Accueil > ... > Forum 432767

Les classes sociales en France aujourd’hui, les partis politiques et l’avenir du "mouvement" communiste

25 février 2011, 07:24, par yapadaxan

L’avenir du mouvement communiste ne peut pas être problématisé sur la seule base nationale car cela n’a aucune signification.
L’avenir du communisme ne peut se concevoir que dans une équation mondiale, d’autant plus qu’il est la réponse à la mondialisation capitaliste.
Tant que le capitalisme dominera le monde, il exigera une réponse communiste très largement internationale.
On a appris d’expérience que toute révolution "communiste" ayant instauré le socialisme se heurte à sa contre révolution, laquelle est la conjonction de forces nationales et internationales et cela sur une durée de temps telle que la société nouvelle ne trouve pas les forces économiques ni politiques de son développement.

Ainsi, poser la question du communisme en France oblige à élargir la problématique communiste dans son rapport des forces mondial. Autant dire que l’existence communiste en France suppose une organisation mondiale elle-même communiste.

Il pourrait être vain de recenser la composition sociologique de la société (française) si on ne définit pas, d’abord, ce qu’est le communisme dans son objectif de mettre en place une société socialiste après une prise de pouvoir d’une façon ou d’une autre. Ou, exposé autrement, il est vain d’envisager l’établissement de cette société socialiste si on ne formule pas précisément en quoi consiste le capitalisme, d’abord, le capitalisme mondialisé, ensuite, parvenu à un niveau important d’impérialisme.

Outre l’analyse des forces matérielles, on se doit d’analyser dans le même mouvement l’état du rapport des forces idéologiques en tant que ces forces idéologiques sont aussi et surtout les modes de représentations des peuples et des individus dans leur façon de se voir et de se concevoir et cela en fonction de l’Histoire, comprise comme processus complexe de forces en conflit.

Notre théorie analytique exige d’être située nécessairement dans son évolution dialectique, tant du point de vue de la lutte des classes que du point de vue de la lutte des peuples, laquelle est une façon plus élaborée d’être encore la lutte des classes.

Le XXème siècle vient de s’achever riche d’événements politiques considérables.

Les pays colonisés ont accédé, grâce à leur lutte et à la guerre, à leur indépendance. Ils ont mis fin, ainsi, à 4 ou 5 siècles de domination étrangère coloniale où, à l’exploitation des classes, se superposait la domination en termes de races et de théories raciales. C’est-à-dire que les niveaux de violences s’additionnaient dans une horreur humaine et inhumaine.
Des peuples ont recouru à la révolution et ont mis en place des pouvoirs communistes ayant en charge l’instauration d’une société plus juste, car socialiste. Ces pouvoirs révolutionnés ont rajouté à l’horreur, jetant dans la confusion la plus grande tous les peuples du monde, ayant au départ salué ces révolutions comme un espoir de vie meilleure.

En fait, les indépendances nationales des pays anciennement colonisés se sont révélées être des processus de néocolonisation favorisant l’impérialiste capitaliste. Les espoirs nés des révolutions prolétariennes se sont effondrés avec les sociétés dites socialistes qui leur avaient donné le jour.

A la fin du XXème siècle, le drame humain de la planète entière aboutissait à une formidable défaite du camp marxiste et révolutionnaire.

Tout au long de ce siècle, le capitalisme a multiplié les horreurs, les guerres, les contre révolutions, les répressions, les dictatures, les charniers, les massacres, les tortures et les exécutions. Néanmoins, qu’on le veuille ou non, le capitalisme est sorti grand gagnant du siècle, du monde et de l’Histoire. Aujourd’hui encore l’idée même du socialisme est flétrie, entendue négativement, perçue comme repoussante.

