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Nuit ordinaire aux urgences

Publie le mercredi 3 février 2010 par Open-Publishing
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Ci-dessous, un témoignage parmi cent autres sur ce qui se passe dans les services d’urgence (source : L’Appel des appels).

Hier en arrivant a 20h30 il y avait pas moins de 38 patients inscrit sur cristalnet, le temps d’attente en traumatologie était déjà à cette heure là
de plus de 5h30, certains d’entre eux ont attendu plus de 7h30 avant de pouvoir se faire suturer (et y compris des enfants de moins 8 ans ),
d’autres ont souffert avec des fractures pendant plus de 6h avant de voir un médecin. certains patients de médecine présents depuis plus de 4h n’avait pas non plus encore vu de médecin. La tension l’agressivité, et les injures ont commencé à pleuvoir très très rapidement, relevant encore un peu l’excitation générale qui régnait dans tous le service.

Et tous cela avec deux IDE (+IOA jusqu’a 23h), encore une fois pas d’aide soignante, et la troisième infirmière oublié aussi. Dans la disposition du service actuel, et sans bip qui fonctionne l’infirmière bilan est donc coincé dans son coin, avec des patients chronicisés toujours plus nombreux et lourds (plus de 20h de présence).

Nous avons eu plus de 35 patients (en meme temps) jusqu’a 23h, dont 2 déchocs, une transfusion(dans le couloir), des dames de plus 75 ans sur des brancards en couloir depuis plus de 17h, a qui une seule tension avait été prise (uniquement a l’entrée), aucun plateau repas, plus de bande de platres, des telephones qui affichent hors réseau en plein milieu du service, l’ouverture a distance qui fonctionne une fois sur quatre (et qui sonne partout sauf au bon endroit), les ventilations qui meme éteintes soufflent sur les tetes de gens en salle de parage.

Nous avons fini la traumato a 3h45, sans compter, les entrees médecines qui se surajoutent au fur et a mesure, et les réguls Centre 15 qui ne se donne même plus la peine d’appeler avant de faire venir les gens. 2 patients alzheimer à surveiller en permanence , une étudiante a encadrer. Avec tout ça il va s’en dire que ni les pleins ni la sté n’a été faite cette nuit, ni la préparation de pilluliers, ni le ménage des salles.

Je suis parti du service a 7h30, il y avait 13 patients (5 au bilan ) et un dans chaque salle de parage, deux couloirs un déchoc. Et j’en oublie surement une bonne partie..... Par chance nous avons réussit a ne tuer personne cette nuit, mais les règles d’hygiène, le respect de la dignité de la personne, la prise en charge efficace et rapide de douleur, ont été plus de milles fois balayés cette nuit.
Je ne souhaite plus venir la boule au ventre au travail, je ne souhaite pas risquer mon diplôme a chaque nuit, je ne veux plus avoir à mettre en danger la vie des patients accueillis aux urgences, je refuse de m’assoire sur l’éthique et la déontologie qu’implique nos professions de soignants ; la négligence étant une forme de maltraitance, j’estime ne plus pouvoir assurer de soins meme minimum dans de pareilles conditions, et je prendrai rapidement les décisions personnelles qui s’imposent si la situation venait à perdurer.

À faire suivre à qui de droit, pour un changement radical, et je le souhaite rapide des conditions de travail et d’acceuil dans le service des urgences (qui est la vitrine de notre établissement).

X I(encore DE) de Nuit aux urgences

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