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La classe ouvrière est nombreuse mais invisible et privée de parole dans la vie

27 avril 2012, 07:55, par Copas

Les réseaux militants du NPA sont faibles et peu structurés, notamment dans les milieux ouvriers, car ils recrutent surtout parmi les catégories sociales diplômées, au sein notamment d’une petite bourgeoisie culturelle (enseignants, travailleurs sociaux, employés des services publics) qui constitue l’élite militante du mouvement.

Le texte était bon jusqu’à l’interprétation petite-bourgeoise de la classe ouvrière.

Le handicap du NPA n’est ni sa composition sociale, ni sa capacité à avoir des militants de la classe ouvrière au sens large du terme, des Poutous le NPA en a un certain nombre, un Besancenot il en a d’autres et très vigoureux (je pense à d’autres postiers par exemple), et on peut dire qu’un postier ne fait pas partie de la classe ouvrière, on peut...

Le handicap du NPA vient de ne pas assumer sa nature ouvrière au sens large. Il est utile de voir d’ailleurs à quel point et sur quels arguments une partie du NPA a attaqué la candidature Poutou. Ouvriériste que de présenter un candidat animateur de luttes ouvrières. .. Rejoignant en cela bien des critiques venues des rangs des médias de la bourgeoisie comme d’une partie du FdG.

D’un point de vue global l’analyse de Mischi est très utile. Elle décrit bien une série d’aspects de l’histoire du PC que nombre d’entre nous ont vécu.

Il est utile de faire quelques petites remarques :

Le capitalisme révolutionne sans cesse la production, recompose sans cesse des secteurs industriels, de services et commerciaux. C’est sa nature. Et effectivement,n pour le PCF, une montée a eut lieu sur des couches qualifiées d’ouvriers d’usine dans des secteurs maintenant pulvérisés.
D’ailleurs pas que le PCF.

Mines, sidérurgie, automobile, etc, ont été laminés. C’étaient autant de points forts des organisations du mouvement ouvrier, essentiellement le PCF. Les réseaux militants, et les porte-voix sur la scène politique passaient en partie par ces bases.

Le PCF n’existe plus dans les entreprises et le FN encore moins.

Le FdG a fait une campagne importante mais les votes ouvriers en sa faveur ne semblent pas si fameux et si on met en valeur des proximités syndicales une partie de celles-ci passent par des factions bureaucratiques (celles qui ont mené la classe ouvrière dans l’état où elle est actuellement).

Nous sommes donc loin du compte.

Sur le dévissage dû au chambardement permanent du capital , il convient d’en préciser quelques aspects.

La classe ouvrière au sens large du terme n’a cessé de monter en puissance numériquement et en proportion de la population. Contrairement aux logorrhées sur les classes moyennes et autres petites bourgeoisies culturelles, concepts explosant sous les réalités sociales.

Cette poussée continue encore dans les vieux pays industriels, pendant que dans les états dits en développement elle est devenue exceptionnelle.

Il n’y a donc pas question sur le potentiel et l’importance d’une classe, mais questions sur deux aspects :

1) les organisations ouvrières sont des constructions historiques qui se sont stabilisées autour de bases qui ont été détruites en partie (au profit d’autres bases de production) ou relativisées.
Là où le capital a muté rapidement ses centres de production, fracassant des collectivités ouvrières entières, le mouvement ouvrier a eu du retard dans ses mutations vers les autres secteurs de la classe ouvrière. Et surtout les moteurs nomenclaturistes et les positions d’intermédiaires entre capital et travailleurs qui nourrissaient des couches d’apparatchiks se sont mis à tourner à vide quand les bases ouvrières ont été décimées.

Dans cette relation ne restait plus que la bourgeoisie. On ne peut expliquer le dernier gouvernement de gauche sans prendre en compte que le PCF (et le courant de JLM) sont passés à ce moment dans une phase sans base ouvrière et juste une relation au capital.

Le FdG est mort-né de ce point de vue.

2) L’importance de la classe ouvrière au sens large laisse suffisemment de place pour reconstruire des partis de cette classe. La précarité, les petites entreprises, ce n’est pas un phénomène nouveau et bien des partis de la classe ouvrière se sont construits de façon tout à fait honorable dans des situations où il n’y avait pas d’immenses concentrations ouvrières.

D’ailleurs les très grandes concentrations ouvrières ont été des phénomènes souvent très limités dans la plupart des pays, même si elles ont pu acquérir, à tel ou tel moment, un rôle moteur symbolique.

La curiosité de la candidature Poutou aux élections, qui n’a pu réellement commencé à se faire entendre que bien trop tard dans la campagne (lutter contre son parti, les coups portés, les attaques des médias du capital, etc) a montré qu’il y avait là quelque chose à piocher, symbolique et profondément radical.

Et qui pourrait être extrêmement populaire pourvu qu’on en repère les ingrédients non solubles dans la démocratie bourgeoise.

Cet aspect irréductible c’est bien penser, faire, se construire dans la classe ouvrière, sur les lieux de préproduction du capital .

C’est possible.