Après 2 guerres mondiales et d’incessants conflits meurtriers, l’image du capitalisme est celle qui séduit le plus ou, tout au moins, contient le moins de négativité. C’est que ces conflits de classes et de peuples sont aussi médiatisés, travaillés idéologiquement. Ne perdons surtout pas de vue que l’école, l’art, la culture, les médias, tout ce qui travaille les formes de représentation du réel sont aux mains des capitalistes.

Le cinéma est l’objet d’un culte et d’une industrie, dont la capitale est Hollywood. La chansonnette (et ses textes légers et futiles) est érigée au niveau de manoeuvres industrielles et commerciales qui n’hésitent pas à peaufiner un authentique culte païen avec, si les mots ont un sens, des IDOLES et des fans, consommateurs de produits matériels et immatériels, d’idéologies au mieux pseudo contestatrices, au pire totalement béni oui oui...

L’enseignement représente un enjeu considérable. L’Histoire enseigne que les USA libérèrent l’Europe en 45, se tait relativement à l’URSS, Staline et l’Armée rouge. L’enseignement des Lettres et de la Philo est dévalorisé, réputé improductif, perçu comme un bavardage non rentable. C’est, au mieux, un supplément d’âme. Une richesse (luxueuse) de l’esprit. Bref, un truc inutile qu’on bouffe pas à table et qui ne sert qu’à l’enc de mouches.

En effet, 2 siècles de capitalisme exclusif voient des recompositions sociales s’opérer en profondeur. Après un XIXème siècle d’hyper exploitation (se souvenir du travail des enfants, de la durée du travail, de l’absence d’allocations sociales ni familiales, de sécurité sociale, de caisse vieillesse et de congés), la lutte syndicale s’est montrée si efficace que les travailleurs ont connu de très nettes améliorations des conditions de vie et de travail. Les guerres ont exigé qu’on reconstruise les pays, créant ainsi le plein emploi, rémunéré suffisamment pour assurer un confort relatif mais toujours modeste. L’industrie a produit des biens liés au confort : appareils ménagers et automobiles. En s’en acquérant, les salaires modestes ont vu leurs conditions s’améliorer et l’image sociale flattée. Ce progrès n’était effectivement pas négligeable. Le recours à la main d’oeuvre immigrée "acceptant" les travaux ingrats a créé l’illusion d’un prolétariat au-dessus d’un autre auquel était dévolu le sale boulot.

Au jour d’aujourd’hui, l’impérialisme s’est considérablement développé : il contrôle militairement toute la planète, possède tous les grands médias et imposent ainsi, de façon agréable et paisible, sa vision du monde. Il est politiquement le grand leader.
Sa nouvelle offensive consiste à revenir sur tous les acquis sociaux, à délocaliser à grande échelle, provoquant un chômage de masse et une misère qu’on ne qualifie plus de moderne. Les ouvriers se voient placés en concurrence. Les uns conservent l’emploi, d’autres le perdent et sont jetés dans les pires galères. Ce traitement inégal des ouvriers brouille toute lecture rationnelle de l’évolution de la société. Les uns accèdent à la propriété, les autres sont jetés en pâture : une maladie, un divorce et c’est la déchéance, la descente aux enfers. Le vote FN est à la fois protestation contre la main d’oeuvre immigrée et contre le contenu social injuste du pouvoir capitaliste, si bien que ce vote représente autant la réaction la plus droitière que le progrès le plus radical.
L’abstention s’est durablement installée, marquant la défiance, voire l’hostilité à la mythologie parlementaire de la démocratie bourgeoise.

Le constat à faire en priorité est l’absence totale de lecture communiste de la société et du monde, l’impossibilité d’agir CONTRE cette société d’exploitation et d’oppression, avec ce sentiment qu’on vit dans un monde barbare, fait de sang et de guerre, de haine et de terrorisme parce qu’il n’y a pas d’instance à la hauteur des enjeux du XXIème siècle : la mise en mots de l’état du monde d’aujourd’hui, de ses forces en présence et de la route à suivre pour le transformer...