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La volonté des masses

31 décembre 2011, 01:21, par Cop

Le PCF, comme parti n’a pas eu deux chances mais bien 3 de jouer un rôle révolutionnaire et à chaque fois il a regimbé devant l’obstacle. Je parle bien de l’appareil, les militants étant trop soumis pour mettre en cause des orientations.

1936, 1945 et 1968.

Toutefois, il n’avait pas à mon sens de "mode d’emploi" (pour caricaturer) pour aider à une révolution en France et s’est réfugié à chaque fois devant une attitude réactionnaire (rendant service à la bourgeoisie). Ce n’étaient pas les seules fois où le PC se mettait du côté de la réaction mais se furent des cas où quelque chose aurait été tentable.

Il eut fallut pour cela une autre logique que d’estimer que ce qui n’était pas soumis organiquement au parti était l’ennemi.

Sur 68, qui fut la plus grande grève de tous les temps en France, avec des résultats considérables (comme pour le mai italien d’ailleurs) faire passer cela pour une maneuvre de la CIA est infect .

De la même façon, essayer de faire passer de Gaulle pour un progressiste est aussi un scandale que la classe ouvrière vomissait en 68.

La reprise en main ensuite par des factions encore plus réactionnaires n’a strictement rien de particulier à la France , il y eut bien pire ailleurs et plus tôt dans le temps.

Faire passer les révolutions arabes pour des opérations de la CIA est aussi malodorant.

C’est d’abord essayer de faire croire que les formes de dominations qui existaient préalablement n’étaient pas des dominations d’appareils d’état de la bourgeoisie, violents et criminels.

C’est d’abord contre cela que les masses se sont soulevées. Elles ont bien fait et il fallait les soutenir et il faut les soutenir.

Que les claques impérialistes aient changé leurs fusils d’épaule en voyant que leurs hommes de paille n’étaient plus soutenables sans de grands risques relève d’une autre question.

Les services spéciaux grenouillent ? ils l’ont toujours fait, et sur des chevaux différents en plus.

Si il fallait ne plus bouger de peur d’être manipulés tu ne ferais plus rien et c’est d’abord cela le danger.

Et c’est une des deux raisons qui m’avaient fait quitter le PC à une époque, c’est à dire la paranoïa et la peur de tout ce qu’on ne contrôle pas (l’autre raison étant la révolution , la relation à l’état, la question de la place de l’auto-organisation.

Cette paranoïa et cette trouille de tout est un des gros problèmes de la gauche française et elle se fait manipuler très facilement là dessus.

Cette peur de la classe ouvrière, du peuple, des révoltes populaires, de la jeunesse, amène aux problèmes de relation du parti (pas seulement liée aux PC traditionnels) avec les phénomènes de radicalisation, à des cris de haine quand apparaissent des mouvements non prévus ,à un grave problème sur les stratégies de passage au socialisme, à des paralysies importantes.

Sur tous les segments de radicalisation depuis les années 60 le PCF a commencé par des réactions conservatrices, voir agressives contre celles-ci, que ce soit en matière de féminisme comme en matière d’écologie, que ce soit en matière de démocratie ouvrière comme pour les autres courants politiques (qu’il a traité par la haine et l’écrasement) qu’il ne considérait que comme des courants ne faisant pas partie du mouvement ouvrier, etc

Il s’est rallié avec bien du retard à bien des batailles.

Le PCF a transmis ses paranoias conservatrices à une grande partie de la gauche française au delà même de son écroulement.

Il faut accepter que d’autres courants de radicalisation politique apparaissent régulièrement sans qu’on les traite d’enfants de la CIA et autres douceurs. Sans qu’on les regarde soupçonneux (sans se regarder nous-mêmes dans la glace).

L’acceptation du fait qu’il existe en permanence, dans les sociétés travaillées par la lutte de classe, des aspirations, des batailles, des courants, des soulèvements et des fois des soulèvements révolutionnaires , des individus qui viennent à la conscience qu’il faut une société où les travailleurs auraient le pouvoir, cette acceptation de ces phénomènes est importante.

Et il n’y a pas lieu de les regarder avec méfiance.

La méfiance est à accorder à l’ennemi de classe.

Sur les pays de l’Est, les aspirations des peuples concernées de n’être plus soumis à des dictatures capitalistes d’état étaient parfaitement légitimes et ces aspirations étaient positives et le sont toujours, les tentatives pour se libérer des nomenclaturistes étaient justes.

Reconnaitre cela ne change rien à l’analyse du dévoiement de toutes ces batailles (comme les nôtres d’ailleurs et ce n’est pas parce que le lendemain d’une grève le patron est toujours en place que tu ne dois pas faire la grève).

Penser les "écroulements" (on en pense ce qu’on veut mais parler d’écroulements de ces régimes alors qu’on retrouve la même couche dirigeante devenue bourgeoisie impose là prudence sur ce quoi on parle) comme des manœuvres de la CIA est disproportionné.

C’est bien parce que ces régimes étaient des régimes d’oppression et d’exploitation que les peuples concernés ont cherché à les foutre en l’air. Le mal était là et impossible à résoudre en restant dans le cadre de ces systèmes. C’est ce qu’on peut constater.

L’absence de partis cherchant consciemment à ce que la classe populaire se dote d’une légitimité supérieure aux frères de lait bourgeoisie et nomenclatura est une grande difficulté pour la et les résistances, pour les mouvements populaires.

L’absence d’organes unitaires démocratiques de résistance de la classe populaire, centralisés pour disputer la légitimité politique au règne de la bourgeoisie est aussi l’autre manque.

Les partis travaillant à construire ces organes unitaires et n’en volent pas, ou n’espèrent pas en confisquer la direction , sont importants.

C’est dans notre monde moderne les deux grandes batailles en lien profond.

Ca nécessite de n’avoir pas peur et méfiance des précurseurs des uns et des autres.

Et ces précurseurs se manifestent actuellement dans le monde un peu partout , ce qui ne signifie aucunement de certitudes de victoires, loin de là.
Il faut travailler à accoucher tout cela.