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> Ce qui se prépare et à quoi nous devons nous préparer (2/2)

4 juillet 2005, 00:53

Je viens de prendre connaissance de vos différents messages et j’aimerais d’abord exprimer ma gratitude à tous ceux qui ont bien voulu se donner la peine de me défendre contre cette incompréhensible manie, chez de prétendus partisans du Non (84*.232.** ; 82.***.137.** ; 84.*.152.**) de tenter à toute force de diviser notre camp et d’en détruire une homogénéité qu’ils contestent en raison de la diversité de nos origines. Si on tient mordicus à la suspicion, elle devrait plutôt se porter sur un tel parti pris qui ressemble étrangement à celui des puissances d’établissement de nier la consistance de notre vote et notre capacité à proposer une alternative cohérente.
La synthèse qui fait l’objet de leurs critiques n’est qu’une compilation abrégée de ma page « Et maintenant ? » à l’intégralité de laquelle ils s’efforcent manifestement de dissuader leurs lecteurs de se reporter, car ils y trouveraient une réponse claire à tous ces misérables procès d’intention.
J’ajoute ici que lorsque j’y défends le plan E de Jacques Généreux (n°IV de ma page), c’est très expressément dans le même esprit où il l’expose, donc sans exclure la possibilité d’une évolution de l’Europe vers un socialisme radical, pourvu qu’il corresponde à une véritable aspiration des peuples, démocratiquement exprimable, ce qui requiert, de notre part, un considérable travail d’argumentation, pour lequel ils feraient mieux de mobiliser l’énergie qu’ils gaspillent à me chercher noise. Qu’ils cessent donc de me lire, si je ne leur plais pas sous prétexte que je ne sais pas écrire (autrement qu’ « indigeste » ou « alambiqué ») ou que j’ai pu fréquenter des raffariniens qui avaient en tout cas l’avantage sur eux d’être moins sectaires et en effet sans doute plus « humanistes », au sens le plus primaire ou « naïf » qu’ils voudront.
Quant à me faire grief d’avoir commenté favorablement un article du « libéral » Maurice Allais qui reprochait à la Constitution son excès de libéralisme, il faut vraiment n’avoir aucune idée de ce que c’est qu’une argumentation a fortiori pour ne pas comprendre que quand on a la chance de trouver un économiste réputé libéral pour juger trop libéral un projet, on peut en effet lui savoir gré de nous permettre d’arguer que si même lui en juge ainsi, alors à plus forte raison le devraient d’abord ceux qui prétendent s’opposer au libéralisme !
Encore une fois, toute cette offensive me semble décidément relever plutôt d’une stratégie à la Jack Lang ou à la DSK (sur le blog de qui j’ai continué à démontrer, pour la dénoncer, l’inclusion de la directive Bolkestein dans le texte constitutionnel même après le 29 mai) que d’une authentique adhésion au Non et surtout à sa force de rassemblement. Au reste, le seul homme politique dont nos étiquetomanes pourraient aujourd’hui m’accuser de soutenir la cause, il est tout de même curieux qu’ils ne le mentionnent jamais, eux qui se targuent de m’avoir si bien lu : ce serait Laurent Fabius ! Voilà qui tendrait à me confirmer dans le soupçon que ces prétendus radicaux de gauche (à supposer qu’ils soient d’ailleurs plusieurs) appartiennent eux-mêmes à une fraction bien déterminée du PS à la cohésion duquel ils me diabolisent d’attenter alors que je ne dénonce que le comportement de sa direction et que j’en appelle en revanche à la sincérité de ses militants. Il faut croire qu’en effet, ce genre d’attaque les gêne beaucoup.
S’il s’agit au contraire de déterministes pour lesquels tel homme est un pommier, qui ne pourra jamais produire que des pommes, et la personne que je me veux, un raffarinien qui ne pourra jamais produire que des raffarineries, alors je les invite à juger l’arbre à ses fruits : eux ne travaillent qu’à notre division, moi je sais de plusieurs de mes correspondants avoir contribué à les convertir au Non. Et c’est un travail qu’il est vital de poursuivre et d’approfondir pour les combats qu’il nous reste à mener, mais sans exclusive et dans une entière confiance dans la liberté de chacun de penser, de juger, de se déterminer ou même (horresco fremens !) de changer…
Car si c’était trahir que de passer du Oui au Non après avoir lu et relu la Constitution européenne, alors comment considérer la probable demi-douzaine de millions de Français qui, ayant suivi le même chemin, ont permis le renversement de la majorité ? Si c’est trahir que, comme Fabius, préférer sa conscience à la consigne, alors vive les traîtres ! Ce sont des traîtres de cette espèce, des condamnés à mort, qui ont, dans la Résistance, construit la France Libre. Mais chacun sait qu’à l’heure de la victoire, lorsqu’elle est en même temps celle du peuple sur lui-même, ce n’est jamais parmi les plus actifs de ses artisans que se recrutent les plus virulents des épurateurs dont le sinistre cortège l’accompagne –où l’on ne sent même pas respirer l’euphorie de la Libération !

Cela étant, je ne voudrais pas conclure cette intervention sans adresser un remerciement particulièrement chaleureux à Stanislaw B. pour avoir si bien su saisir le sens de mon engagement et réussi à l’exprimer en des termes si clairs (et avec une telle bienveillance !) que j’en aurais été moi-même incapable (tant il est d’abord malaisé d’être son propre avocat).
Je n’aurai donc pas écrit en vain : c’est un réel soulagement de le vérifier sous la plume d’un lecteur qui me prouve au moins (et dans une langue dont j’envie certes la limpide simplicité) que je ne suis pas le seul à pouvoir me lire…

Thibaud de La Hosseraye