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la révolution en amphithéâtre

26 décembre 2011, 17:21, par RGB

Faut pas pousser quand même. Je pense que le gros problème de beaucoup de ceux qui écrivent ici, c’est qu’ils regardent ce que fait la méluche et ensuite ils cherchent systématiquement en quoi cela constitue une trahison. Ca en devient ridicule. Nouvel exemple cette fois-ci avec la proposition de Mélenchon de taxer (à hauteur de 30 cents !) les départs et arrivées de passagers par avion.

1 - sans même aller chercher dans les gros bouquins d’économie marxiste, on peut relever que 50% des voyages en avion sont réalisés par les 2% les plus riches de la population. Si on élargit l’observation aux 10% les plus riches, ils ont fait en moyenne en 2008 1,3 voyages aériens, les 50% les plus pauvres ayant quant à eux 0,2 voyages au compteur, soit un tous les 5 ans ! Source : "La mobilité des français, panorama issu de l’enquête nationale transports et déplacements 2008", ministère des transports (de dangereux gauchistes...), déc. 2010.

2 - après on peut causer économie. J’en vois qui parlent de "prendre sur les profits". Bien. Encore faut-il définir ce qu’est le profit. Le capitaliste réalise une plus-value en ne payant pas la totalité du travail productif. Ce qui lui permets cela, c’est la détention d’une certaine quantité de capital, dont le prolétaire, lui, est dépourvu. Or les entreprises de sécurité dans les aéroports sont des "entreprises de main d’oeuvre" : la part du capital constant par rapport au capital variable est minime, car l’essentiel de leurs coûts sont représentés par des salaires. Cela ne veut pas dire que le capital employé est égal à zéro : ces entreprises doivent avancer les salaires avant de facturer les prestations, avoir quelques menus matériels, acheter un logiciel de paie et faire de la formation au poste... mais avouons que ç’est légèrement différent de ce qui se passe dans une entreprise industrielle qui achète des machines, fait de la recherche&développement, investit dans des campagnes de pub...
Le taux de profit étant variable mais fluctuant autour d’une valeur moyenne, les différents taux de profits (selon Marx) ayant tendance à s’égaliser, si on considère qu’une de ces entreprises de sécurité aéroportuaire réalise le taux de profit moyen, ALORS ça fait pas lourd par salarié...

La vérité, c’est que le capitaliste, dans le transport aérien, c’est assez typiquement une compagnie aérienne, qui possède des avions, achetés très chers et immobilisant donc une grande quantité de capital. En sous-payant ses agents de sécurité, les aéroports, par l’intermédiaire de ces sociétés de services, permettent en fait aux compagnies aériennes d’augmenter leurs profits en leur fournissant un service à vil prix.

Des fois ça va même plus loin : les petits aéroports de provinces et les collectivités locales qui sont derrière vont jusqu’à PAYER les compagnies low-cost pour qu’elles atterrissent chez-eux et pas chez le voisin...

Idéologie ou pas, on voit bien que la notion de service public aéroportuaire permet ici à la fois des conditions de travail décentes (statuts type fonctionnaire ou assimilé), une économie des deniers publics et la facturation aux bourgeois qui prennent l’avion d’un prix correspondant au luxe inouï de leurs habitudes de consommation.