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A qui la faute ?

20 août 2012, 19:43, par Combes 04

Même à l’extrême gauche on déplore, on condamne la destruction de biens publics. Certes ce n’est pas bien de faire ça, ces jeunes ne choisissent pas les bonnes cibles, il faut qu’ils comprennent que...
Naturellement ce discours un peu paternaliste qui excuse la colère tout en condamnant les "excés" est plus honorable que la diatribe de Mélenchon contre les "sauvageons". Si JLM était ministre de l’Intérieur il chausserait les brodequins cloutés de Chevènement ou de Vaillant.
Mais ayant lu sur Libération un petit article sur la condamnation de deux auteurs d’un grave incendie de poubelles j’ai noté que l’un d’entre eux était analphabète.

En 1871, suite à l’incendie de la bibliothèque du Louvre par des insurgés, Victor HUGO est d’abord horrifié par cette atteinte à la culture "émancipatrice" et fait aussi la leçon aux incendiaires, ces Communards qui lui font peur même s’il fut, après la victoire des Versaillais, un des rares écrivains à prendre leur défense. Mais le dernier vers du poème "L’incendie de la bibliothèque" éclaire à ses yeux ce qui s’est passé, son interlocuteur fictif avouant "je ne sais pas lire". Du coup le titre de la poésie interroge : "à qui la faute ?"
Et il ne fait guère de doute qu’aux yeux de Hugo la faute incombe aux possédants qui ont privé le peuple de l’accès à la culture. Le père Victor était plus à gauche que Mélenchon.

Les militants qui sont prompts à juste titre à dénoncer l’attitude de la police envers les jeunes des "quartiers" et à voir dans les provocations des flics l’origine des émeutes doivent aussi s’interroger sur la valeur que peuvent avoir les équipements publics aux yeux de celles et ceux qui sont exclus de tout. C’est vrai que l’agent EDF, le guichetier de la Sécurité sociale, l’enseignant, le chauffeur de bus et bien d’autres sont perçus par une partie de la population comme des agents du système oppresseur. C’est injuste. Mais pour citer à nouveau Hugo : "A qui la faute ?"