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C’EST BIEN, C’EST AUTOMATIQUE !

22 octobre 2011, 23:12, par gg

@paul


"en gros ce que je pense, c’est qu’il faut retourner à une économie débarrassée de tous les moyens de haute technologie qui ont été infiltrés dans toutes les activités.

ce qu’il faut, c’est retourner à des actions de sabotage originel : ça consistait à mettre des sabots dans les machines à filer qui remplaçaient le travail des fileuses devenues inutiles et condamnées à crever."

Ton discours précédent me fait quand même un peu penser aux "anti-technologie radicaux", un peu à la Théodore Kaczynski (désolé pour l’odieuse comparaison... bien que je ne sois pas en désaccord avec lui sur tous les points) : sabotons les machines, détruisons la société technologique, etc.
Pour le reste, on est globalement d’accord : l’automatisation peut parfois rendre le travail inhumain / abrutissant et détériorer les relations sociales. Cela dit, on pourrait très bien considérer les travaux répétitifs que laissent les machines comme "tâches pénibles à partager entre tous" (au même titre que le ramassage des poubelles par exemple), et penser que tout le monde, sans exception, peut potentiellement s’épanouir dans un métier qui lui plaît et socialement valorisant, tout en n’étant soumis à aucune forme de contrainte. Ce qui m’amène à la suite...

@paul & La Louve

Je pense aussi que l’être humain ne peut vivre sans créer, produire pour la société, se rendre utile, etc. C’est d’ailleurs là mon principal argument contre ceux qui pensent que le capitalisme, le salariat et l’argent sont indépassables car, selon eux, "si ils n’étaient pas là, l’homme passerait sa journée chez lui à ne rien glander".
Quand je parle d’abolition du travail, ce n’est pas de l’abolition de l’activité de production (intellectuelle ou manuelle) dont il s’agit. C’est, comme le dit LL, l’exploitation du travailleur, mais aussi, qualitativement, le "travail forcé" (on est obligé de travailler pour pouvoir vivre), l’aliénation par la société de consommation (travailler plus pour consommer plus), les boulots qu’on est forcé de faire car "on n’a pas eu la formation pour faire autre chose" ; et, quantitativement, les productions inutiles (cf le dernier paragraphe de paul auquel j’adhère tout à fait), le partage des tâches rendu impossible par la loi du profit, la bureaucratie, le "travail créé pour le travail" afin de créer des emplois inutiles mais électoralement payants (on pourrait citer les syndicats de camionneurs qui s’opposent aux transports ferroviaires des marchandises, pourtant bien plus écologiques et économes, car "ça leur ferait perdre des emplois" ; ou le bon vieux poncif du "utilise pas la caisse automatique, ça fait perdre des emplois de caissières").

Bref, pour reprendre les mots de Bob Black, l’abolition du travail, c’est la "révolution ludique". D’un côté, c’est la diminution drastique du temps de travail par le partage, l’automatisation, la fin des productions inutiles. De l’autre, c’est rendre ludique et intéressante l’activité de création / production, en permettant à chacun d’avoir un job qui lui plaît avec tout l’aspect éducation qui va derrière), en le rendant "volontaire" (là-dessus, le Revenu Inconditionnel est un bon outil pour commencer l’émancipation), et en partageant le reste de tâches chiantes entre membres de la communauté. Un travail qui plaît, qui n’est pas contraint, qui embelli, qui rend meilleur, ce n’est plus un travail.

@LL

Sur l’éducation, je suis bien sûr d’accord, mais je pense qu’il faut vraiment aller encore plus en profondeur sur la nature et le rôle du système éducatif. Ce n’est pas qu’une question de matières enseignées et de moyens (même si, bien sûr, ça en fait parti).
Pour résumer ma pensée là-dessus, je prône une éducation humaniste, libertaire, basée sur l’envie d’apprendre plutôt que l’obligé d’apprendre, débarrassée des méthodes et conceptions autoritaires et hiérarchiques (pas de "hiérarchie" élève apprenant qui ferme sa gueule < prof savant, par exemple), privilégiant la réflexion personnelle et le débat dès le plus jeune âge (méthodes type Freinet, philo dès la primaire,...), interdisant la compétition, le classement, la notation, la sélection, avec des établissements autogérés (le plus tôt possible, je suis bien conscient que des élèves de primaires ne peuvent pas gérer leur établissement) par les étudiants et les professeurs, des modules / UVs à choisir pour avoir son diplôme (mon modèle là-dessus, c’est un peu le Centre universitaire expérimental de Vincennes, conférence gesticulée à voir absolument : Inculture(s) II de Franck Lepage), pouvoir reprendre des études / se recycler dans un autre domaine à n’importe quel âge (nécessite donc la suppression d’un critère de sélection comme le Baccalauréat, et un revenu d’autonomie étudiant - qui peut n’être que le Revenu Inconditionnel cité plus haut). Bref, une éducation permettant à la fois de former des êtres humains complets, disposant d’une bonne culture générale (tant théorique que manuelle), réfléchissant par eux-mêmes, plutôt que de bons moutons consommateurs uniquement fabriqués pour le "marché du travail".

Voili voualou, c’est pas facile de condenser tout ça mais j’ai essayé :o