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Restitution de palmes académiques en soutien à des enseignants sanctionnés

5 novembre 2012, 11:15, par Denis DELFORN

Bravo, je vous approuve totalement et vous félicite.
De mon côté, je viens de restituer mes propres Palmes Académiques par une lettre ouverte qui dénonce la démagogie, l’hypocrisie, la lâcheté et l’incompétence de notre hiérarchie :

Denis DELFORN
Professeur de mathématiques tout juste retraité

Lettre ouverte à Monsieur le Recteur de l’Académie de Montpellier

Perpignan, le 1er novembre 2012

Monsieur le Recteur,

En ce premier jour de retraite qui lève mon devoir de réserve, je veux, en justifiant ma démarche, renoncer publiquement et par lettre ouverte aux Palmes Académiques qui m’ont été décernées en 1998.
Cette démarche ne fait suite à aucun contentieux qui m’aurait opposé à l’Administration, je l’inscris dans un cadre collectif pour dénoncer la situation des personnels enseignants face à un métier dont l’exercice est devenu épouvantable au fil des années, dévalorisant, démoralisant, cruel et peu rémunérateur. La démagogie et le laxisme de nos autorités hiérarchiques en sont la cause première alors que celles-ci mettent en exergue, pour tenter de masquer leur propre responsabilité, l’évolution de la Société et l’incivisme de plus en plus grand de trop nombreux parents. Cette hiérarchie, tous niveaux confondus, refuse de prendre les responsabilités et les décisions qui lui incombent et préfère éluder hypocritement et inutilement les problèmes posés aux enseignants qui veulent accomplir leur mission ; pire encore, elle stigmatise ces derniers. Chaque rouage de cette hiérarchie n’a d’autre intérêt que son déroulement de carrière et son confort de travail, la compétence à ces niveaux-là étant évaluée à la capacité de ne pas mettre dans l’embarras son supérieur qui mettrait lui-même dans l’embarras son propre supérieur s’il n’arrivait pas à stopper ce qui est malencontreusement remonté jusqu’à lui. Rien ne peut donc jamais être réglé sur le fond et l’école de la République voit aujourd’hui des enseignants complètement isolés et démunis, même s’ils ont de nombreuses années d’une expérience réduite à l’impuissance face à la lâcheté et à l’incompétence dogmatiques de leurs supérieurs.
Je n’ai pas plus qu’un autre de mes collègues mérité les Palmes Académiques qui ne sont malheureusement attribuées à un enseignant ni pour ses compétences pédagogiques ni pour ses qualités professionnelles, comme le dénonçait en son temps Marcel Pagnol dans « Topaze » ; elles m’ont été données pour mon implication et mon action volontaires dans la prévention de la violence à l’école au niveau départemental. Cet engagement m’a confirmé que c’est l’école qui ne joue principalement pas son rôle pour les causes que je viens de dénoncer. Un comble quand on demande à la Police, à la Gendarmerie et à la Justice de s’impliquer pour régler les problèmes que nos supérieurs choisissent d’occulter au moment où leur traitement est encore possible. L’école crève un peu plus chaque matin au sortir du petit déjeuner. Ma participation à la fois éducative et répressive comme assesseur au Tribunal Pour Enfants de Perpignan m’a confirmé pendant quinze ans que des équipes solidaires, responsables, motivées, animées et soutenues par une hiérarchie dynamique et respectueuse, obtenaient des résultats sur le long terme. Sans stigmatisation ni dénigrement de la base, mais grâce à la participation, à l’implication, à la solidarité, à la volonté de tous les échelons qui restent mobilisés sur le terrain au contact direct du public au lieu de s’isoler confortablement dans la tour d’ivoire de leurs bureaux, principale tare de l’Education.
Recevez, Monsieur le Recteur, l’expression de mes salutations.

Signé : Denis DELFORN