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GUERRE des CLASSES, en FRANCE en 2011 : SPECIFICITE et PERSPECTIVE

27 décembre 2011, 14:07

"Non Jef t’es pas tout seul" ;-)

Ola Camaradami Chancogne !

Premier point , une précision :

Mon propos c’est de dire et de démontrer d’abord que la "nation" (si tant est qu’elle a jamais existé un jour , et reste à voir de quelle façon et à quel moment) , aujourd’hui, en tant qu’ idéal majoritaire "rassembleur" dans "les têtes" et "les cœurs" du prolétariat moderne, c’est FINITO. Au pire ce qui reste c’est la "nation" comme facteur d’’exclusion.

Deuxième point :

La Nation, encore une fois, je l’ai jamais rencontrée à une réunion de cellule ;-)

La Nation, c’est vraiment un piège idéaliste , c’est de l’idéologie au sens le plus condamnable du terme.

Bien-sûr , Marx et Lénine et Luxembourg et d’autres ont parlé de la nation, bien obligés ! Le pouvoir de l’époque est majoritairement bourgeois, les concepts et les cadres politiques le sont aussi,

J’ai trouvé en note un très bon résumé du problème il me semble qui expliquera mieux encore ce que je veux dire (certains passages soulignés par moi) :

"Les problèmes nationaux sont, en général, des questions préalables de la lutte du prolétariat pour ses buts propres, le socialisme. En ce sens, ce sont des conditions objectives, mais elles n’en demeurent pas moins de simples prémisses, et non des objectifs prolétariens. Il en va de même pour les droits de réunion, de presse, d’association, dits démocratiques, qui sont des conquêtes de l’ère bourgeoise et en quelque sorte des prémisses à l’action autonome du prolétariat (certes, pas de manière absolue, puisqu’en plein régime bourgeois développé la classe capitaliste peut fort bien supprimer ces droits)."
Quoi qu’il en soit, il faut absolument faire la distinction entre conditions préalables de la lutte du prolétariat et objectifs propres de celle-ci, sous peine de brouiller la claire vision du programme de classe du prolétariat, donc aussi sa lutte.

D’ailleurs, voici ce qu’écrivait Marx à P. Lafargue, le 21 mars 1872 :

Ce qui est primordial, c’est que chaque centre industriel et commercial d’Angleterre possède maintenant une classe ouvrière divisée en deux camps hostiles : les prolétaires anglais et les prolétaires irlandais. L’ouvrier anglais moyen déteste l’ouvrier irlandais en qui il voit un concurrent qui dégrade son niveau de vie. Par rapport à l’ouvrier irlandais, il se sent membre de la nation dominante et devient ainsi un instrument que les aristocrates et capitalistes de son pays utilisent contre l’Irlande. Ce faisant, il renforce leur domination sur lui-même. Il se berce de préjugés religieux, sociaux et nationaux contre les travailleurs irlandais. Il se comporte à peu près comme les blancs pauvres vis-à-vis des nègres dans les anciens États esclavagistes des États-Unis. L’Irlandais lui rend avec intérêt la monnaie de sa pièce. Il voit dans l’ouvrier anglais à la fois un complice et un instrument stupide de la domination anglaise en Irlande.

Cet antagonisme est artificiellement entretenu et développé par la presse, le clergé et les revues satiriques, bref par tous les moyens dont disposent les classes dominantes. Cet antagonisme est le secret de l’impuissance de la classe ouvrière anglaise, malgré son organisation. C’est le secret du maintien au pouvoir de la classe capitaliste, et celle-ci en est parfaitement consciente.

http://www.marxists.org/francais/marx/works/00/parti/kmpc062.htm

Sans faire de MArx une bible (ou un coran, comme on veut ;-)) peut-on sincèrement y lire une quelconque défense de la "nation" ? et d’un quelconque "nationalisme" ? Je veux dire, ne serait-ce que "par principe" ? franchement ? Tu avoueras que cela questionne, ce type de passages...

Autre extrait, du Manifeste cette fois :

Les communistes ne se distinguent des autres partis ouvriers que sur deux points : 1. Dans les différentes luttes nationales des prolétaires, ils mettent en avant et font valoir les intérêts indépendants de la nationalité et communs à tout le prolétariat. 2. Dans les différentes phases que traverse la lutte entre prolétaires et bourgeois, ils représentent toujours les intérêts du mouvement dans sa totalité.

Mais là, c’est mon passage préféré du Manifeste sur le sujet, niveau exégèse possible ;-)

En outre, on a accusé les communistes de vouloir abolir la patrie, la nationalité.

Les ouvriers n’ont pas de patrie. On ne peut leur ravir ce qu’ils n’ont pas. Comme le prolétariat de chaque pays doit en premier lieu conquérir le pouvoir politique, s’ériger en classe dirigeante de la nation, devenir lui-même la nation, il est encore par là national, quoique nullement au sens bourgeois du mot.

Déjà les démarcations nationales et les antagonismes entre les peuples disparaissent de plus en plus avec le développement de la bourgeoisie, la liberté du commerce, le marché mondial, l’uniformité de la production industrielle et les conditions d’existence qu’ils entraînent.

Le prolétariat au pouvoir les fera disparaître plus encore. Son action commune, dans les pays civilisés tout au moins, est une des premières conditions de son émancipation.

Abolissez l’exploitation de l’homme par l’homme, et vous abolirez l’exploitation d’une nation par une autre nation.

Du jour où tombe l’antagonisme des classes à l’intérieur de la nation, tombe également l’hostilité des nations entre elles.

Tu vois où je veux en venir ? ;-)

La Nation, je pense qu’il n’a jamais été question pour Marx (pour ne parler que de lui) d’en faire un objectif ni même un instrument spécifiquement prolétarien !

La Nation, c’est ce qui tient lieu de "fausse classe" à la bourgeoisie. C’est ce qui lui permet d’unir dans un même ensemble faussement homogène des chèvres et des choux, si tu veux.... C’est ce qui lui permet de se cacher en tant que classe archi minoritaire dans des vêtements apparemment majoritaires (un peu comme le "peuple" pour certains soi disant "de goooche")...

Par définition, le prolétariat, lui, s’il doit faire avec les conditions objectives préalables imposées et créées par l’action de la bourgeoisie dans l’histoire, ne peut avoir ce type d’objectif puisque, comme le rappelle Marx et Engels dans ce passage, le prolétariat lui, son mode d’être politique et historique, c’est LA CLASSE.

C’est cela que signifie ce passage : la "nation" du prolétariat, c’est la classe !

Je dois te laisser là pour l’instant, mais on y revient !

A +

LL