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Marx et Keynes, les limites de l’économie mixte. P.Mattick

19 octobre 2011, 08:03, par Copas

Très intéressant texte.

Ne point être trop mécanique quand même sur les problèmes du capitalisme moderne.

Quelques petites parties discutables :

Mattick met aussi l’accent sur la concentration du capital qui entrave tout développement régulier, qui ne fait qu’appauvrir de façon inexorable des régions entières du globe, réduite à fournir des matières premières aux prix décidés par les impérialistes. Il remarque la propension dans les pays ainsi exploités à susciter des alternatives totalitaires calqués sur le modèle bolchévique russe, baptisées « socialistes » où une caste ou un parti se devrait se suppléer à l’absence d’une bourgeoisie nationale

La première partie de cet alinéa est fausse et la seconde partie très juste (mais il serait nécessaire de l’exprimer en termes de couches sociales et de classes sociales, comment elles sont sécrétées , etc).

Fausse la première partie dans le sens qu’il est indéniable qu’a eut lieu un développement capitaliste d’une grande partie des pays dominés.

L’idée d’un arrêt du développement des forces productives autour des années précédant la 2eme guerre mondiale est fausse (l’auteur ne traite pas la question) mais exprime + par rapport à cette période la bascule vers un chaos terrible pour l’humanité (Trotsky s’est trompé à l’époque sous le choc de la montée du fascisme dans les tourments de la grande crise).

Comprendre qu’une énorme partie du monde s’est développée en 70 ans n’aliène pas le diagnostic sur le capitalisme .

Par contre la grande crise capitaliste n’a pas de recettes de redémarrage sans soigner et rétablir son moteur profond : Restaurer des taux de profits.

La bataille pour restaurer les taux de profit prend de plus en plus un paysage chaotique et plonge les sociétés les unes après les autres dans des situations de plus en plus tendues, où le spectre d’une guerre civile mondiale entre les deux classes s’accentue (avec des endroits plus atteints que d’autres suivant les phases).

La bourgeoisie sent instinctivement que pour redémarrer, la croissance des taux de profit est une bataille centrale . Les réformistes crient au chaos (ils ont raison) mais pensent que dans le cadre du système on peut faire redémarrer l’économie en augmentant les salaires, en redistribuant plus. Ils ont tord. Sans se débarasser du capitalisme cela n’est pas possible (ou sans être passé par une phase de destruction des intérêts matériels de la classe populaire).

Et on peut penser que les réformistes qui ont des nomenclaturas vivant de leurs positions dans les institutions de l’appareil d’état basculeront completement du côté de l’ordre capitaliste si ils sont amenés aux affaires à un moment ou à un autre.

Seule la férocité de la bourgeoisie envers eux peut à un moment ou à un autre les sauver d’un naufrage politique.

La bataille autour de la restauration des taux de profits dans le monde, dans le cours de la grande crise capitaliste s’effectue au travers du chaos, des concurrences inter-capitalistes, inter-impérialistes, et peut parfaitement se découpler d’une croissance économique. Et c’est d’ailleurs le sens de cette crise, de devoir passer par le chaos des destructions (devenues compliquées en l’absence de guerre de grande intensité) et de la militarisation des usines de production qui fut concomitante à la guerre (ce dernier aspect est souvent sous-estimé dans le rétablissement des taux de profit).

Nous allons vers le chaos, la bourgeoisie n’a pas de recettes magiques pour sortir de sa crise.