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> Contre la servitude volontaire

25 mai 2005, 11:44

L’article de Michel Onfray développe son argumentation autour d’une série d’antithèses : révolution (1789) / contrerévolution, souveraineté / dépendance et servitude volontaire, laïcité / religion monothéiste , Politique / économisme libéral, jacobin / girondin etc. le non au TCE étant le fil d’ariane du premier terme, le oui du second.
Certes c’est un procédé rhétorique un peu facile, peu dialectique, dont les réferents sont excessivement liés à notre imaginaire national "franco-français". Cependant dans le débat actuel, qui est une bataille, et une bataille frontale ("classe contre classe" aurait-on dit naguère ou jadis), je dirais que c’est de "bonne guerre", et que cela se déroule avec talent et audace. Le rapport à la "technique", tel qu’un philosophe contemporain comme Bernard Stiegler (mécréance et discrédit 1. la décadence des démocraties industrielles - De la misère symbolique - La technique et le temps) a pu le développer, la question du cosmopolitisme, des migrations de masse, des interpénétrations culturelles, du droit international et de la guerre ( abordée par des historiens marxistes comme Immanuel Wallerstein ou Eric Hobsbawn, ou en France par Etienne Balibar, aussi bien que très présentes philosophiquement chez Jacques Derrida - particulièrement dans : Spectres de Marx, Politiques de l’amitié, Le monolinguisme de l’autre, Voyous, ou chez Giorgo Agamben), la réactualisation de la problématique marxienne du "Capital"( Robert Kurz/ Anselm Jappe et le groupe Krisis) sont certes - à titre de simples illustrations parmi d’autres - absentes de cet article, et plus généralement - à mon humble et très modeste connaissance de son oeuvre - des travaux de Michel Onfray. Cependant que sa praxis philosophique "populaire" et propédeutique, touchant un assez large public, la fraicheur et l’acuité de ses raisonnements, participent d’un renouveau salutaire d’un philosopher authentique ("philosopher c’est apprendre à penser par soi-même" avait écrit, je crois, le vieux Kant) "s’emparant des masses", si je puis risquer un tel énoncé.
Et donc moi aussi, je dirais "merci Michel", avec une pointe d’ironie, certes, mais aussi avec beaucoup de sincérité et d’admiration.