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SUCCES BASTILLE : reprise du débat sur les contradictions de l’effet MELENCHON

18 mars 2012, 21:34, par Copas

Je tiens d’abord à tresser le contexte de cette poussée de ce nouveau front Mitterrandien :

Depuis 68, le prolétariat au sens moderne du terme n’a cessé de progresser à grands pas dans le monde et aussi dans les vieux pays industrialisés comme la France.

Les crises se superposent montrant un système à l’agonie mettant en cause la reproduction de l’environnement nécessaire à l’humanité. Les choses se précipitent et d’autres crises viennent se superposer y compris celle liée à la démocratie limitée du système (quelque part les échos des indignés, occupy, et autres democraty real).

La France n’est pas suspendue en l’air par rapport à tout cela.

Depuis plusieurs mois la tension remonte brutalement dans la société française, des dizaines de conflits dans des petites (ou grandes) entreprises ont lieu, souvent défensivement, mais pas que, également des fois pour les salaires.

La récupération de l’échec du mouvement de l’automne 2010 sur les retraites est incontestablement en cours, les mesures d’austérité ont frappé durement et suscitent colères et nervosité larges.

Parallèlement la société française qui a une histoire profondément rebelle est restée relativement calme devant des mouvements puissants dans le monde dont les échos passaient également sur tous les médias, même si tard et de façon déformés.

Fin 2010 et toute l’année 2011, l’ouverture en fanfare en 2012 virent une série d’événements considérables dans le monde mais avec des "masses" en France spectatrices silencieuses.

 Il y eut ce qu’on a appelé les révolutions arabes, prouvant que la puissance de masses en mouvement pouvait repousser et défier les tyrannies les plus cruelles ; les leçons subliminales de cela sont énormes dans les consciences.

 il y a la crise longue grecque qui n’a pas cessé et qui rebondit sans cesse et sans cesse, avec des masses incontestablement en résistance,

 il y a eu la puissance d’énormes mouvement d’indignés en Espagne et au Portugal.

 des grandes grèves générales d’une seule journée dans ces pays montrant un potentiel énorme.

 des étudiants en colère un peu partout,

 des masses américaines en mouvement comme à Madison, avec la poussée d’un nouveau mouvement ouvrier imaginatif et combattif

 les secousses spécifiques du mouvement occupy aux USA qui interpellent largement,

 une mobilisation exceptionnelle en Belgique récemment avec des craquements politiques exceptionnels dans le mouvement syndical pour créer une alternative politique,

 de grands mouvements en Grande-Bretagne, en Irlande, en Chine, au Kazakstan,

 des forêts de drapeaux rouges à Moscou,

 des explosions en Croatie, en Albanie, en Roumanie,

 la plus grande grève de tous les temps en Inde,

 un fond puissant permanent de luttes sociales en Italie, etc...

 Et j’en oublie par paniers en Amérique Latine, en Afrique noire la naissance de mouvements ouvriers puissants menant de longues grèves des fois générales (Nigéria, Kenya, etc)....

Tout cela se fit en 2011, sous les yeux de notre classe populaire en butte aux agressions.

L’anomalie dans le monde n’était pas toute l’agitation populaire couvrant la planète face aux agressions du capitalisme de crise, mais le silence du peuple français encaissant les agressions du quotidien et voyant se dérouler sur les petites lucarnes et surtout sur le net des poussées héroïques des peuples toute la fin 2010, l’année 2011 et le démarrage en fanfare de 2012.

Des tensions habitent en profondeur la classe populaire face à la bourgeoisie et une petite partie se saisit de ce qu’elle a sous la main pour montrer sa nervosité et l’état politique dans laquelle elle est au niveau de la colère qu’elle a, c’est à dire pour partie en se saisissant du Front de Gauche.

Il n’y a nulle crainte à avoir de voir quelques dizaines de milliers de personnes venues de toute la France soutenir le FdG .

C’est un moment de la conscience d’une partie des militants de gauche, et pas une catastrophe, à condition de continuer à critiquer le nationalisme, le réformisme, le nomenclaturisme et les acoquinements avec la bourgeoisie de la part de l’appareil du FdG.

Et surtout de constituer à proposer ce qui peut éviter l’enracinement dans l’impasse du FdG en travaillant aux résistances.

Et surtout à condition de tenter de pousser à recentrer dans la classe populaire et sous son contrôle les batailles pour faire reculer la bourgeoisie. C’est à dire dans un processus qui ne peut se situer dans le cadre des institutions du système telles qu’elles sont, faites pour et par la bourgeoisie.

Comme le furent par le passé les votes de l’extrême gauche de Laguillier et Besancenot, une partie de la classe populaire se saisit de ce qu’elle a sous la main pour montrer les dents. Mais c’est un aspect qui émerge à un moment d’un iceberg bien plus gros.

Il ne s’agit là ni de se précipiter par opportunisme vers le FdG, ni d’évacuer par dédain le problème, mais d’en comprendre la nature et les illusions, l’ambivalence du moment, et la nécessité pour un courant révolutionnaire de conserver son indépendance et sa capacité à s’unir sur le terrain des batailles du réel parmi les travailleurs.

La crise du capitalisme que nous vivons est une crise systémique qui remet au gout du jour la nécessité de se débarrasser de la classe prédatrice et de faire un bond en avant à la démocratie par le pouvoir des travailleurs.

Ce chemin ne se fera pas sans que les travailleurs et les jeunes n’aillent dans des impasses, en touchent les limites, les explorent, ...

Ce qu’il convient est de rassembler ceux qui sont pour le pouvoir des travailleurs (l’autogestion) en passant par des processus de résistance qui permettent de dépasser les illusions chauvines, bureaucratiques, réformistes ; illusions envers l’appareil d’état tel qu’il est et ses institutions.