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Le monde arabe en révolution Quelques réflexions sur ce qu’il nous dit sur le monde réel et le changement.

10 mars 2011, 17:34, par Copas

Il n’est pas excessif de constater que tout le monde a été pris de court et bien des idées reçues battues en brèche.

tout le monde ?

non !

savoir comment et où se produirait la détonation ? oui ça c’était difficile car les candidats étaient légion.

On a vu tout le long de l’année 2010 une montée en pression en Afrique du Nord et dans le monde des batailles sociales de plus en plus rudes.

Mais un certain nombre pensait que des évènements annonciateurs commençaient à sortir du commun des révoltes contingentées passées et pas seulement dans le monde dit "arabo-musulman", très loin de là.

il n’est donc pas exact que tout le monde ait été pris de cours.

Maintenant, partout dans le monde dit "arabo-musulman" les régimes font de très grosses concessions sociales :

 le roi Abdallah vient de lâcher l’équivalent de 30 RSA (37 milliards de dollars à ajuster avec le niveau de vie, le nombre d’habitants et le taux de change)

 Au Bharein, au Yemen, en Oman, au Maroc, en Algérie, en Jordanie, en Syrie, en Libye, en Tunisie, en Egypte, les patrons et le régime tout en se battant comme des chiens, avec cruauté, ont lâché des sommes énormes pour endiguer des colères qui sont fondamentalement sociales, de classe et démocratiques (les deux sont profondément liées, pas de libertés = batailles sociales difficiles)

 Curieux : même le gouvernement israëlien est sous tension sociale pour lâcher du lest.

en employant les mots infâmes de l’en face :

La rentabilité des terribles batailles menées par les classes populaires dans une dizaine de pays est évidente , malgré le prix humain effroyable payé.

Le très gros prolétariat urbain, de haut niveau d’éducation, qui s’était créé ces dernières dizaines d’années dans un nombre très grandes de pays a incontestablement gagné du terrain.

La situation politique et sociale de cette classe travailleuse est montée d’un cran.

Mais ces batailles sont un accélérateur de batailles sociales allant bien au delà des pays cités, et par leur massivité elles prennent une dimension politique considérable.

les soulèvements qu’on voit ici sont la suites des énormes mouvements sociaux (et d’une jeunesse n’ayant pas d’autre destin que prolétaire et se ressentant ainsi, et non dans un avenir de bourgeois ou petits-bourgeois) qui ont secoué et secouent l’Amérique Latine, l’Europe (tout le long de 2010, le dernier en date étant le mouvement de jeunesse néerlandais massif), les USA, la Chine, l’Iran, le Pakistan, l’Inde (et sa plus grande grève de tous les temps), les énormes grèves semi-insurrectionnelles du Bangladesh, etc.

En ce moment il existe le verrou libyen qui va ralentir provisoirement ou accélérer l’extension des soulèvements révolutionnaires suivant la résolution des 2 problèmes en cours (foutre en l’air la clique de Kadhafi et ne pas se faire bouffer par l’impérialisme).

Mais le monde continue de se précipiter vers des secousses qui portent le meilleur comme le plus terrible en germe.

Dans la situation issue de la bataille de Tunis il n’y a pas que des pays du monde "arabo-musulman" loin de là, dans lesquels l’exemple "arabe" travaille.

Nous connaissons la route de Madison (Télé-Sarko ne sait toujours pas où est le Wisconssin) où l’exemple explicite de la place Tahrir a dopé des dizaines de milliers de travailleurs dans ce petit état des USA pour se hausser à hauteur des attaques qu’ils subissent.

Il y a également des phénomènes ambivalents dont l’issue peut être aussi bien rouge que noire comme ce qui se passe depuis 1 mois en Croatie maintenant, avec des affrontements réguliers avec les forces de répression avec des thèmes qui peuvent aussi bien déboucher sur le fascisme que sur une offensive sociale.

Il y a eu la détonation brutale de Tirana

Tout cela éclaire une situation globale dans laquelle tout peut se passer.