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LA CRISE ?... LA BONNE EXCUSE !

18 mars 2012, 18:30, par MichelDu82

Ouais, bon, c’est vrai, et alors ?

Avec des contributions de cet acabit, dans 40 ans (ou 50, ou 60), on en sera encore à dénoncer, à décrire le monde, et ça on sait faire ; mais depuis le temps, n’a-t-on pas compris que ça ne sert à rien ?

"Eux" désignent la crise ? Ben, leur victimes désignent "les politiciens", "le système électoral", ... Rideau ; balle au centre. Y a rien à faire, quoi.
Et pendant ce temps, les affaires continuent...

Mais peut-être qu’au final, pour nettoyer la merde, il faut mettre les mains dedans.
On peut aussi se contenter de révéler au peuple, article après article, à quel point il est niké, mais bon, ça va un moment, quoi...

Tu vois, je lis ton texte sérieusement, j’approuve même (mais pas tout : "les politiciens"...), mais une analyse du monde, toute cohérente soit-elle, n’est qu’une analyse et ne change rien ; on ne peut s’en tenir à des constats, et c’est pourtant le point commun de tout ce que tu donnes à lire, notamment dans le journal "le grand soir" (tout un programme...) qui se présente comme un journal militant.
Militer en s’en tenant à la dénonciation, à la description minutieuse des mécanismes savamment élaborés pour piller le monde et à cette fin réduire les peuples en esclavage, démarche que je comprends comme visant à éclairer, à éduquer en partageant son expertise, et bien c’est semer, non de la conscience politique, mais de la désespérance.
Et ça finit pile par contribuer à ce que l’on dénonce !
Du gâteau !

Un exemple : dans un de tes textes, tu écris à propos de l’aspiration au changement : "Mais personne ne sait comment ? pour quoi ? et avec qui ? Or, tout est fait pour que l’on ne réponde jamais à ces questions, et l’on peut dire même que tout est fait pour que ces questions ne se posent jamais."
Ben vas-y, toi, réponds !
Ou alors, serait-ce devenir "politicien" que de se mouiller et de proposer des réponses concrètes, pour tout de suite, et non pour "le grand soir" qui n’arrivera jamais parce que les autres....

Je n’affirme pas là que "le grand soir" est ton horizon (c’est-à-dire un truc qui recule à mesure qu’on s’en approche), je n’en sais rien.

Je réagis à cette multitude d’écrits qui paraissent sur, entre autres, Bellaciao (cf : "Choisir son maître n’est pas une liberté", de Lukas Stella) dont le principal objectif pourrait ressembler à ceci : décourager "le peuple", auquel on se réfère sans cesse et au nom d’une lucidité transcendante garantie extra vierge pressée à froid, de s’engager dans quelque voie de changement politique que ce soit, au prétexte que tout-est-vérouillé-ils-sont-tous-pourris.
Ce matraquage est même asséné de façon plus insistante, comminatoire, dès qu’apparait "un risque" que ce peuple soit attiré, comme un insecte par une lumière sournoise, vers un mouvement qui se dessine dans la société française, à l’occasion, quelle horreur, des élections (et oui !). Car le peuple les attend, je les attends, ses élections ; qui me propose autre chose, ici et maintenant ?
Pas toi, à ce que j’en vois ? Or, pour foutre en l’air le monde que tu dénonces, il faut se rassembler et faire front ici et maintenant.

Oui, il existe en France, comme ailleurs (Amérique du Sud...), des tentatives d’apporter des réponses et des ripostes concrètes, aujourd’hui, aux injustices, aux souffrances, à la destruction de notre planète par ceux-là même que tu dénonces ; une tentative, à partir du monde tel qu’il est (salariat, élections, ...), d’agir, et non de regarder les gens et la planète crever, les mains dans les poches en criant "c’est de la merde, c’est de la merde !".

Cela s’appelle-t-il "Front de gauche" ? Planification écologique ? Règle verte contre règle d’or ? Pourchasser les profiteurs, les accapareurs, les exploiteurs ? Faire plier les banques ? Dénoncer la dette et l’inverser ?
Ben j’suis pour, j’approuve, pas toi ?
Parce que c’est mieux que rien, c’est-à-dire mieux que ce qu’il reste quand j’ai fini de te lire.

On dirait (mais je ne dis pas que c’est ton cas, c’est juste que je crains que ce que tu dis y contribue) que certains préfèrent au final que le peuple en chie plutôt qu’il perde un fil de sa virginité, qu’il se salisse, devienne impur en s’attaquant au "système" de l’intérieur, alors que son destin serait d’incarner un idéal révolutionnaire ou anarchiste ou je ne sais quoi, sans compromission, comme un coq bombant le torse, inébranlable, la plume immaculée sur son tas de fumier.

Et puis tout cela m’évoque une image, celle du prédicateur qui arpente les cités et les campagnes dévastées par la peste, le doigt accusateur, clamant "ce monde est pourri et il retourne à la pourriture, le salut n’est pas ici, ceci est votre purgatoire, c’est l’enfer qui vous attend et vous ne voyez rien !"
Ben si, justement, on voit.

Allez, le drapeau rouge m’appelle et j’ai pas que ça à faire.
(Michel du 82, ancien coco, qui a déchiré sa carte quand Robert Hue à voulu nous la faire à l’italienne, et qui n’est pas d’accord pour abandonner son destin à Hollandréou.)