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29 juin 2005, 12:55

Cohn-Bendit a déclaré durant la campagne référendaire sur le projet de traité constitutionnel européen, que la libéralisation du secteur de l’énergie était la seule manière de mettre un terme au nucléaire. Je travaille à EDF-GDF depuis 25 ans, je suis contre le nucléaire (pour une sortie progressive avec budget d’investissement conséquent pour la recherche (les ingénieurs maisons en ont largement les capacités) dans les énergies renouvelables, et surtout pour le traitement des déchets), mais je ne peux souscrire au discours de ce monsieur. Car il faut m’expliquer comment, en passant d’un monopole d’Etat à un oligopole privé, on arrive à cette conclusion. Les multinationales qui vont investir le champ énergétique ne le font pas par philantrophie et encore moins par souci envers les usagers. Prendre en exergue le nucléaire comme axe d’une déréglementation de tout le secteur énergétique, montre à quel point ce monsieur n’est pas si éloigné des thèses néolibérales. Lesquelles je le rassure sont en passe de réaliser son voeu le plus cher. EDF et GDF sont désormais des sociétés anonymes, certes où l’Etat est encore actionnaire majoritaire, mais tout le monde sait qu’à terme, elles seront privatisées. Les écologistes, comme Cohn-Bendit, y voient là le plus sûr moyen de contraindre les politiques à changer de... politique énergétique, car la concurrence s’en chargera ? C’est un gag, un vrai, parce qu’en la matière, les pays, donc les politiques, ne prônent pas l’arrêt du nucléaire, mais bien plutôt sa relance (Allemagne, Etats-Unis). Car si l’on veut aller au bout du raisonnement, dès lors que l’on parle de ressources énergétiques, il nous faut aussi aborder la question de nos modèles de consommation. Et là, écologistes ou pas, nous sommes bien en peine pour y répondre, parce que nous participons au tryptique surproduction = consommation = croissance. Pour la bonne bouche, ça me fait un peu rire jaune lorsque je m’aperçois que des écologistes bobos réclament à corps et à cris de l’éolien, mais surtout en dehors de la proximité de leurs zones d’habitations hein. Tant que nous ne mettrons pas en débat la question de nos modèles de production, de consommation, nous n’avancerons pas d’un caramel. Et je n’attends rien de l’espace politique actuel dont le calcul se résume à une compétition et une concurrence acharnée entre états et entre individus. Ce qui d’ailleurs a été rejeté lors du scrutin sur le projet de traité. Alors plutôt que la fin du monopole EDF (soit dit en passant, après EDF, viendra la Poste, l’éducation, la santé, la culture (ah d’jà fait) la recherche.. ce qu’en d’autres termes on appelle l’Accord général sur le commerce des services (AGCS) de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), tiens M. Cohn-Bendit que n’ouvrez vous pas un débat au Parlement européen sur cette question, elle est de taille non !), travaillons ensemble à forcer nos politiques à d’autres choix (en France, en Europe mais aussi dans le monde) pour qu’enfin s’inverse cette course folle où l’énergie, comme l’eau, ne sont considérées somme toutes que comme des variables d’ajustement économique.