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Amis intimes.....

18 avril 2012, 15:51

Mélenchon qui déjeune avec Guaino : les laisons dangereuses ?

de Bruno Roger-Petit

LE PLUS. En 2010, grâce à l’entremise de l’éditorialiste Eric Zemmour, le leader du Front de gauche a déjeuné avec l’homme du discours de Dakar et inspirateur du débat sur l’identité nationale, Henri Guaino. Ils se seraient bien entendus. Liaisons dangereuses ou pas ?

Après l’étrange complicité affichée avec Patrick Buisson, voilà que l’on apprend que Jean-Luc Mélenchon s’est aussi laissé offrir un déjeuner par Henri Guaino, le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, le tout organisé et préparé par... Eric Zemmour, journaliste au Figaro et que l’on ne présente plus.

Si l’on en croit Le Point, qui publie cette révélation, le déjeuner a eu lieu en 2010, à l’Institut du monde arabe. Il a duré deux heures et la conversion a roulé sur la participation de la France au commandement intégré de l’Otan, sur l’Europe et la vie politique française, les deux hommes se trouvant de nombreux points communs. Et l’hebdomadaire de préciser : "de ce déjeuner est née une véritable complicité entre ces deux fervents républicains, qui se tutoient".

Une fois de plus, cette révélation des liaisons dangereuses du candidat du Front de gauche ne lasse pas d’interpeller la conscience.

Les paradoxes de Mélenchon

En 2010, Henri Guaino est déjà l’auteur du discours de Dakar où Sarkozy déclarait que "l’homme africain n’(était) pas entré dans l’Histoire. Il est aussi l’auteur du discours de Latran, où le président clamait que "le curé sera toujours supérieur à l’instituteur".

En 2010, Henri Guaino est déjà l’auteur, entre autres, de la formule "la France et son long manteau d’églises", il est aussi l’inspirateur du nauséabond débat sur "l’Identité nationale".

En 2010, Henri Guaino est déjà le Jules Déroulède d’Elisabeth Lévy et le Jacques Bainville d’Eric Zemmour.

En 2010, que diable Mélenchon est-il allé faire dans ce déjeuner présentant toutes les apparences de la galère ?

Dans ses discours de candidat, le leader du Front de gauche se moque souvent des églises et des curés, se présente en laïcard convaincu, se peint aux couleurs de la République des grands ancêtres de la IIIe, se revendique de la tradition internationaliste de la gauche française... Bref, il se pose dans un champ politique qui n’a rien à voir avec celui d’Henri Guaino et d’Eric Zemmour.

Soyons clairs : si cette révélation mérite que l’on s’y arrête, ce n’est pas pour reprocher à Jean-Luc Mélenchon de déjeuner avec Henri Guaino, même grâce à la bienveillante entremise d’Eric Zemmour. Non, ce qui pose question, suscite l’interrogation et accouche de l’embarras, c’est que si l’on en croit le compte rendu du déjeuner, les deux hommes, que tout devrait opposer, se sont trouvés des points politiques communs, des convergences et des affinités de "fervents républicains".

Un ennemi commun : le PS ?

Vu ce que représente Henri Guaino, sa vie, son œuvre, cela n’est-il pas de nature à troubler d’authentiques électeurs de gauche tentés encore par le vote Mélenchon ?

Au nom de l’impératif de transparence et de l’exigence de clarté dont se réclame le candidat qui se vante de doubler Marine Le Pen, on aimerait bien savoir ce qui le lie et ce qui l’oppose à Henri Guaino. Quelles sont donc les accointances, les convergences, les ressemblances ?

Il est d’autant plus légitime, juste et naturel de poser ces questions que Jean-Luc Mélenchon donne parfois le sentiment de reprendre l’objectif thorézien du PCF des années 20 aux années 60, à savoir "plumer la volaille socialiste".

Lorsque Mélenchon déclare : "nous (le Front de gauche) serons au pouvoir avant dix ans parce que les évènements vont appeler des évènements assez tranchés pour être à la hauteur des défis", allez savoir pourquoi, on a le sentiment que son souci est d’abord et avant tout d’abattre le Parti socialiste et "la meute socdem", quitte à faire le jeu de la droite, y compris la plus conservatrice, y compris en déjeunant, entre ambiguïté et non-dit, avec ses pires meilleurs ennemis, Henri Guaino et Eric Zemmour...

Et ce n’est pas un crime contre la gauche de la gauche que de s’interroger sur le caractère éventuellement dangereux de ces liaisons.

http://leplus.nouvelobs.com/contribution/526658-melenchon-qui-dejeune-avec-guaino-les-laisons-dangereuses.html