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Intervention turque en Syrie : la révolution politique du Rojava menacée de toute part

11 octobre 2019, 10:43, par Serge54

Quand j’entends parler du ‘’rojava’’ par notre prestitude, mes poils se hérissent, car pour qui s’intéresse à l’histoire du Moyen-Orient sait que cette appellation ‘’marketing’’ de cette région de Syrie est un non-sens, pire, une falsification de l’histoire.
Cette partie de l’histoire du Moyen-Orient commence avec la première guerre mondiale et plus particulièrement en 1916 avec les accords Sykes/Pico, deux diplomates représentant le Royaume-Uni pour le premier, la France pour le second, chargés par leur gouvernement respectif de se partager l’Empire Ottoman ayant eu la fâcheuse idée de s’allier avec l’Allemagne lors de la première guerre mondiale (pour des raisons objectives qu’il serait bien trop long d’évoquer ici).
Sans rentrer dans le détail, ces accords prévoyaient, cartes à l’appui, le dépeçage de la dépouille ottomane en 5 zones d’influence française et anglaise. Parmi celles-ci, les zones bleues et A (sur les territoires de l’actuelle Turquie, Liban, Syrie et Irak) sous administration française. Au passage, signalons également la zone brune, d’administration internationale comprenant Saint-Jean-D’acre, Haïfa et Jérusalem, mais dans les faits sous administration de la Grande-Bretagne qui aura le contrôle des ports d’Haïfa et d’Acre (mais c’est aussi une autre histoire, celle qui verra commencer le martyre des palestiniens toujours d’actualité). Cet accord fut entériné par le traité de Versailles de 1919 et les traités de Saivres et de San Remo de 1920, nonobstant quelques modifications, notamment le transfert de la partie de la zone A située dans l’actuel Irak, car l’armée anglaise occupant cette zone voulait conserver le pétrole de Mossoul et Kirkouk (de mémoire, une compensation de 20% des bénéfices d’extraction fut accordée à la France comme compensation – ils n’allaient quand même pas se faire la guerre…).
Mais revenons à nos moutons : dans la zone A, il était prévu la création d’un état arménien situé entièrement sur Turquie et d’une région autonome /état kurde lui aussi ESSENTIELLEMENT sur l’actuel Turquie et l’Irak. Pourquoi cette région autonome/état était-elle ESSENTIELLEMENT prévue sur la Turquie et l’Irak ? He bien tout simplement parce que sur le prétendu ‘’rojava’’ syrien actuel vivaient très peu de kurdes, en tout cas, beaucoup moins que les 20% qui étaient le critère pour déterminer le futur territoire kurde.
Mais ce qu’avait prévu le traité de Sèvres en 1920 (ci-après, je résume à gros traits), ne fut pas confirmé par le traité de Lausanne de 1923 qui mit fin à la guerre avec l’Empire Ottoman, devant par la même occasion la Turquie ; car entre Sèvres et Lausanne, le sultan qui avait accepté les termes du traité de Sèvre, le Sultan donc, fut renversé par Atatürk qui fit la guerre aux français, français qui ne purent pas militairement imposer à la toute jeune nation turque les termes du traité de Sèvres. Adieu Arménie dans les limites prévues à Sèvres et adieu tout court au Kurdistan… …qui ne valaient pas un mort français ou anglais que le peuple de ces pays sortant de la ‘’grande guerre’’ n’auraient d’ailleurs pas accepté ! Il n’en fut cependant pas de même pour la partie arabe des accords Sykes-Picot confirmés à San Remo (actuel Liban et Syrie pour la zone A française), où les moyens militaires nécessaires furent mis en œuvre tant par la France que par l’Angleterre, allant même jusqu’à inaugurer le bombardement aérien de villes et de leurs civils (Damas fut la première ville au monde à subir un bombardement aérien massif – et aussi, des gaz furent utilisés dans cette guerre faites aux arabes, informations que vous ne trouverez pas sur la toile…), car là, les enjeux pétroliers étaient bien trop importants.
Bref, après la défaite française face aux turcs (appelons un chat un chat) et le traité de Lausanne de 1923, il y eut un exode massif des kurdes de Turquie vers le prétendu ‘’rojava’’ syrien actuel, exode encouragé et aidé par la France qui, sans doute prise de remords envers le peuple kurde envisageait la création d’un état kurde en Syrie dont elle avait le mandat (c’est une hypothèse de ma part et pas, à ma connaissance, un fait historique établi).
Faisons un peu de politique fiction : imaginez qu’à partir de 1923, il y eut un exode massif en Belgique de français du nord persécutés par l’état français et qu’aujourd’hui, ces mêmes français, à qui nous aurions accordé la nationalité belge, demandent leur indépendance en appuyant par les armes une armée étrangère occupant illégalement cette partie de notre pays, qu’en penseriez-vous (le YPG appuie les USA dans leur guerre larvée contre l’état syrien dont il occupe illégalement une partie du territoire), ceci malgré que ce mouvement soit communisant, car quand il y a du pétrole en jeu, au diable les détails idéologiques) ?
Ce qui n’est plus de la politique fiction : 3,5 millions de Syriens, sont actuellement réfugiés dans le sud de la Turquie, principalement des opposants au gouvernement (légitime au regard du droit international, rappelons-le), Trouveriez-vous normal que dans quelques dizaines d’années, ces 3,5 millions de syriens réclament l’indépendance sur cette partie du territoire turc au prétexte qu’au contraire des turcs ils sont arabes ?
Poser ces deux questions, c’est me semble-t-il y répondre. Et pensez à la réponse que vous faites à ces deux questions quand on vous bassinera encore avec le ‘’roaja’’ des malheureux kurdes syriens…
Et je m’adresse particulièrement à mes amis communistes, ce n’est pas parce que le YPG est communisant qu’il faut approuver des menées impérialistes qui n’ont d’autres buts que de déstabiliser la Syrie ! Parce que ne nous trompons pas, derrière la compassion apparente de la ‘’communauté internationale’’, c’est bien de ça dont il s’agit…