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> Sur la séparation de la défense de Cesare Battisti

27 octobre 2004, 13:28

Paola, merci pour ton rappel chronologique et sur le fonds. Néanmoins, je voudrais dire, personnellement, qu’il faut peut-être garder un peu de spontanéité face aux machines : je ne pense pas qu’on développe des luttes synchrones avec des projets - c’est le problème d’Oreste de ne pas vouloir sortir de la cohérence d’un système proposé, en une époque où certes la persistance est nécessaire pour la pérennité du sens, mais certes aussi les pouvoirs sont si forts et la désinformation si généralisée, qu’il est impossible d’ignorer l’aléatoire à avoir observé qu’il aide le plus souvent l’événement (à chacun sa théorie de référence moi j’en reste face aux centralismes y compris les plus voisins de mes idées à celle du chaos et de la masse critique pour métaphores et dynamique organiques). On a tous le droit d’inventer notre théorie, il n’en est pas de supérieure sauf de nature divine, et ce n’est pas mon lieu de remplacer Dieu par des hommes... Les luttes sont les luttes qui doivent être menées pragmatiquement quand le problème se pose, et bien sûr, elles suppposent des stratégies et de l’intelligence, mais surement pas des hypothèses théoriques qui empêchent l’autonomie en la matière. Si ces luttes posent problème de succès pour les pouvoirs, c’est qu’elles font basculer à partir des cas particuliers qu’elles concentrent d’autres questions, tout simplement parce qu’elles portent le dévoilement des réalités contre l’idéologie. Il n’y a pas à attendre le grand retour prolétarien, post prolétarien ou précaire cognitaire en masse pour se battre ponctuellement et intelligemment (en fonction du territoire symbolique consensuel hérité, quand il existe, car rien n’est plus fort dans la conscience que la mémoire de telles traditions) contre les lois liberticides quand elles se manifestent.

Si la résistance n’avait pas commencé en France, dont partie par une activité critique extérieure pour des militants de l’intérieur du parti communiste lui-même, avant la rupture du pacte germano-soviétique, même le sacrifice du colonel Fabien n’aurait pas suffi pour lever le peuple prolétarien communiste contre les nazis.

Souvenons-nous des sionnistes lors du dernier congrès à l’aube de la seconde guerre mondiale, où ceux qui oeuvraient pour la Palestine décidèrent de se séparer des luttes des Juifs en Europe, les laissant face à la Shoah et trahissant les Bundistes de Varsovie. On connaît la suite - et je dirai au bout du tout, que ce fut voulu ou pas, la preuve par le pire de la necessité d’Israël...

Il faut des exemples forts pour comprendre le seuil de l’Europe actuelle contre les libertés de toutes sortes : des souverainetés aux citoyennetés, y compris en matière d’activité - j’évite volontairement les termes théoriques connotés par des concepts intellectuels d’auteur, et de parler d’économie, pour épargner les divergences des points de vue entre les experts et les populaires autonomes, le mien par exemple, et celui respectivement consensuel des organisations -. Vouloir le grand bon tout n’a jamais mené l’Europe à son mieux dans son histoire... car elle est une diversité de fait manifestée par nos histoires respectives - et d’abord en matière des luttes.

Tel est mon point de vue, et qui n’empêche en rien une diversité d’activités solidaires.

Sur l’affaire Battisti, il y a un fait nouveau depuis que le jugement a été prononcé : précisément atteinte à la souveraineté de la justice républicaine en France, en ce qu’on la dépourvoit de son attribution politique représentative de l’unité indivisible des trois principes (liberté, égalité, fraternité) de la république attribuée à chacun des trois pouvoirs (législatif, exécutif, judiciaire) qui en est respectivement et réciproquement représentatif pour lui-même, c’est la garantie du dispositif égalitaire et solidaire en France par une proposition auto-critique interne du pouvoir ; ce fait de transgression, de passage à l’acte liberticide est formé par les deux lois de justice Perben, qui signifient donc un putch anti-républicain, il faut le savoir. Cela n’est pas inscrit dans Schengen : qu’une république régionale doive disparaître d’elle-même, que je sache !!! C’est donc la manifestation d’un effet pervers périphérique de Schengen à propos de la sécurité contre les souverainetés. En cela, la lutte pour Battisti est incontournable et n’est pas le lieu d’une opinion partisane en France : il faut le dire et se battre là-dessus. Nous perdons nos propres libertés et scructures de paix civile acquises, et la configuration exemplaire, opportune en communication, et manifeste pour le pouvoir de faire prescription, c’est "l’objet communiquant réel symbolique et imaginaire" Battisti : donc pour nous aussi, citoyens français.

C’est la seule façon de désenclaver le combat pour les réfugiés de leurs engagements respectifs pour passer à une large mobilisation de l’opinion régionale et européenne. Il n’y en a pas d’autre immédiate. Ce n’est pas un projet : nous y sommes. Alors ne le ratons pas. Soyons pragmatiques pour la défense de la liberté et de l’autonomie critiques de la diversité européenne. A chacun ensuite d’aller vivre où il préfère - ou bien où il peut, où les lois le lui permettent - vu la cohérence liberticide de la tendance des alliances européennes - et pour l’éviter voir divers plutôt que tout un.

Quant à la séparation de la défense de Battisti de celle des autres réfugiés, dans la même obervation pragmatique on ne peut qu’en admettre la pertinence - et de plus sans rupture de solidarité sous-jacente, même si momentanément elle paraît ignorer ses voisins. Cela ne compromet en rien que l’on doive et puisse défendre le refuge politique en France pour lui-même - indépendamment des délits incriminés dans les pays d’origine, excepté les crimes contre l’humanité.