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Si j’étais Nicolas Sarkozy

10 janvier 2011, 16:46

Hitler, Mussolini, Staline, Franco, d’autres encore n’ont souffert d’aucun remords. Pourquoi voulez-vous qu’un tyran au XXIème siècle en ait ?
Je pense assez fermement M.Irri que pour décrire de tels hommes il conviendrait d’adopter un style plus affirmé.
Staline s’était doté d’une bureaucratie surpuissante. Exécuteur des basses œuvres un jour, on pouvait être déporté le lendemain. Mais les menaces qui pesait sur les populations pauvres, et par conséquent révoltées, incitaient chacun à rentrer de toutes forces dans le système bureaucratique, au risque, d’y périr à son tour.
L’une des raisons de l’échec du capitalisme soviétique, par rapport, au notre, tient justement au fait que dans notre système les élites sont protégées. Parallèlement on fait miroiter que chacun peut accéder à l’élite (la fameuse illusion du rêve américain), selon un « mérite » qui évidemment proportionnel à sa capacité à servir le régime. Chacun, phénomène nouveau, peut, accèder à la célébrité (la plus débile : star acadamy, nouvelle star, reality show), la très fameuse idée de Warhol (dont la richesse devait à cette idée de « minute de célébrité pour chacun », fameuse idée qui l’a strictement compromis avec les intérêts de l’Etat).
Ceci est le spectaculaire diffus.
Le stalinisme tient du spectaculaire concentré qui est à l’œuvre encore dans notre société à travers la guerre menée contre les pauvres et certaines populations (immigrés). Ce qui implique qu’on tire chacun à échapper à la pauvreté et aux stigmatisations (l’étoile jaune intériorisée), c’est-à-dire à participer à leur tour à la guerre qui est menée contre les pauvres et certaines populations.
La réunion du spectaculaire diffus et du spectaculaire concentré, dans nos sociétés, nous donne le spectaculaire intégré ; c’est-à-dire l’emprunt à plusieurs formes de gouvernance tyrannique.
Auquel s’ajoute, à ce jour, plus manifestement qu’auparavant, l’emprunt à la dictature orwelienne.
La conjonction des trois méthodes de gouvernements despotiques : Stalino/fasciste, américain et Orwellien, conduit irrémédiablement cette société dans ce que j’appelle « la discipline de la haine » http://www.pirefiction.fr/livres_artistes/editions-2010/53-la-discipline-de-la-haine.html, par lequel il y a un effet d’ascendance vers le spectacle. Tout ce qui le réfute se trouve nécessairement déporté dans la solitude et l’isolement. Tout est balisé dans un effet d’ascendance vers le spectacle et la marchandise. Nous n’existons pas ou dans une mesure qui tient à l’allégeance au spectacle et à la marchandise, c’est à dire à l’assentiment de sa propre réification, mais aussi de celle des autres. On se figure mal quel cynisme abject fonde les cerveaux de la direction et par cascade, diminuendo, des sujets les mieux placés, les cadres, au prolétariat, les raisons nous en paraissent plus palpables. "L’affaire Toulaev" de Victor Serge est passionnant de ce point de vu où l’abjection bureaucratique est éclairée par le talent de Serge.
L’histoire du capitalisme au XXème siècle, en Europe, a débouché, en son point culminant, sur une histoire de la déportations. Elle est devenue après guerre, une déportation initiée par le spectacle et la marchandise, et par conséquent une déportation psychologique, morale, intellectuelle et temporelle. "Se questo e un uomo". On a bien des raisons de supposer qu’on vous nie, si souvent, par bureaucrates et marchands interposés, qu’en effet la question se pose bel et bien : "se questo e un uomo" a subi un effet de renversement, très complexe et dans tous les cas particulièrement redoutable. Je suppose que votre intimité, dans l’écriture, cherche à cette question des résonances personelles ?