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> LE BRUIT CRISTALLIN D’UN TALON AIGUILLE SUR LE MACADAM

27 janvier 2005, 11:09

REPONSE DE FRANCA MAÏ

Bonjour Mathilde,

Merci pour cette réponse.

Il me semble que l’urgence actuelle avec la Loi du 18 mars 2003 est un combat sans faille, afin que les filles du macadam obtiennent leurs droits les plus élémentaires, à savoir : couverture sociale, sanitaire etc...

L’exode actuel contraint, réputé dangereux pour leur peau aux périphéries des capitales serait alors contrecarré. Et peut-être les harcèlements et les conséquences dramatiques qui en découlent, amoindris.

Sachant que la majorité des filles qui viennent de l’Est et d’ailleurs sont sans-papiers -donc des proies encore plus fragilisées par le commerce et les réseaux en amont - et que les autres exercent dans une frontière qui valse avec l’arbitraire, en légalisant une bonne fois pour toutes, le métier de prostitution et en arrêtant d’infantiliser la femme, les règles seront claires.

La femme qui décidera de monnayer son corps, exercera son métier avec un statut reconnu de tous, et en toute connaissance de cause.

Les cancrelats-proxénètes n’auront plus de pseudo- justificatifs ( protection de la fleur du macadam etc...) pour faire valoir leur existence.

Là, on pourra parler de choix.

Tu me reproches un texte littéraire. Je suis écrivaine. Je m’exprime avec mes mots.

Les spécialistes et leurs statistiques diverses, nous submergent de chiffres et savent très bien le faire. Mais un chiffre a-t-il réellement une résonance dans la boîte crânienne ?

N’y aurait-il seulement qu’une seule femme au monde pour vendre son corps sur cette terre que je prendrais sa défense au travers la plume, si tel était son souhait. Au nom de la liberté de l’humain.

Tu me parles des boulangers, des postiers et autres corps de métier officiels, qui animent la ville-lumière mais je n’en ai encore jamais croisé un, arpentant le macadam avec ce joli tintement cristallin spécifique au talon aiguille.

Qui plus est, tous bénéficient d’un statut et n’ont jamais été relégués en zone interdite, pour cause de trouble à l’ordre public. L’odeur des croissants ne dérangeant personne.

La prostitution est également un métier. Pourquoi le marginaliser sous prétexte qu’il touche à la chair ?

Bien cordialement.