Accueil > ... > Forum 401143

Le mythe du "progrès par la Science" sous le capitalisme

28 août 2010, 10:26

La première application de la technologie nucléaire furent les bombes d’Hiroshima et Nagasaki. Pourquoi ces opérations, qui ne pouvaient pas ne pas frapper à grande échelle la population civile, alors que l’offensive de l’Armée Rouge contre le Japon commençait et l’issue de la guerre ne faisait plus aucun doute ? S’agissait-il, pour la superpuissance US, d’autre chose que d’occuper le Japon avant l’URSS ? La réalité est que le savoir-faire nucléaire des Etats-Unis était au service de la classe dominante capitaliste et impérialiste.

Et le monopole nucléaire de l’après-guerre dans le domaine énergétique, a-t-il été autre chose qu’un moyen de soutenir le nucléaire militaire ? Aux Etats-Unis comme en France et ailleurs.

La France de la Libération a-t-elle cessé d’être un Etat capitaliste et impérialiste du fait d’avoir développé des services publics et un secteur public de l’économie ? Les classiques nous expliquent que l’Etat est l’instrument de domination directe et de coercition au service d’une classe sociale. C’est vrai, même lorsque sous la pression d’un rapport des forces social cet Etat héberge des structures prestataires de services à l’égard de la population. Il pourra s’en débarrasser si le rapport des forces évolue ou si le maintien de ces structures n’intéresse plus la classe capitaliste au pouvoir.

Après la Libération, l’Etat qui en a résulté ne s’est pas privé de livrer des guerres coloniales très coûteuses financées avec le travail des Français et des populations des colonies elles-mêmes. Les acquis sociaux et démocratiques de la Libération ont permis aux capitalistes d’entretenir une "paix sociale" de façade, mais le pouvoir est resté entre les mains du grand capital. Y compris, en ce qui concerne l’usage des découvertes scientifiques.

Quant au "secteur public", sa raison d’être était-elle autre que de mener à terme avec le travail et l’épargne collectifs une accumulation de capital accélérée que les capitalistes français n’étaient pas en mesure d’entreprendre par leurs propres moyens ? Une fois l’accumulation réalisée par quatre décennies de sueur populaire, les privatisations lancées depuis les années 1980 ont permis aux capitalistes de s’emparer progressivement de ces acquis. A présent, la privatisation générale de la recherche est à l’ordre du jour, ce qui entre autres anéantira définitivement la liberté d’initiative et d’expression des chercheurs.

Dans l’ensemble, l’actuelle dégringolade sociale montre clairement que les classes populaires n’ont guère profité de plus de six décennies de travail acharné, et que le peuple n’avait jamais été maître de l’Etat issu de la Libération. Il en est de même de la recherche publique, malgré un certain nombre d’acquis temporaires en ce qui concerne son statut et son rôle. Mais les recherches "publiques" classées ou directement au service des capitalistes ont toujours existé, et la plupart des résultats des avancées scientifiques n’ont jamais été vraiment mis au service de la population.

Ignorer la question de la véritable nature de classe de l’Etat capitaliste dans les débats sur les OGM, le nucléaire, les nanotechnologies... serait tout simplement suicidaire.