Source :Logo de Le Canard enchaîné - NDLR : Un pognon de dingue n’est-ce pas !
mercredi 22 au mardi 28 juillet 2020
Page 8
506 mots -2 min
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LE CANARD ENCHAÎNÉ
Pôle emploi sous les charges
LE SERVICE PUBLIC chargé du placement des demandeurs d’emploi n’est que très peu financé par l’Etat. La plus grande partie (72 %) des ressources de Pôle emploi est siphonnée dans les fonds de l’Unédic, la caisse d’indemnisation des chômeurs. Celle-ci n’est autre qu’une association (loi 1901) de droit privé cogérée par les syndicats et le patronat… quand le gouvernement n’y fourre pas son nez.
C’est la Cour des comptes qui lève ce lièvre dans un rapport sur Pôle emploi publié le 16 juillet. Un peu horrifiés, les magistrats enfoncent le clou : ce hold-up de l’Etat (3,4 milliards) représente le dixième des cotisations totales engrangées par l’Unédic, c’est-à-dire des sommes versées par les salariés (et leurs entreprises) pour les sans-emploi.
Les magistrats de la Rue Cambon s’étonnent de cet es-camotage financier, mais ils affichent surtout leur incompréhension devant un autre mystère aussi impénétrable : aucun représentant de l’Unédic ne siège ès qualités au conseil d’administration de Pôle emploi. Il ne serait pourtant pas absurde que l’organisme qui paie puisse s’assurer que l’argent prélevé sur les allocs est bien utilisé.
Il l’est, en tout cas, à l’égard des employés. A en croire les magistrats, les salariés de Pôle emploi sont fort bien traités. « Pôle emploi a fait de la qualité de vie au travail l’un des axes majeurs de sa stratégie de ressources humaines », insistent-ils. Le temps de travail y est inférieur à la durée légale en raison d’une semaine supplémentaire de congés octroyée au personnel par la direction. Outre ces congés légaux, le taux d’absentéisme (8,6 %) écrase celui des salariés des boîtes privées (5,1 %). Et pour cause : chaque agent est arrêté en moyenne 13,2 jours par an en raison d’une maladie bénigne. Petite précision : ce sont ces mêmes agents qui peuvent radier un chômeur et lui sucrer son alloc pour une ardeur insuffisante dans la recherche d’un boulot.
Ces pisse-froid de la Cour éreintent aussi les 134 cadres dirigeants qui palpent en moyenne près de 10 000 euros par mois et disposent presque tous de voitures de fonction, qu’il leur est loisible d’utiliser pour leurs déplacements privés. Mieux, un accord-cadre signé en 2014 fixe le niveau de l’indemnité de rupture du contrat de travail pour ces cadres dorés sur tranche : entre 348 000 et 531 000 euros.
Les chômeurs peuvent être rassurés : le pognon prélevé sur leurs allocs est utilisé à bon escient.
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Pôle emploi sous les charges
LE SERVICE PUBLIC chargé du placement des demandeurs d’emploi n’est que très peu financé par l’Etat. La plus grande partie (72 %) des ressources de Pôle emploi est siphonnée dans les fonds de l’Unédic, la caisse d’indemnisation des chômeurs. Celle-ci n’est autre qu’une association (loi 1901) de droit privé cogérée par les syndicats et le patronat… quand le gouvernement n’y fourre pas son nez.
C’est la Cour des comptes qui lève ce lièvre dans un rapport sur Pôle emploi publié le 16 juillet. Un peu horrifiés, les magistrats enfoncent le clou : ce hold-up de l’Etat (3,4 milliards) représente le dixième des cotisations totales engrangées par l’Unédic, c’est-à-dire des sommes versées par les salariés (et leurs entreprises) pour les sans-emploi.
Les magistrats de la Rue Cambon s’étonnent de cet es-camotage financier, mais ils affichent surtout leur incompréhension devant un autre mystère aussi impénétrable : aucun représentant de l’Unédic ne siège ès qualités au conseil d’administration de Pôle emploi. Il ne serait pourtant pas absurde que l’organisme qui paie puisse s’assurer que l’argent prélevé sur les allocs est bien utilisé.
Il l’est, en tout cas, à l’égard des employés. A en croire les magistrats, les salariés de Pôle emploi sont fort bien traités. « Pôle emploi a fait de la qualité de vie au travail l’un des axes majeurs de sa stratégie de ressources humaines », insistent-ils. Le temps de travail y est inférieur à la durée légale en raison d’une semaine supplémentaire de congés octroyée au personnel par la direction. Outre ces congés légaux, le taux d’absentéisme (8,6 %) écrase celui des salariés des boîtes privées (5,1 %). Et pour cause : chaque agent est arrêté en moyenne 13,2 jours par an en raison d’une maladie bénigne. Petite précision : ce sont ces mêmes agents qui peuvent radier un chômeur et lui sucrer son alloc pour une ardeur insuffisante dans la recherche d’un boulot.
Ces pisse-froid de la Cour éreintent aussi les 134 cadres dirigeants qui palpent en moyenne près de 10 000 euros par mois et disposent presque tous de voitures de fonction, qu’il leur est loisible d’utiliser pour leurs déplacements privés. Mieux, un accord-cadre signé en 2014 fixe le niveau de l’indemnité de rupture du contrat de travail pour ces cadres dorés sur tranche : entre 348 000 et 531 000 euros.
Les chômeurs peuvent être rassurés : le pognon prélevé sur leurs allocs est utilisé à bon escient.