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Retraites, lutte des classes, mondialisation : état des lieux et perspectives nécessaires

23 mai 2010, 10:25, par Copas

Je parle du point de vue du camp populaire.

Une chance ça se tente pour un parti.

Le point de vue du camp bourgeoise n’était pas simple. Seulement 6 ans avant ils avaient demandé au contingent en Algérie de mettre en arrestation l’encadrement putchiste, demandé à la population de bloquer les aéroports pour que les paras ne se posent pas sur la RP, la digestion de deux tannées monumentales dans les guerres coloniales, 23 ans auparavant la bourgeoisie avait dû se faire tailler son empire économique par un peuple en armes, des industriels mis au ban des accusés pour collaborations.

De Gaulle même était très indécis et désespéré (cf Massu) et ils ont fait tourner un régiment de tanks autour de la RP (une colonne a d’ailleurs été "sucrée", alors qu’il ne se passait rien encore).

L’appareil d’état était malade, divisé et ne gouvernait plus.

Il y a un endroit où le préfet est allé quémander de l’essence pour sa voiture de fonction auprès d’un comité de grève général.

En haut ça ne fonctionnait plus, n’avait plus de volonté et en bas ça se révoltait.

Il y a eu une période de quelques jours comme ça d’une situation portant les caractéristiques d’une crise révolutionnaire mais pas les forces organisées taillées à la prise du pouvoir dans le camp populaire.

Les bons petits soldats dans le PC qui ont intériorisés l’explication officielle sur le déroulement de la crise de 68 doivent avoir la gorge nouée de ce qu’a pu raconter récemment Georges Séguy sur 68.

La grève la plus colossale connue dans un état capitaliste se termina sans affrontement entre bourgeoisie et prolétariat, ce qui est une conclusion très rare.

Fin du détail de l’histoire.

"L’histoire nous mord la nuque" de Bensaïd était de penser que leur courant devait aller à marche forcée vers la construction d’un parti révolutionnaire, pensant que 68 était une répétition générale rapidement suivie par d’autres affrontements majeurs (l’inflexion sur le diagnostic de leur courant commence
à compter de la 2eme moitié des années 70).

L’histoire nous mord à nouveau la nuque, et les conditions qui n’existaient pas avant , existent maintenant pour la construction d’un parti révolutionnaire , constitué de milliers de militants venus du PC ou communistes sans partis, constitué de milliers du NPA, de LO, etc.

Pa rapport à 68, des organisations comme le NPA, LO ou d’autres paraitraient surpuissantes et ouvrières par rapport à de petits groupes gauchistes de 68.

Il manque un parti mettant au centre de sa stratégie la montée en puissance de l’organisation des travailleurs afin qu’ils aient les outils pour disputer réellement le pouvoir, qui mette la question de l’unité démocratique du syndicalisme de classe à l’ordre du jour, la préparation méthodique de batailles gagnantes de la classe populaire, etc, un intellectuel collectif du prolétariat

Je ne partage pas l’avis de ceux qui pensent qu’un tel parti n’existera jamais d’une façon massive mais seulement dans les périodes révolutionnaires.

L’espoir levé par le NPA à sa création , malgré les impasses qui ne lui ont pas permis d’aller plus loin a montré que des forces étaient disponibles pour cela.

Le choix du NPA de retomber sur des grenouillages politiciens avec les partis enkystés dans l’appareil d’état a barré le chemin vers un tel objectif. Une partie de ce parti peut se reprendre et s’occupper réellement de choses sérieuses pour avancer vers un bon outil politique.

Le front de gauche (et la partie du NPA qui souhaite y aller) représente également un autre morceau de cet espoir mais sur une ligne là carrément contre-révolutionnaire car concentré exclusivement sur un objectif institutionnel, le mouvement social étant prié là de servir de force de pression à cette fin.

Mais de nombreux militants de ce front peuvent participer à la construction d’un réseau puis d’un parti traitant des questions sérieuses et aidant à la reconstruction d’une classe pour soi, qui ne se corsète pas en fonction d’objectifs d’enkystage institutionnel.

La question institutionnelle, la question électorale, doivent être subordonnées aux objectifs d’un pouvoir qui ne relève pas de la démocratie étriquée bourgeoisie, mais d’une démocratie réelle, celui qui permet aux travailleurs, réellement et concretement de diriger l’économie, leurs entreprises, et par là la centralité politique.

Il nous faut un réseau, un parti, dans la classe populaire, réfléchissant et travaillant sur l’expérience des luttes de résistance du camp populaire, extrayant ce qui marche de ce qui ne marche pas, réfléchissant aux questions d’organisation et leurs dynamiques , afin d’aboutir à des propositions d’action et d’organisation large possibles et efficaces pour gagner.

Qui réfléchisse et travaille sur les plateformes revendicatives, qui travaille sérieusement la question des outils médiatiques, etc

Qui travaille à l’implantation politique partout, dans les entreprises et les quartiers, qui travaille à l’implantation et la reconquête syndicale partout.