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> LE BRUIT CRISTALLIN D’UN TALON AIGUILLE SUR LE MACADAM

26 janvier 2005, 12:56

REPONSE DE FRANCA MAÏ A CE FORUM VOLCANIQUE

Tout d’abord, je vous trouve très sectaire avec les truies. J’aime profondément ces bêtes roses et épicuriennes. Je soulignais seulement leur souffrance inutile avant et pendant la torture de l’abattoir.

La métaphore jugée malpropre concernait... la souffrance de l’animal et non pas ce que le mot « truie » représente de péjoratif dans l’inconscient collectif. Allez d’ailleurs comprendre pourquoi ...

N’oubliez jamais que les travailleuses du sexe sont traitées comme du bétail par des réseaux puissants et mafieux bourgeonnant de jour en jour et en toute impunité, sur les chemins de traverse. La société n’est pas immaculée, elle ne les épargne guère, non plus...

Je ne vois guère de différence malheureusement, dans l’agonie d’une truie et celle d’une prostituée. Elles sont traitées à la même enseigne.

La répression et la tolérance zéro sont extrêmement moralisatrices et répressives. Et comme par hasard, toujours dirigées vers les fleurs du macadam, jamais en destination de leurs souteneurs et proxénètes-cancrelats.

Actuellement au regard de la nouvelle loi qui sévit en France, ce sont les filles de sexe-minute qui sont taxées et qui subissent les conséquences et les humiliations journalières. Parquées aux alentours de la ville dans des zones réputées dangereuses et hors-sécurité, elles vivent l’enfer de l’aléatoire.

Et dans le nettoyage systématique des villes-lumières, qui peut encore s’intéresser aux douleurs de la nuit opaque ? ...

Pénaliser le client revient à dire que celui-ci doit se mouler dans une règle établie que serait la « sexualité saine ». Fort heureusement le désir et le plaisir sont fantasques, versatiles et créatifs. Ils peuvent prendre également les atours fantasmés et consommés d’une péripatéticienne.

Entendons-nous bien à partir du moment où la relation est pratiquée par des adultes consentants.

Il faut combattre les proxénètes et les maquignons du monde qui se ressemblent étrangement, à peine déguisés, dans les sphères de l’industrie dite traditionnelle.

Je le répète ici, une femme qui fait le choix de vendre son corps et sa chair non pas par nécessité mais par envie et il en existe... doit pouvoir exercer son métier sans s’attirer les foudres réactionnaires des pleureuses dominicales.

Cette femme -libre de monnayer son corps si elle le désire- doit bénéficier d’une couverture sociale et sanitaire comme tout un chacun. Sa peau ne vous appartient pas.

Certaines personnes réprouvant ce mode de sexualité n’ont aucunement à juger si cela est bien ou mal. Qui sont-elles pour se permettre de s’octroyer un droit de cuissage sur des lois supposées d’une « vie normale et bienséante » ?

Eduquer les petits garçons comme ce forum le suggère, pour le respect de la femme est une très bonne initiative mais éduquer leurs mères serait la première pierre à sceller pour un changement de mentalités. Egalité OK mais également dans le quotidien d’une cuisine. La transmission commence là. Le machisme naît de la différence que des parents perpétuent dans leur façon d’élever leur progéniture suivant qu’elle est, fille ou garçon.

Il existe également des hommes qui ne savent pas communiquer. Ils trouvent dans cet échange anonyme et troublant, une réponse à leur mode de fonctionnement. Leurs pulsions ainsi maîtrisées les empêchant très certainement de déborder dans une zone de non retour.

La fille du pavé, a donc un rôle bienfaiteur et social, et à ce titre, elle devrait faire l’objet de notre considération éternellement reconnaissante et d’une lutte acharnée en vue de l’obtention de ses droits les plus élémentaires.

Protégeons nos frangines de sang.

Et puis, si du haut de votre culture bien-pensante, vous preniez le temps Mesdames, de dialoguer avec des prostituées au lieu de les éviter et d’accepter leur mise en quarantaine, vous constateriez que leurs souhaits sont similaires. Elles sont piégées actuellement dans un système flirtant avec un arbitraire policier des plus hasardeux.

La compréhension humanisée passe également par l’absence de préjugés.