Accueil > ... > Forum 421757

WikiLeaks : L’ambassade US de Paris et les Présidentielles 2007

13 décembre 2010, 11:00

Le cas Cablegate-Russie

13/12/2010 - Faits et commentaires

13 décembre 2010 — Parmi les divers câbles diplomatiques rendus publics par Wikileaks, on trouve ceux qui concernent les plans de défense de l’OTAN des trois pays baltes (avec la Pologne dans le dispositif). (Voir, par exemple, le Guardian du 6 décembre 2010.)

Avant la divulgation de ces plans, les Russes avaient observé le développement de Cablegate d’un œil mi-serein mi-ironique. De toutes les façons, il n’était pas question que cette affaire changeât quoi que ce soit aux relations entre les USA et la Russie, et aux relations internationales en général. Les choses furent, à cet égard, affirmées avec une vigueur sans nuances, par Lavrov, presque badin (« Concernant les fuites émanant de WikiLeaks, elles sont amusantes à lire, mais nous définirons notre politique en fonction des actes concrets de nos partenaires »), le 29 novembre 2010 ; par la porte-parole de Medvedev, presque méprisante sinon franchement moqueuse (« Parmi les révélations publiées sur le site de WikiLeaks et reprises par des journaux, il n’y a rien d’intéressant qui soit digne de commentaire. Il n’y a pas de quoi faire des commentaires sur des personnages de fiction hollywoodiens »), le même 29 novembre 2010… Puis ce furent les fameux plans, et le ton changea. Nous passions des studios d’Hollywood à la sécurité nationale russe.

• Le Guardian signala aussitôt (le 7 décembre 2010) la mauvaise humeur russe…

« A source in Russia’s foreign ministry said the information disclosed by WikiLeaks and detailed in the Guardian caused “a lot of questions and bewilderment with us”. The Nato-Russia summit in Lisbon last month had adopted a statement that “clearly says the security of Nato countries and Russia is intertwined, and the NRC [Nato Russia Council] member states will refrain from any use or threat of the use of force against each other,” the source told Interfax.

 »“Russia has repeatedly raised the question about the need to ensure that there is no military planning aimed against one another,” the source added. “Obvious facts” demonstrated that “Russia is not building up its military presence near the borders of the countries mentioned in the release, but on the contrary it is coherently reducing heavy weaponry in the Kaliningrad region,” the source said. Kaliningrad is the exclave bordering Poland and Latvia where Russia’s Baltic Fleet is based. »

• Le même jour, le 7 décembre 2010, Dmitri Rogozine, ambassadeur russe auprès de l’OTAN, intervenait comme on pouvait attendre qu’il fit.

« L’Alliance atlantique doit réviser son plan de protection militaire des pays baltes (l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie), estime le représentant permanent de la Russie auprès de l’OTAN, Dmitri Rogozine. […] “Nos partenaires devraient revenir sur cette décision qui ne manque pas de provoquer un vif retentissement dans mon pays, a affirmé M.Rogozine dans une interview à RIA Novosti, ajoutant que le parlement russe “avait déjà entamé un examen de cette information”. Selon le diplomate, la partie russe veut savoir quel élément elle doit privilégier dans ses relations avec l’OTAN : les décisions de Lisbonne visant à bâtir un partenariat stratégique avec Moscou ou “les informations qui, même si elles ne sont pas officielles, attestent néanmoins l’intention de protéger les pays baltes et ce non pas en général, mais concrètement contre la Russie”. »

• Le 9 décembre 2010, Lavrov est encore plus précis : « Les informations sur l’adoption par l’Otan d’un plan de défense des pays baltes contre une éventuelle attaque russe ont suscité des interrogations en Russie et Moscou compte obtenir les réponses, a déclaré jeudi aux journalistes le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. “Une question se pose : quand est-ce que l’Otan a été sincère avec nous : au moment de nous mettre d’accord sur le développement du partenariat ou lorsqu’ils résolvaient entre eux à huis clos d’autres problèmes ? Nous avons posé cette question et on attend une réponse. J’estime que nous en avons le droit.” »

• Enfin, nous avons déjà signalé (le 10 décembre 2010) ce que nous définissons comme “une nouvelle phase” de la part des Russes, qui est d’élargir la riposte à des commentaires acides, voire provocateurs, concernant le comportement “démocratique” des USA, qui tentent de lancer une procédure de harcèlement, voire d’extradition judiciaire de Julian Assange. Il s’agit clairement d’un passage à un plan diplomatique nettement plus polémique que tout ce qui avait été dit auparavant.

http://www.dedefensa.org/article-le_cas_cablegate-russie_13_12_2010.html