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Rome « Indignés » : 70 blessés, dont trois graves... (videos)

16 octobre 2011, 06:58, par pilhaouer

En 2002, le groupe « terrorisme » de l’Union Européenne, rassemblant les spécialistes de la lutte anti-terro dans les pays-membres a décidé de renforcer la lutte contre « le vandalisme criminel commis par des groupes extrémistes radicaux » en marge des sommets de l’Union.
Estimant que les débordements des Black Blocs suscitaient « des situations de terreur au sein de la société » et « semaient la crainte parmi les citoyens de l’Union », les responsables européens ont décreté que ces attaques devaient être traités comme des actes terroristes tels que définis par Bruxelles dans l’après 11 septembre.


Vengeance de classe
la vengeance est un plat qui est à servir aux pauvres

Une fois les encapuchonnés retournés dans leurs
abris, les incendies éteints et la menace terminée, la
police a repris pleine possession des villes anglaises.
Pendant des journées entières, les 16 000 hommes
armés envoyés par le gouvernement ont fait entendre
leur monologue assourdissant, avec des colonnes de
blindés se lançant sirènes hurlantes sur les routes dé-
sertes et des patrouilles dans chaque quartier.
Cameron avait annoncé qu’il n’y aurait pas de pi-
tié, et la pitié – obéissante – a décidé de s’enfouir sous
terre, alors que les tribunaux restaient ouverts toute la
nuit pour juger les 2300 personnes interpellées pen-
dant les émeutes. Les peines ont été lourdes. « Exem-
plaires », selon la définition des journaux. Pour le vol
de deux bouteilles d’eau, d’une valeur de trois livres
sterling, Nicholas Robinson, 23 ans, a été condamné
à six mois de prison. Pour le vol de deux vestes, Eoin
Flanagan, 18 ans, de Manchester, a été condamné à
huit mois de réclusion. Pour avoir dit à un policier :
« Si t’avais pas l’uniforme sur toi, je te défoncerais la
gueule », Ricky Gemmel, 18 ans, a été condamné à six
semaines de prison. Et ainsi de suite, du moins pour
les plus chanceux. Pour tous les autres, de bonne
grâce, les juges ont retenu opportunément les peines
les plus sévères et les ont renvoyés au jugement des
crown courts, les tribunaux royaux qui ont le pouvoir
d’infliger des sentences à outrance.
Entre-temps les policiers se sont organisés en
équipes et ils sont allés, maison par maison, arrêter
les centaines de suspects encore en liberté. Avec eux,
comme des chiens de meute des chasseurs, se dépla-
çait un attroupement de journalistes. Le quotidien
 e Telegraph, par exemple, a transmis avec fierté
sur son site la vidéo de l’arrestation de Shereka Leigh,
mère célibataire de 22 ans, de Tottenham, coupable
du vol d’une paire de chaussures. La vidéo montre les
agents défoncer la porte, entrer dans l’appartement
en hurlant, marcher sur les jouets de son fils de 4 ans
et emmener dehors la jeune femme menottée.
Mais les agents ne doivent pas faire tout le bou-
lot. Des fois, les parents leur donnent aussi un coup
de main. Avec un dévouement qui aurait fait pleurer
Staline, après avoir reconnu sa fille de 18 ans, Chelsea,
dans des vidéos diffusées à la télévision, l’héroïque
Madame Adrienne Ives n’a pas hésité à appeler la po-
lice locale. Les journaux n’ont pas pu s’empêcher de
chanter les louanges de cette extraordinaire mère-cou-
rage. Dommage qu’au temps de Saturne, il n’y avait pas
de journaux, ils auraient pu faire briller comme il faut
ceux qui dévorent leurs propres enfants.
« Nous vous retrouverons », avaient dit, il y a quel-
ques jours, des agents sur leurs pages Facebook, « et
on vous fera sentir tout le poids de la loi ». Et cela s’est
passé. On espère bien que ce poids n’est pas écrasant
au point d’étouffer, comme c’est arrivé à Jimmy Mu-
bega, Angolais de 45 ans mort par asphyxie pendant
qu’il était « mis en sécurité » par les agents qui étaient
chargés de le déporter depuis l’aéroport de Heathrow.
Mais le poids de la loi, c’est connu, tombe souvent
comme de la grêle du ciel, et il arrive qu’elle détruise
en entier la vie de certaines personnes. D’ailleurs,
les fautes des pères tombent sur les fils et donc, par
propriété transitive, celle des enfants doivent tomber
sur leurs parents. Avec une détermination digne de
Salomon, David Cameron a déclaré que les familles
des interpellés qui bénéficient des aides étatiques ré-
servées aux pauvres perdront tout. Plus de logement
social, plus d’allocation chômage, plus de house in
benefit, plus de welfare. Interviewé à la BBC, le se-
crétaire d’Etat pour les communautés locales, M. 
Eric Pickles, a réaffirmé cette idée. Les émeutiers et
leurs familles seront délogés, et les circonscriptions
de Wandsworth, Westminster, Greenwich, Hammer-
smith, Nottingham et Salford ont déjà rendu exécu-
toires les expulsions.
Mais on craint que même ces dispositions à l’ar-
rière-goût médiéval ne seront pas suffisantes. Le pro-
blème est bien plus profond, disent certains, et il s’est
infiltré sous la peau des citoyens britanniques. David
Starkey, célèbre commentateur de la BBC, l’a expliqué
très clairement en direct à la télévision : le problème,
dans ce pays, est que les Blancs sont devenus Noirs, ils
ont perdu le sens de la dignité occidentale, sont deve-
nus des sauvages. Le multiculturalisme, dit Starkey, a
changé la couleur de notre peau et notre ADN.
Heureusement, le gouvernement n’est pas seul à
affronter ce défi bio-génétique. Comme ça arrive as-
sez souvent en Angleterre, l’aide est soudainement
arrivée d’en haut. Et par « en haut », bien entendu,
nous parlons des États-Unis, mère-patrie dont la
Grande-Bretagne est l’une des colonies fidèles. Inspi-
ré par l’exemple américain, David Cameron a convo-
qué le super-flic Bill Bratton, inventeur du régime
de la « tolérance zéro » qui a rendu obèses autant de
prisons outre-atlantique. Le crime de rue, a déclaré
Cameron, sera raclé de l’île, comme si c’était un mé-
lanome sur la peau candide d’Albion.
Peut-être que le premier ministre n’a pas choisi le
bon homme pour ces nettoyages. Plutôt qu’à Bill Brat-
ton, Cameron aurait dû s’adresser à Conrad Murray,
le célèbre médecin de Michael Jackson, aujourd’hui
sous enquête pour l’assassinat du chanteur. Enlever le
noir de la peau est une question difficile et il y a peu
de gens au monde qui sont capables de le faire. Des
bains de mercure, des infiltrations de cortisone et
des applications d’hydroquinone sont les seuls soins
possibles. Avec quelques injections de médicaments
anti-douleur, pour rendre l’ensemble plus supporta-
ble. Seulement de cette façon la candide Angleterre
pourra gratter sa négritude superficielle. Au risque
d’en mourir, si cela devait être nécessaire. D’ailleurs,
suite aux magnificences du mariage royal, il n’y a que
l’enterrement d’une nation toute entière qui pourrait
offrir au monde un événement plus spectaculaire
pour la prochaine décennie.
FedeRiCo CaMpagna, 14 août 2011, londReS
oRiginal en italien paRU SUR inFoaUt.oRg


« Qu’est-ce que le crime de piller une chaîne de magasins
à côté du crime d’en posséder une ? » Luther Brecht