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> LE BRUIT CRISTALLIN D’UN TALON AIGUILLE SUR LE MACADAM

11 mai 2005, 14:24

Bof, les arguments présentés en faveur de la réglementation de la prostitution ne tiennent pas une seconde, sont contredits par l’expérience ET la logique.

Un point avant : la référence aux prostituées sacrées antiques. Parlons-en. En Grèce, cette prostitution sacrée existait. Les familles à l’origine se débarassaient de leurs filles surnuméraires ainsi... Et puis très vite cette offre s’est résorbée, aucune famille n’étant assez avare et cruelle pour réserver à leurs filles un tel sort. Alors les tenanciers des lupanars se sont approvisionnés dans les captifs et captives de guerre. Les esclaves des deux sexes (et oui) étaient "consacré-es" au culte d’Aphrodite. Elles (et ils) avaient en moyenne de 16 à 20 ans. Passé cet âge, les survivantes (une minorité) étaient "redirigées" vers la prostitution profane, la prostitution de rue, encore plus sordide. A tel point que Solon tente de la proscrire... Sans succès. Evidemment, il ne s’en était pris qu’aux prostitué-es, qui n’ont jamais été à la source du problème.

Donc sachez que quand vous prônez la prostitution sacrée, vous prônez l’enlèvement de mineur-es dans les pays étrangers (racisme + pédophilie), leur réduction en esclavage, le viol à l’abattage (plusieurs dizaines de passes par jour), les violences perpétuelles (une mortalité effroyable dans les bordels sacrés), la séquestration (pas le droit de quitter le temple), etc.

Bon quant aux arguments des pro-réglementation :

 Ca diminue l’emprise de la mafia et des proxénètes. FAUX, les Eros Center ont été récupérés par "d’honnêtes hommes d’affaires" qui ont largement investis dedans, et qui en définissent les règles, du genre interdiction d’en sortir, fût-ce pour acheter un paquet de clopes, interdiction de refuser un client, etc.

 Le contrôle de la prostitution diminue la propagation des MST : FAUX, c’était l’argument clef au XIXème siècle des règlementaristes au sujet de la Syphilis. Légalisation des maisons closes et contrôle sanitaires. Explosion des taux d’infection à la Syphilis. Abandon de la loi et retour à la prostitution "libre".

 Interdire l’exercice de la prositution augmenterait le nombre de viols. FAUX, en Suède où le client est poursuivi, dès que les personnel judiciaire, administratif... a été formé à faire appliquer la loi (soit deux ans après l’édiction de cette loi), les agressions sexuelles dans la capitale ont diminué. Situation inverse en Australie où les agressions sexuelles ont explosées depuis la légalisation des bordels, les deux violences (prostitution et viol) étant les résultantes d’un même facteur : le sexisme. Combattre l’une combat l’autre.

 La légalisation permet de contrôler, et donc de diminuer la traite des femmes. FAUX. En Suède, la traite des femmes a quasi disparue (de l’ordre de quelques centaines de femmes par ans contre des dizaines de milliers pour les pays voisins) ; en Australie, elle a été multipliée pas 300 % en particulier avec des victimes de la traite venant de pays pauvres d’Asie du Sud-Est.

Tous les arguments réglementaristes sont retournables de cette manière. Protéger les personnes prostituées, c’est chercher à abolir la prostitution. Pas la légitimer. Surtout pas.

Sur ce, quelques extraits : (vous pouvez chercher aussi sur Sisyphe, les cheucheuses et chercheurs donnent systématiquement toutes leurs sources) :

Libre choix ?
"Entre 75 et 80 % des prostituées ont été abusées sexuellement dans leur enfance (20). Plus de 90 % des prostituées sont contrôlées par un proxénète (21). Une étude sur les prostituées de rue en Angleterre a établi que 87 % des prostituées avaient été victimes de violence durant les douze derniers mois (22) ; 43 % d’entre elles souffraient de conséquences d’abus physique graves. Une étude américaine a montré que 78 % des prostituées avaient été victimes de viol par des proxénètes et des clients, en moyenne 49 fois par année ; 49 % avaient été victimes d’enlèvement et transportées d’un État à un autre et 27 % avaient été mutilées (23). L’âge moyen d’entrée dans la prostitution aux États-Unis est de 14 ans (24). Dans de telles conditions, peut-on soutenir qu’il y a vraiment une prostitution " libre ", non forcée ?"

Misère sexuelle ou soif de domination ?
"Dans son étude, Michel Dorais souligne que, selon ses observations comme travailleur social auprès de jeunes garçons prostitués à Montréal, ce qui attire le client, c’est moins la sexualité en soi que le sentiment de pouvoir que lui procure une relation forcément inégalitaire dans laquelle il impose ses exigences et garde le contrôle"

L’usage du préservatif serait plus répandu dans les bordels légaux, endiguant la progression du SIDA :
"Une recherche effectuée à Melbourne (Australie) a révélé que 40 % des clients interrogés avaient utilisé des femmes prostituées sans porter de condom" [Le chiffre est rigoureusement le même que celui du taux de refus du préservatif en France où la prostitution n’est pas réglementée]

Main prise de la grande criminalité sur les bordels légaux :
"Dans l’État de Victoria, la police et les tenanciers de bordels légaux estiment à 400 le nombre de bordels illégaux, soit quatre fois plus que celui des établissements licenciés (8). Victoria, le Queensland et le TCA exigent la vérification des antécédents criminels des demandeurs de permis de bordel, mais de telles vérifications ne sont pas nécessairement efficaces. Dans certains cas, il semble que les tenanciers de bordel sont simplement les membres de familles criminalisées dont le dossier est encore vierge. Dans d’autres cas, des hommes au dossier criminel chargé arrivent à tenir des bordels légaux en recourant à des prête-noms ou à des organisations de façade qui leur évitent d’être reconnus comme propriétaires officiels."

La réglementation diminue la violence faite aux femmes par les clients :
"Dans les bordels S-M, la plupart des femmes ne sont pas engagées comme dominatrices mais comme " soumises " ou, comme on dit parfois, " esclaves ". On leur inflige des pratiques violentes. Leur corps peut être tailladé, percé, marqué au fer rouge, et il s’agit d’une violence commercialisée et entièrement légale. Les femmes n’ont aucun recours parce que c’est pour cela qu’elles sont payées."

Ou encore, dans la recherche menée par Mary Sullivan sur les codes de santé et de sécurité au travail (SST) en bordel :
"On y donne des conseils sur la pénétration au poing de l’anus et du vagin, une pratique qui peut déchirer le colon et entraîner la mort (14)."

Quand aux pratiques, voilà l’effet de la réglementation :
"La légalisation de la prostitution amène les hommes à exiger davantage de pratiques que les femmes n’aiment pas ; elle rend les femmes plus impuissantes à leur résister en raison d’une concurrence accrue et elle accorde plus de pouvoir aux tenanciers de bordels. Un des résultats de la légalisation est une forte hausse de la demande de pénétration anale."

Ce genre de textes sont de libre accès, faciles à se procurer. S’informer sur la prostitution, sur ce qu’elle est réellement, c’est facile. Dire de telles bétises et de telles monstruosités (prostitution sacrée qui serait "jolie", amélioration des conditions de vie des personnes prostituées, droit des femmes à jouir de leur corps, viols qui diminueraient...) correspond à la convergence d’une absence de désir d’information et de préjugés profondément misogynes.

Je renvoie donc les gens qui prônent la réglementation à leur propre responsabilité. Ce sont les partisans actifs du viol, de la torture et de l’esclavage. Ce n’est pas la personne prostituée que je méprise, moi. C’est vous.