Accueil > ... > Forum 525812

Blanc-Mesnil (93) - Quand le nouveau maire UMP expulse les syndicalistes de la Bourse du Travail

5 janvier 2015, 15:51

Thierry Meignen, nouveau maire UMP du Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis), multiplie depuis son élection des mesures brutales et antisociales. Citoyens et militants s’opposaient, jeudi, à la fermeture de la bourse du travail.

C’est l’histoire d’un «  rêve  ». L’histoire d’un maire de droite, anticommuniste primaire, qui «  libère  », selon ses propres mots, une ville gérée depuis près de 80 ans par une municipalité communiste. Dans ce conte, l’heureux endormi s’amuse depuis mars 2014 à tout casser, par idéologie et ignorance, sans réfléchir aux conséquences bien réelles. Ce songe a pour cadre la ville du Blanc-Mesnil, en Seine-Saint-Denis, où le réactionnaire Thierry Meignen, élu avec une étiquette UMP et un discours pas loin d’être bleu Marine, donne une étonnante démonstration de droite pure et dure. Pour beaucoup, tout cela ressemble surtout à un cauchemar, et c’est pour réveiller l’opinion et l’État qu’une résistance citoyenne s’organise. Jeudi 17 décembre, des centaines de manifestants se sont retrouvés devant l’hôtel de ville pour défiler de nuit, sous les drapeaux et les lampions, jusqu’à la bourse du travail locale, qu’ils espèrent sauver. «  La première décision du maire a été de supprimer la subvention de 80 000 euros accordée à cette bourse, et de mettre fin à la mise à disposition des locaux à partir du 1er janvier 2015. Les deux salariés qui s’occupaient de l’accueil, du secrétariat et de l’administration ont été licenciés sans pouvoir toucher leurs indemnités en juin, faute de moyens. Notre activité continue, grâce au travail de militants, mais on risque de se retrouver à la rue  », explique Wilfrid Cardon, secrétaire général de l’UL-CGT. Ce défilé départemental et intersyndical, le deuxième après celui de juin, était organisé alors que le maire a refusé tout dialogue avec les syndicats. «  Nous nous mobilisons tous ensemble – CGT, CFDT, FO, FSU –, car il faut absolument défendre les bourses du travail. Ce sont des lieux de repères, de proximité et d’entraide, où les salariés peuvent se défendre et exister collectivement. Il ne faut surtout pas couper ces accès à la connaissance de nos droits et renvoyer chaque individu à lui-même  », s’alarment François Cochain, secrétaire général de la FSU 93, et Nadine Roumilhac, de la branche locale FSU-SNUipp.

Le cortège, encadré par les forces de l’ordre, a égrené à chacun de ses pas toutes les actions d’un maire antisocial à sang froid. Des suppressions et diminutions de subventions dignes d’une mairie Front national se sont multipliées depuis sa prise de fonction  : les antennes locales de la Ligue des droits de l’homme, du Secours populaire français, du Mouvement pour la paix et de la Confédération nationale du logement sont mises à mal. «  Meignen déclare ne faire ni politique ni idéologie, mais il s’attaque d’abord aux travailleurs fragiles, puis aux associations et enfin à la culture  », regrette Fabien Gay, secrétaire de section du PCF et conseiller municipal, qui anime avec l’ancien maire communiste, Didier Mignot, une opposition active et engagée. Car, dans le «  rêve éveillé  » de Thierry Meignen, il y a aussi la suppression de la subvention de 1,8 million d’euros par an au Forum culturel du Blanc-Mesnil, scène reconnue nationalement pour l’excellence de son travail en termes de création et de proximité avec la population. Le nouvel édile, qui s’est vanté à de nombreuses reprises de n’avoir jamais mis les pieds au Forum, est responsable de sa mort, programmée pour la fin de l’année, après avoir fait voler en éclats la convention passée entre la ville, le département, le ministère de la Culture et la région Île-de-France. «  Il flingue tout ce qui permet de s’émanciper, de réfléchir, de penser le monde. Il fait de l’idéologie de droite très dure, et laisse 23 salariés sur le carreau, alors qu’il avait promis d’attirer l’emploi, pendant sa campagne…  » ajoute Fabien Gay.
« Chasse aux sorcières »

Aux nombreux licenciements, s’ajoute la fuite de cadres et d’agents communaux, poussés vers la sortie, en plus de la promesse de non-remplacement des départs à la retraite. «  Il y a une véritable chasse aux sorcières, du harcèlement, des rumeurs lancées et entretenues par le maire contre les ’’indésirables’’, des déclassements et de fortes pressions pour nous dégoûter et nous briser  !  », lancent deux agents. «  Il a aussi annoncé vouloir raser une partie de la cité des Tilleuls pour créer un lac et une coulée verte. Comme par hasard, c’est un quartier qui vote à gauche, et des populations fragiles qui auront du mal à se reloger au Blanc-Mesnil  », dénonce un militant. «  Il est dans l’enfumage, dans le paraître et l’éclat. Il masque son bilan avec des journées Brassens, une fête à l’occasion des 70 ans de la Libération ou encore un marché de Noël. Il ne fait que de la communication. Seul le sport d’élite l’intéresse, par exemple. Il a annoncé vouloir tout miser sur trois disciplines  : foot, tennis et judo, pour s’en faire une vitrine, mais la diversité des pratiques, ou le sport pour tous, ça ne l’intéresse pas  », dénonce Nicole Debotte, de l’office local du sport, dont la subvention a elle aussi été supprimée.

Arrivée devant la bourse du travail, la foule signe une pétition et promet de ne pas en rester là. «  On va organiser une veille citoyenne et continuer, car on est utile à la population. Énormément de boîtes sont sans syndicats. Où iront les salariés en difficulté sans cette bourse  ? Tout le monde a le droit à une défense. On monte aussi des dossiers de surendettement, des permanences d’avocats. On fait de l’entraide sociale  », argumentent Wilfrid Cardon et Denise Ollivier, ancienne présidente du conseil des prud’hommes de Bobigny, et bénévole à la Bourse du Blanc-Mesnil.

Villejuif contre son histoire. Georges Marchais a été durant 24 ans bdéputé de Villejuif. Aimé ou détesté, il fut l’une des personnalités politiques les plus marquantes de sa période, et probablement du XXe siècle. À ce titre, en 2013, la municipalité dirigée par la communiste Claudine Cordillot baptise une esplanade du nom de son ancien élu. La ville (tombée aux mains de l’UMP) et son maire Franck Le Bohellec veulent aujourd’hui débaptiser le parvis, prétextant la proximité d’une allée Georges-Mathé (médecin gaulliste et… ami de Georges Marchais) qui perturberait la distribution du courrier. Un rassemblement est prévu lundi à 18 h 30 sur le parvis en question pour protester.

http://www.humanite.fr/au-blanc-mesnil-resistance-face-une-droite-pure-et-dure-560793