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> CUBA : RSF, CIA, Télérama, omerta

27 juin 2005, 08:25

Je veux rester courtois parce que je crois que les Internautes qui fréquentent cette liste sont des gens estimables avec qui je pourrai vibrer pour bien de justes causes qui nous réuniraient sûrement. Mais je lis ici trop d’affirmations erronées, parées du vernis de la vérité à force d’avoir été répétée par la presse asservie aux puissances d’argent
Je vous mets au défi de me citer un reportage, un article, une libre opinion parue dans la grande presse (journaux, radios, télés) ces dernières années (mis à part le Monde Diplomatique et, plus rarement, l’Humanité) qui ne soit pas suystématiquement hostile à Cuba. Quand on a lu mille fois qu’un dictateur opprime un peuple, on finit par se dire qu’il n’y a pas de fumée sans feu. Et, faute d’autres informations, on se surprend à répéter.
Ainsi, l’un dit qu’il n’y a pas d’élections à Cuba. Un autre que Castro a profité du détournement d’attention consécutif à la guerre en Irak pour arrêter des journalistes et dissidents.
Il faudrait des pages pour réfuter autant de contrevérités concentrées ci-dessus.
1) Renseignez-vous sur le système électoral cubain, vous aurez des surprises. Je vous en livre quelques-unes vite fait. Parti Unique ? Non, interdiction aux candidats d’être présentés par une organisation (même le PC), vote secret, plusieurs candidats, élu révocable par les électeurs, impossibilité d’occuper une haute fonction (même pour Fidel Castro) sans avoir d’abord été élu dans un quartier (n’est-ce pas, de Villepin ?), pas de professionnel de la politique (les députés conservent leur métier et en vivent, un ministre gagne 50 dollars par mois...). J’arrête là. Avant de me répondre, SVP, essayez d’en savoir plus sur les élections et replacez ce que vous aurez appris dans le contexte (c’est-à-dire, pensez au puissant voisin) et voyez s’ils peuvent vraiment faire mieux, en l’état.
2) Les arrestations du printemps 2003 ont eu lieu AVANT le déclenchement de la guerre en Irak, contrairement à ce que RSF a craché et à ce que la presse servile et paresseuse a répété.
3) Ce ne sont pas des "dissidents" qui ont été arrêtés, mais des "mercenaires", c’est-à-dire des citoyens qui, moyennant finances (parfois le double d’un salaire ministériel) fournissaient des renseignements à la puissance ennemi. L’un d’eux, en vérité un agent double membre de la sécurité cubaine, journaliste recruté par RSF (directement par Ménard à La Havane) a pu exhiber l’argent perçu, le passe permanent qui lui permettait d’entrer, de jour comme de nuit dans les locaux de la Mission US à La Havane (équivalent d’une ambassade). Il a raconté comment RSF lui reprochait de ne pas traiter Castro d’assassin dans ses articles de commande et comment il était interrogé sur le moral de l’armée et de la police (pouvait-il indiquer des opposants ?).
4) Les milliers de Cubains qui ont signé, avec noms et adresses la pétition Varela pour exiger une évolution politique ne sont pas inquiétés : ils ont usé d’un droit constitutionnel.
5) RSF et le chargé d’affaire US à Cuba incitent à la création "d’agence de presse indépendantes" souvent composés de quelques membres d’une famille qui reçoivent aussitôt du matériel et de l’argent (assez pour ne pas conserver un emploi, salarié et vivre bien). Quand ces indics sont mis hors d’état de nuire, RSF comptabilise les "journalistes" arrêtés.
Bref, il serait bon de pouvoir discuter de la réalité cubaine, de ses défauts, mais un minimum d’information est nécessaire, faute de quoi, c’est sur une caricature qu’on discute et là, on est sur le terrain de Ménard et de Bush.