Accueil > ... > Forum 465200

Lafarge formule une demande pour faire des ciments radioactifs

13 décembre 2011, 07:37, par RGB

En fait la demande de dérogation de Lafarge concerne un procédé qui enrichi très peu la matière première en éléments radiocatifs, comparé à la radioactivité naturelle : 1 à 2 bq /kg, tandis que la radioactivité naturelle est de 100 à 1000 bq/kg.
Le principe de l’analyse neutronique est assez simple : on bombarde l’échantillon avec des particules, qui vont transmuter des atomes. statistiquement, certains atomes vont devenir radioactifs à vie courte : dans un deuxième temps on analyse (par scintigraphie gamma, par exemple) le rayonnement produit par ces atomes pour en déduire la composition d’origine... Cette méthode d’analyse a pour particularité d’être efficace dans une très large gamme de concentration, aussi bien pour les éléments présents en masse comme le carbone ou l’aluminium que pour les éléments-traces.

La vraie question, ce n’est pas si c’est dangereux, c’est pourquoi Lafarge ne fait-il pas tous simplement des prélèvements pour jeter ensuite (éventuellement dans une décharge nucléaire) les échantillons... Apparemment le but de la manoeuvre pour eux, c’est justement de ne pas avoir à faire de prélèvements : ils bombardent la masse du matériau, on peut donc penser que le principal souci c’est une économie de main d’oeuvre qualifiée. Dans la même veine, l’ensemble du processus d’analyse peut être automatisée : il suffit de mettre au cours du process le bombardement et le scintigraphe, successivement.

Je formule une hypothèse complémentaire à titre purement paranoïaque : cette histoire de dérogation possible au principe qu’on ne mets pas de radionucleides dans des biens de consommation ne date pas d’hier, et le principal souci c’est qu’il permet en théorie d’"éliminer" des déchets nucléaires par simple dilution. Prenez une centrale en démantèlement : des tonnes et des tonnes de bétons et de ferrailles faiblement radioactifs, qu’on devrait jeter en pure perte, alors qu’ils représentent un potentiel technique, et donc du Pognon... Voilà qui a de quoi arracher des larmes de sang à n’importe quel capitaliste... Il n’est donc pas impossible que la demande de Lafarge ait pour but de "préparer le terrain" à l’utilisation de granulats issus du démantèlement des centrales, comme remblais, par exemple...

Au passage, on notera la stupéfiante stupidité de l’arrêté portant dérogation, qui exige à titre de précaution que moins de 1% des neutrons produits intéragissent avec la matière à analyser... Ou vont les 99% restant ? Au mieux ils iront dans un blindage, qui deviendra donc radioactif avec le temps. Au pire ils iront dans la panse des ouvriers qui passeront par là, et à supposer que les mesures adéquates soient prises pour que ça n’arrive pas, ils interagiront avec l’air ou les roches environnantes. il aurait mieux valu, au contraire, et à supposer que le procédé doive être autorisé, que le trajet des neutrons dans la matière soit le plus long possible et que le pourcentage d’entre eux qui soient "efficaces" soit le plus élevé possible. Cette limite de 1% est une fausse limite : pour obtenir l’effet souhaité, Lafarge n’a qu’a augmenter le flux neutronique total et le tour est joué...