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Il n’est pas de sauveurs suprêmes !

27 septembre 2011, 07:49, par pilhaouer

... ... Voici donc le dilemme que les groupements d’inspiration radicale affrontent inévitablement : pour avoir un écho suffisant au niveau de la société globale, les actions doivent être organisées ; mais les actions organisées se transforment en moyens d’intégration au capitalisme. Désormais, tout se passe comme si pour pouvoir faire quelque chose, il fallait faire le contraire de ce qu’on voulait, et comme si pour ne pas faire de faux pas, il fallait ne rien faire du tout.
Est-il sort plus lamentable que celui du militant aux idées radicales qui se sait utopiste et va d’échec en échec ? Aussi, par un réflexe d’autodéfense, le radical, sauf s’il est un mystique, place toujours la spontanéité au premier plan, tout en restant plus ou moins convaincu en son for intérieur que c’est un non-sens que cela. Mais son obstination semble indiquer qu’il ne cesse jamais de percevoir quelque sens caché dans ce non-sens.
Le fait de se réfugier ainsi dans l’idée de spontanéité dénote une inaptitude réelle ou imaginaire à constituer des organisations efficaces et un refus de s’opposer de manière "réaliste" aux organisations en place. En effet, pour combattre avec succès ces dernières, il faudrait créer des contre-organisations dont l’existence, en soi, irait à l’encontre de leur raison d’être.
Opter pour la "spontanéité", c’est donc une façon négative d’aborder le problème de la transformation sociale ; toutefois, mais seulement dans un sens idéologique, cette attitude a des aspects positifs, étant donné qu’elle implique un divorce mental d’avec le type d’activités qui tendent à renforcer l’ordre établi.
Aiguisant la faculté de critique, elle mène à se désintéresser d’entreprises futiles et d’organisations dont on ne peut plus rien attendre.
Elle permet de distinguer l’apparence d’avec la réalité ; bref, elle est liée à l’orientation révolutionnaire.
Puisque d’évidence certaines forces, organisations et rapports sociaux sont voués à disparaître et que d’autres tendent à les remplacer, ceux qui tablent sur l’avenir, sur les forces en gestation, mettent l’accent sur la spontanéité ; en revanche, ceux qui se rattachent étroitement aux forces du vieux monde insistent sur la nécessité de l’organisation. ... ...

Mattick "organisation et spontanéité"

http://infokiosques.net/IMG/pdf/Mattick-OrgaEtSpont.pdf

Débat d’actualité, non ?