Accueil > ... > Forum 520524

Grève des pilotes d’Air France : une lutte emblématique...

24 septembre 2014, 03:11, par Turdus

Je suis d’accord avec la grève des pilotes sur le fond, celle de la délocalisation des emplois, baisse des salaires et des avantages sociaux.

Mais, parce qu’il y a un mais, les pilotes, pourtant sortis des grandes écoles, n’ont rien vu venir depuis plus de 10 ans.
Des têtes bien pensantes, et on a des noms, à AF disaient que les low-costs ne teindraient pas 2 ans, que le modèle avait atteint ses limites !! Que des visionnaires et les pilotes étaient à ce moment là en cogestion avec la direction d’AF, donc les responsables de la situation d’AF on les connait.
Qu’ont-ils fait les pilotes durant toutes ces années où les salariés ont payés et payent encore lourdement les conséquences de ce manque de réactivité face aux délocalisations et des externalisations des postes et des low costs, et plus particulièrement à AF, face aux restructurations du personnel sol, face aux grèves, comme la dernière grève du mois d’aout, du personnel de la piste à Roissy : RIEN, pas un mot, pas un geste, maintenant c’est à leur tour de connaitre les joies de la délocalisation, du low cost, des problèmes des caisses de retraite, de la baisse des avantages, et plus tard des salaires, de la précarité, etc.
Les pilotes se posent encore des questions, ils pensent qu’ils peuvent encore changer leur avenir chez AF, je tiens apporter une réponse, malheureusement c’est BEAUCOUP TROP TARD, vous pouvez prendre le problème dans tous les sens, il n’y a pas d’issue, que celle du modèle low cost et délocalisation partielle, ce n’est pas avec la direction d’AF qu’il faut entrer en conflit, mais avec le système financier qui a créé ce modèle économique, il faut attaquer les low costs sur leur social, financement, mais cela ne pourra avoir lieu, qu’au niveau de l’Europe aujourd’hui, bon courage.
Aujourd’hui, les pilotes sont touchés directement, mais la manière de faire est presque indécente vis à vis du reste des travailleurs (en général et en particulier de ceux d’AF), ils pensaient qu’ils ne seraient pas touchés. Erreur, ils étaient dans le collimateur des analystes financiers, dès le départ, mais ils étaient un point dur, donc, on le laisse pour la fin, c’est ce qu’il se passe dans toutes les entreprises, c’est, malheureusement d’un classique.
Je peux vous prédire que les salaires et le coût des pilotes ne resteront pas longtemps au niveau d’aujourd’hui, et cela dans toutes les compagnies européennes. Je suis issu du monde industriel et on connait ces problèmes de ces gros salaires et ceci dans tous les secteurs d’activités et quand un grand patron d’une multinationale, annonce devant une réunion de cadres, qu’il a "6000 ingénieurs en Europe et pour le même prix, il pourrait avoir 20 000 en Chine" et ensuite, il annonce, "devinez ce qu’il va se passer" Et bien, on a vu.
Les pilotes sont malheureusement, dans le même scénario, n’oubliez pas le coût des PN dans le cost d’un billet (hors taxes, bien sur), qui n’est pas le même, bien sûr, sur un court, moyen ou long courrier. Mais une fois que le personnel sol d’AF sera parti en 2015, hélas, je pense que d’autres plans de départ chez AF auront certainement lieu en 2015, 2016 (malheureusement on connait que trop bien les ratios CA/personnel/ bénéfices) et cela pour toutes les catégories.
Dés 2015, Je pense que les coûts des PN vont être le 2eme poste dans le cost du billet et si la gestion des vols optimise les vols, utilise les nouveaux A320 NEO en 201x ? (je ne sais pas quand ces avions vont entrer en service chez AF).
Je pense qu’à ce moment là, les coûts des PN deviendront le poste N°1 dans le cost du billet. Allez vérifier sur le Net les costs des billets chez Ryanair, Easyjet, ils sont 2 à 3 fois moins cher que ceux d’AF et ils gagnent de l’argent, une croissance de 7 à 8 %/an, regardez maintenant les chiffres d’AF.

Trop de vols AF ont lieu avec un mauvais remplissage de l’avion, il faudra un jour, diminuer ce nombre de vols incomplets, les faibles marges aujourd’hui sur la vente des billets ne permettent plus de voler avec des sièges inoccupés, sinon AF ne pourra jamais gagner un € ! AF a perdu beaucoup de part de marchés sur le court et moyen courrier face aux low costs, donc, aujourd’hui, chez AF, il y a trop d’avions sur le court et moyen courrier et par conséquent, trop de PN, le cycle infernal.
Bien sûr, que je ne cautionne pas, mais pas du tout le modèle social des low cost, mais que faire aujourd’hui quand ce modèle économique est installé partout ? Faire un produit que les low cots ne font pas, dans le domaine aérien, il n’y a plus rien a inventer, sinon un service haut de gamme de A à Z, mais on fera plus le transport de masse qu’on laissera aux low costs, je crois comprendre que c’est vers cela qu’AF va s’orienter.
Atteindre les mêmes coûts ou disparaitre. !
Que faire, face à des salaires de 80€ à 300€ des ouvriers low costs, et ceux des salaires français environ 2000€ (avec les charges) !
Que faire face à des salaires de 500 à 2000€ pour un ingénieur low cost, à des salaires français environ 5000€, j’ai même vu (en 2003) un directeur d’usine (en Hongrie) de 300 personnes à 700€/mois et sans autres avantages !
Mr de Jugniac a réduit, uniquement, sa part variable de son salaire l’année dernière, c’est un geste rare chez un patron pour le souligner, va-t-il le refaire pour les autres années, on verra ?
Quand aux pilotes, au lieu de rester sur des positions figées, ils devraient faire des propositions à la direction d’AF sur des réductions de leurs coûts, choisir des hôtels d’une catégorie inférieure, voir a éviter les découchés, diminutions de leurs frais, faire plus d’heures de vol, comment utiliser, pour la compagnie, une partie des heures hors vol en administratif ?

Ils seraient temps que les pilotes comprendre les problèmes des autres travailleurs et être solidaires des autres salariés, lors des revendications ou des grèves, ils sont, faut pas l’oublier, des salariés, nantis certes (aujourd’hui), mais salariés. Jusqu’à commencement de cette dernière grève, cela n’a pas été le cas.

Bienvenue au Club