Accueil > ... > Forum 476986

Le jour d’après : Besancenot

9 avril 2012, 18:23, par Cop

Les exemples des révolutions arabes en 2011, du LKP en Guadeloupe en 2009 / 2010 devraient nous inciter à reconnaitre que la révolte à défaut de la révolution, viendra des luttes, de la rue, du peuple en colère, et non des urnes qui sont une énorme illusion, un réformiste doux qui ne changera rien sur le fonds.

Les grandes luttes ouvrières en Chine incitent aussi à cela, un nombre impressionnant de secousses également, l’impasse du réformisme en Grèce également, etc.

Toutefois, contrairement à ce qu’on dit souvent de façon nécessairement lapidaire, ce n’est pas dans la rue que ça se joue mais dans la capacité du prolétariat moderne à construire une alternative de société par ses organisations démocratiques, unitaires, coordonnées dont la centralisation représente l’issue politique nécessaire.

De ce point de vue l’expression "la rue" ne doit pas induire à penser que c’est une question de galopade, même si il y a des moments où ce sont les poitrines et le rang serré du peuple qui pèse dans les affrontements..

La crise politique languissante en Grèce donne également cet enseignement que la colère ne suffit pas, que le parlementarisme, si il est une impasse, n’est pas un échec qui se suffit en lui-même pour vaincre un adversaire roué : le parti de la prédation.

Pour cela il faut un pouvoir montant, démocratique, construit dans les luttes et les batailles, coordonné et centralisé qui puisse à un moment dire : c’est nous qui décidons, voila nos ordres, nous dissolvons les organisations anti-démocratiques comme les entreprises capitalistes, car nous en avons la légitimité politique et démocratique.

Ce pouvoir démocratique ne nait pas dans les ors de la république bourgeoise, il est l’enfant du contrôle étroit de travailleurs et de jeunes sur leurs organisations dans le cours même d’une bataille rude qui n’oublie jamais les questions et revendications concrètes .

Qu’est-ce qu’il a manqué dans le mouvement des retraites de l’automne 2010 pour gagner ?

Il a manqué cette légitimité organisationnelle et démocratique, permettant aux masses les plus larges de se sentir légitimes et forts pour aller plus loin.

Il n’est pas un hasard si ceux qui se sentent investis politiquement pour assurer ces tâches dans le cadre des ors de la république aient si mal réagi à l’époque et braillé pour contrer les ambitions de grève générale et tenter de rabattre vers une illusion référendaire le mouvement (Mélenchon, le FdG ont joué là les pompiers, petits).

Cette légitimité du mouvement de masse, ses organisations démocratiques, unitaires, centralisées et coordonnées, sans bureaucratie , nécessite des batailles préalables qui sortent le l’illusion du :

Sous moi donc cette troupe s’avance,
Et porte sur le front une mâle assurance.
Nous partîmes cinq cents ; mais par un prompt renfort
Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port,
Tant, à nous voir marcher avec un tel visage,
Les plus épouvantés reprenaient de courage !

Le modèle des coordinations françaises nous donne quelques pistes dans ce travail, mais il nécessite également un parti politique, une organisation politique, qui travaille dans les entreprises, les secteurs, les quartiers, les rues, etc, à préparer cette situation, à y réfléchir, etc

La victoire est à ce prix, et, plus prosaïquement, faire reculer la bourgeoisie, même de quelques centimètres, nécessite ce travail.