Accueil > ... > Forum 403551

RETRAITES - "LA GAUCHE", LE PS, LES COMMUNISTES : SE SERVIR DU PROLETARIAT OU SERVIR AU PROLETARIAT ?

15 septembre 2010, 23:16, par La Louve

Pourquoi pas mais disons encore une fois que ça n’a pas grand sens sans la poussée organisationnelle d’une classe.

Tout à fait !

Mais il faut aussi savoir susciter cette poussée organisationnelle quand on pense que les conditions sont réunies.

Je n’ai JAMAIS cru au spontanéisme.

Je vais te dire, je n’ai aucun doute sur le fait que ce qui est arrivé au Chili pourrait arriver ici,sous une autre forme, à une différence près quand même c’est que la France n’est pas (encore ?) le Chili (ni l’Italie d’ailleurs). Ce n’est pas un jugement de valeur bien sûr, mais un constat historique.

Le Chili comme nombreux pays d’Amérique du Sud ou centrale "était" une "sou colonie" US, pour résumer. Enfin tu connais cette partie de l’histoire mieux que moi donc je n’ai rien à t’apprendre.

Il ne s’agit pas, dans mon esprit, de batteler à côté de Mélenchon et Montebourg pour gloser sur la 6ème (ou la 7ème ou la 8ème) République quand je parle de constituante et de démocratie prolétarienne.

Mais de proposer, non pas un projet de République différente, mais bien un projet de DEMOCRATIE différente.

Oui il y a des mécanismes et des institutions te des conceptions héritées de la nature bourgeoise de la révolution de 1789 qu’il faut casser (entre autre).

Comment peut on les casser ?

J’ai beaucoup de difficultés encore à rendre encore plus clair ce que j’entends par proposition d’un projet politique nouveau au mouvement populaire à naître (qui reprend quelques modestes couleurs actuellement). Cela fait plusieurs années maintenant que je m’échine sur ce sujet "projet politique populaire et démocratie prolétarienne", dit en termes techniques.

Je pense que l’énoncé est performatif. Je pense que les MOTS entraînent AUSSI une modification de la réalité des classes, dans la mesure où ils parviennent à transcrire des réalités confusément ressenties par la majorité d’un peuple. C’est l’adéquation entre une situation de notre classe à un moment M dans l’histoire, et l’énonciation des pistes qui peuvent correspondre aux désirs alors ressentis par cette classe , qui peut amener un premier changement.

Je crois que, par exemple, travailler, dans le cadre des revendications dites "sociales" qui sont, nous le savons des revendications de classe, dans le cadre du mouvement populaire qui recommence à se créer sur le sujet des retraites, sur la question de la souveraineté et de la citoyenneté, en proposant de créer, c’est important. Ca ne modifiera pas la société et ça ne "fera" pas une révolution, nous en sommes d’accord. Mais,sauf à ce que la seule solution pour la révolution soit celle du cambriolage des armureries et la prise de quelque chose qui ressemble à une Bastille,et bien, progresser en avançant des propositions nouvelles d’organisation de la vie de la Cité, c’est un premier pas, dans le bon sens.

Parce que la seule manière que des députés félons élus par le peuple mais travaillant en réalité pour le syndicat patronal du MEDEF, alors qu’ils sont logés nourris blanchis avec NOS impôts, ne puissent plus nous nuire, c’est de supprimer d’abord cette aberration IDEOLOGIQUE qui fait de la "République" une sorte de vierge pure qui n’appartiendrait à aucune classe en particulier, et qui serait déliée des contingences de la lutte contre la baisse tendancielle du taux de profit.

C’est de démontrer que la République et la démocratie telles qu’on nous la vend sont des FOUTAISES destinées à servir exclusivement un certain type d’intérêt. que nous, travailleurs et parfois citoyens, ne sommes là, au fond, que pour "faire la claque".

La réalité de l’exercice du pouvoir législatif et exécutif dans ce type de république et surtout, dans ce type de démocratie, réside dans la classe bourgeoise, minoritaire, contre la majorité,qui est le prolétariat.

Nous le savons, et encore souvent l’oublions nous, parce que nous l’avons compris, par des chemins et des parcours et des "réveils" différents.

Combien sommes nous cependant à le savoir parce que nous l’avons compris ?

Tu ne peux pas repousser de la main en renvoyant au Chili (exemple tragique qui je pense a marqué votre génération mais pas la mienne ni les suivantes d’ailleurs...) la nécessité d’essayer d’ouvrir une perspective politique préalable à une révolution et qui, de ce fait, amène les possibilités d’une révolution à venir.

Qui nous tomberait dessus alors et avec quelle "devise" (dollar, euro.. ;)) je ne sais pas ; je dirais qu’on ne peut pas s’en préoccuper, on peut seulement tenter de faire le maximum pour se prémunir contre la violence patronale et capitaliste à venir en riposte.

Ce que je veux dire par là c’est que le projet d’une constituante, non pas d’une énième république mais d’une nouvelle démocratie, peut être un grand moment de pédagogie et un pas vers la volonté de s’émanciper, de la classe, de l’Etat.

Je ne veux pas baisser les bras là dessus, tout le reste n’est que littérature et histoire.

L’organisation politique du prolétariat ne peut se faire que sur la base d’un projet politique.

Ce projet politique ce n’est pas un catalogue de mesures que JAMAIS la république et la démocratie telles qu’elles existent maintenant (et quel que soit le numéro de cette république) ne permettront d’appliquer.

Ce projet politique c’est, en quelque sorte, que nous sortions de nos certitudes et de nos habitudes, que nous descendions, non pas seulement dans les entreprises (mais encore faut il y être !) mais aussi dans les quartiers,afin de prendre par la main chaque prolétaire vivant dans ce pays, quel que soit son âge, ou sa nationalité pour l’inviter à au moins venir débattre de la place qu’il entend rêver se donner dans la conduite des affaires de la Cité, de sa souveraineté, en dynamitant au passage les croyances relatives au fait qu’il n’existerait qu’une seule forme de démocratie, la démocratie bourgeoise, importée d’abord par l’Angleterre puis par la France, en dynamitant l’idée fausse qu’on ne peut plus rêver.

Tu dis il n’y aura plus de 1789 et de 1917.

Je te réponds que tu ne peux pas savoir, malgré toute ta culture, tes connaissances et que tu n’as pas le DROIT de dire cela.

Tu ne sais pas, je ne sais pas.Personne ici ne sait ce qu’il peut se passer et quand. On peut avoir des probabilités oui, nous savons à peu près si le prolétariat est faible et non organisé dans le cadre actuel etc et blablabla. Mais en réalité, on ne peut pas savoir . Il n’y a pas de "recette miracle" ni pour ni contre une éventuelle révolution.

Moi je veux ESPERER ENCORE que les soviets (je veux dire bien sûr l’équivalent moderne correspondant à la période actuelle) refleuriront.

Et pour cela, j’aimerais que nous nous donnions les moyens d’y parvenir.

La première des choses à faire est de nous organiser, et de nous organiser sur la base d’une sorte de "pré projet" de ce que nous souhaiterions, nous, communistes de ce pays, noirs, blancs, jaunes, français ou pas, pouvoir dessiner comme "état socialiste européen moderne" qui ne ferme pas la porte à la révolution prolétarienne mais au contraire, garde les peuples vivant sur ce territoire en mesure d’y participer pleinement le jour où ENFIN le CAPITALISME vacillera dans le monde entier.

Je ne suis pas sûre que je me fait bien comprendre, j’y reviendrai de toute façon et bientôt.

Elodie