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NOTRE LANGAGE N’EST PLUS UN INSTRUMENT DE LIBERATION

24 novembre 2010, 19:57

Pour Rousseau, dans sa préface à l’Émile, la pédagogie était « l’art de former les hommes ».

nous dit BG. Mais les former à quoi ?

« Pour Rousseau, on le sait, la civilisation est mère de tous les vices en ce qu’elle dissout la seule vertu qui compte, la sincérité. Mais il y a plus : en gratifiant Émile d’un éducateur transparent, d’un environnement presque expérimental susceptible de laisser se développer sa spontanéité et sa confiance dans les hommes en le préservant du commerce avec la civilisation, il remplace explicitement par un "dispositif", c’est-à-dire une "machine", la dissimulation qui caractérise le rapport entre adultes et enfants, et qui n’a rien à envier aux dispositifs de surveillance foucaldiens. Rousseau ne conseille-t-il pas à son précepteur : "que votre élève croie toujours être le maître, et que ce soit toujours vous qui le soyez. Il n’y a point d’assujettissement si parfait que celui qui garde l’apparence de la liberté ; on captive ainsi la volonté même [...]. Sans doute, il doit faire ce qu’il veut ; mais il ne doit vouloir que ce que vous voulez qu’il fasse ; il ne doit pas faire un pas que vous ne l’ayez prévu ; il ne doit pas ouvrir la bouche que vous ne sachiez ce qu’il va dire. » resitue Emmanuel Belin.

Rappelons-nous ce que visait l’école de la République à l’époque où il fallait civiliser l’ouvrier comme le nègre : « Pour que la réforme démocratique se propage dans le monde, quelle est la première condition ? C’est qu’une certaine éducation soit donnée à celui qu’on appelait autrefois un inférieur, à celui qu’on appelle encore un ouvrier, de façon à lui inspirer ou à lui rendre le sentiment de sa dignité ; et, puisque c’est un contrat qui règle les positions respectives, il faut au moins qu’il puisse être compris des deux parties. » Jules Ferry. Signer un contrat de travail (de servage), un contrat d’achat d’objet de consommation (d’aliénation), en ingurgitant le "parler" bourgeois (de la domination).

Si Himalove nous invite, comme d’autres depuis longtemps mais pas plus entendus, ce n’est certainement pas pour se « gargariser de pédagogie » même pour dénoncer la propagande.

« La question, dit Alice, est de savoir si vous avez le pouvoir de faire que les mots signifient autre chose que ce qu’ils veulent dire. La question, riposta Humpty Dumpty, est de savoir qui sera le maître… un point c’est tout », résume Lewis Carroll.

Avant de traiter d’éducation, n’est-il pas plus urgent de traiter de "politique", c’est-à-dire de la manière dont nous devrions élaborer collectivement notre parole pour décider de ce qui nous concerne (qui devrait...) et du monde que nous voulons (et ça n’a rien à voir avec le nirvana sirupeux des communautés babacool, (que je ne confonds pas avec les volontaires de la décroissance)).

Ce qui demande de la constance, de la pugnacité car ça n’a rien non plus d’un long fleuve tranquille parce que nous partons de loin.

À l’heure où il suffit qu’un nabot maffieux promulgue une loi (SA loi, i.e du medef) pour que « nous partîmes cent mille mais par un prompt retrait, nous nous vîmes dix mille en arrivant au port (de Toulouse) », c’est sur cela que ceux qui sont dans les dix mille doivent insister sans cesse pour contrer autant que faire se peut la LQR et l’absence de pugnacité des ... "citoyens". Plutôt que repartir comme en 40 avec les bavardages stériles sur les Besancenot et autres Mélanchon.

En-deçà des mots, il y a la parole... en acte. Et l’acte de pouvoir, ou le pouvoir de l’acte est toujours une aventure. Le contraire du fantasme confortable des calendes grecques de... 2012.