dont les insulteurs n’ont que faire- mais par la critique de la social-démocratie que portait l’article.

    Or, ici, à La Réunion, on voit se démener un groupe plus où moins organisé d’individus, peu nombreux mais mais bruyants, qui navigue étrangement entre compromission social-démocrate et nationalisme esthétisé. Issus d’horizons divers - de l’indépendantisme de droite à la prétendue gauche "culturaliste" et "antitotalitaire", ces hommes et ces femmes enragent littéralement d’être ravalée au second rôle par le mouvement communiste.

    Ils enragent plus encore de n’avoir pas pu jouer aux communistes les tours de passe-passe idéologiques dont ont usé ailleurs ses homologues : infantilisation, culturalisation, ethnicisation, etc. des conflits sociaux.

    D’où la forme du commentaire N°1, qui n’est qu’un long trépignement de frustration passé sous forme écrite.

    D’où surtout l’injonction faite à « Témoignages » de devenir un papier « d’animation » et de « récréation »-mots-clef de la stratégie réformiste de dégradation des luttes sociales.

    Stratégie visant à détacher « Témoignages » du PCR, pour en faire un «  éveilleur des consciences », formule fourre-tout qui avoue "avec candeur" l’autosatisfaction du semi-intellectuel se mettant en surplomb des masses qu’il prétend « éveiller ».

    Ces gens croient à leurs mythes : il perçoivent dès lors comme un affront à leur narcissisme culturel le fait de traiter de sujets si vils que les usines, les panneaux solaires, les éoliennes , la canne et le prix de la canne, le coûts du carburant, en un mot le monde ouvrier et paysan,… et non des « problèmes de société », qui concentrent la « radicalité » de notre petite bourgeoisie intellectuelle.

    Pour cette prétendue gauche « culturelle seule doit exister La Réunion « authentique », éternisée, folklorisée, coincée dans sa misère...

    Les tenants de cette humeur idéologique völkisch, reviennent en dernière analyse à la définition coloniale de l’authenticité : la « trahison » du PCR c’est de réaliser dans notre pays des trains, des routes et des musées, et de faire primer le développement.

    Voici par quelles ruses de la raison réactionnaire la tonalité coloniale vient à irriguer le commentaire « de gauche » qui nous prend à parti.

    l n’est pas insignifiant que l’un des premiers reproches adressés – ici à ma personne- soit de citer Bourdieu : un Réunionnais ne cite pas les d’auteurs ; il se restreint à la « culture de l’oral » : il joue du tambour sur la plage pour l’ethnologue européen, qui a, lui, le droit de lire Bourdieu. Le fait que ces choses aient changé déplaît visiblement à Bwana, - qui voudrait être seul-e à lire des livres afin « d’éveiller » nos « consciences » sous-développées.

    Autre attitude typiquement coloniale –celle du flic colonial cette fois- l’auteur(e) du papier veut à tout bout de champ nous « situer » : où étiez-vous ? que faisiez-vous ?

    Montrons donc notre pass au caporal colonial : au cours de la période qu’il vise, il se trouve que j’étais…à l’école d’abord, puis sur le terrain d’autres combats, dans les Balkans, particulièrement, où, militant d’une organisation communiste, j’ai participé autant que je le pouvais aux luttes des Rroms en Slovénies, des minorités & des gays en Croatie…et d’autres initiatives aux côtés des travailleurs Serbes. Ne m’étant jamais dissimulé au contraire de Bwana, j’ai laissé assez de traces sur internets pour que mon itinéraire militant puisse être jugé.

    Avec mes salutations communistes,

    Géraud Geoffroy.